mercredi 30 septembre 2009

Autres redevances.

Quelques mots sur certaines autres redevances.

- Sous les noms de cens, cotillages, poules de cens, chapons de cens, … une imposition foncière frappait la plupart des biens immeubles. Redevance assez importante au total.
Les biens fiefs n’étaient pas grevés du cens. Cens et dîme (et terrage) s’excluaient mutuellement, la dîme (et terrage) tenant lieu de cens pour les terres labourables. Le cens était proportionnel à l’étendue du bien ; la dîme à l’importance de la récolte.

- Petite redevance, droit de jouissance, 4 setiers d’avoine, pour ceux qui possédaient et utilisaient une charrue. A l’exception des hommes de fief.

- Chaque maison payait une poule (ou l’équivalent, 4 sols), dit poule de chauffage, relative au droit de se procurer du combustible dans les étendues boisées. Il y en avait 238 en 1515, 489 en 1670, 518 à la fin du siècle, environ 700 en 1759.

- Le droit d’envoyer des porcs (de fin octobre à la Chandeleur) pour la glandée dans les francs bois se payait également, d’une redevance modeste.

- Enfin, il y avait la taille, impôt personnel, payable deux fois par an, en mai et à la Saint-Remy, variable et réglable par les gens de la Justice. Elle s’est élevée parfois jusqu’à près de 300 florins chaque fois. (233 et 232 en 1670)

- Parfois, une taille spéciale, occasionnelle.

- Tonlieu. C'est un droit d'octroi, une redevance supportée par certaines denrées ou objets à leur sortie du domaine, du comté.
En 1759, le droit sur la sortie des ardoises du comté rapportait au seigneur une centaine d'écus; pour les pierres à rasoir, 40 à 50 écus. Ce droit était calculé à un onzième de la valeur de la marchandise.

- Droit d'abrocage. Ce droit frappait les bières, vins et liqueurs qui se débitaient dans les tavernes, en proportion des ventes. la moitié de la redevance payée à ce sujet était pour la Justice.

Corvées.

Il y avait aussi certaines corvées ou impôts en travail.

- Au mois de mars, tous ceux qui labourent avec charrue devaient une journée de
travail avec cheval.


- « Dedans le fenan mois », et en août et septembre, il fallait s’occuper de faner les foins du seigneur, fauche ses céréales, et de « charier dedans la place », c’est-à-dire ramener les récoltes. Au bien de Hermanmont, ferme seigneuriale, étaient ainsi « quarante crwées de chevaux… pour faire le marsage … vingt de faulx et autant de seilles » (faucille) ; ceci évidemment aussi longtemps que ces terres ont été exploitées pour le compte du château.


- Il y avait aussi l’obligation de voiturer tous les vins nécessaires à la consommation du château et venant de la région de la Moselle.


- Anciennement, les hommes redevables chaque année de deux nuits de garde au
château, « annuellement et nuyt par nuyt … deux warde sur la dite place de
forteresse pour garder et préserver de tous périls
». plus tard, certaines
veilles furent réduites en valeur d’argent.


- Les villages d’Arbrefontaine, Menil et Gernechamps étaient tenus de ramener les foins du « jument prez », un pré se trouvant sur le territoire de Lierneux. Il s’agissait de « deux charrée de four du dit Jemenpré, scavoir chargée tellement que deux beuff par devant ung char atellez et ung homme à chacune des quattres roues puissent botter sans estarge [retard] la charée… ». arrivés à destination, les transporteurs d’Arbrefontaine avaient droit à un setier de vin. Au XVIIe siècle déjà, ce foin n’était plus transporté au château, mais vendu au plus offrant.


- Le village d’Ennal avait l’obligation d’intervenir dans l’entretien du pont dit « de l’eau de la vallée » (Sous-bois) à Vielsalm.


- Enfin les sujets avaient à intervenir dans les travaux de construction et de réparation du château ; ils le firent après l’incendie de 1645, et pour l’aménagement d’une cour en 1653. après un autre incendie, vers 1720, ils refusèrent d’abord, mais furent condamnés en1733 et 1740 au transport des matériaux et à la main d’œuvre.


- Ils devaient aussi intervenir dans l’entretien des moulins et des étangs.

dimanche 27 septembre 2009

Sur l’activité professionnelle.

A. Sur la production agricole .

Sous des noms divers de dîme, terrage, droit de champart, etc., des redevances grevaient la production agricole.

Cette activité étant la principale chez les habitants, les redevances en question s'élevaient nécessairement à un montant total assez sérieux. En 1670, le produit des dîmes s'élevait, pour la recette seigneuriale, à 205 muids d'avoine et 102 de seigle; le terrage, à 19 muids 6 setiers de seigle et 4 muids 7 setiers d'avoine. Plus tard, dîme et terrage furent remis à prix d'argent.

Les dîmes se prélevaient sur les terres labourables. Elles se payaient à l'onzième gerbe ou à la trente-troisième, selon que les terres productrices étaient des biens masures ou des biens fiefs.

Le terrage ou droit de champart se prélevait à la huitième gerbe et sur les essarts. Le 28 juillet 1789, le comte réduisit le terrage à la onzième gerbe.

Au XVIIIe siècle, la pomme de terre, culture nouvelle, fut également soumise à la dîme. Le 14 juillet 1768, une transaction eut lieu à ce sujet, entre le comte Antoine et les sujets. Le seigneur admit que la dîme ne fût payée que pour l'excédent de un demi-journal de culture. Cet accord fut confirmé par des décisions ultérieures, du 4 juillet 1788 et du 12 décembre 1792 du Conseil de Luxembourg.

( AEA, Cons. de Lux., Salm. Décret du 27-11-1755 du prince Charles de LORRAINE sur la dîme des topinambours (Cfr SCHON pp.432 et 437))

cens : sur les terres cultivées.
champart: sur terres défrichées - équivalent de terrage.


B. Sur l'exploitation. des carrières.


L'exploitation des carrières (ardoises, pierres à rasoir, pierres à faux) en vue d'activité commerciale était sujette aussi à redevance.

Deux ordonnances comtales, du 15 décembre 1736 et du 30 juillet 1738, rappellent l'usage en vigueur depuis longtemps au sujet de toutes carrières établies dans le comté.

(CS1767-1741/8-12 et 203-206)


Selon les indications de ces documents, seuls les habitants du comté pouvaient user des dites carrières. Toutefois, un privilège quant à la propriété ou l'usage du fonds n'était en faveur d'aucun des sujets. Droit égal pour tous d'exploiter, moyennant paiement d'une rente prévue, mais personnelle. La propriété du fonds restait dans l'appartenance du pouvoir souverain détenu par le comte. La rente à payer était donc personnelle, due par chaque carrier. Elle s'élevait à 9 escalins par an, vers la moitié du XVIIIe siècle ; auparavant, un peu moins.

(A. FAHNE, Geshiste, I, p.39 ; et AEA, Dénombrement des fiefs 1759)

A ce moment, la propriété des carrières d'ardoises passa, peu à peu, comme on le constate par divers documents, dans les mains de certains particuliers. Désormais, la rente ne fut plus payée que par les propriétaires des carrières, mais vraisemblablement pour chacun de leurs ouvriers puisque, dans la seconde moitié du siècle, la rente annuelle en question était payée environ 80 fois.

(E. TANDEL, op. cit., IV, p. 656. - A.E .. A., Dénombrement. des fiefs, 1759, et autres documents)


C. Sur l'activité commerciale. Circulation des marchandises.

- Les modestes activités commerciales étaient aussi atteintes par une taxe professionnelle: les brasseurs (60 sols chacun en 1670), les boulangers (20 sols chacun en 1670), les revendeurs de vin et de bière (droit d'abrocage rapportant 36 florins au total en 1670), les «charliers et faiseurs d'ouvraiges de bois» (18 florins au total en 1670).

- Certaines denrées ou objets supportaient, à leur sortie du comté, un droit d'octroi appelé tonlieu. C'était le cas pour les ardoises, les pierres à rasoir, les ouvrages de bois, les pierres à faux, marchandises commercialisées.

En 1670, ce tonlieu s'élevait au total à 177 florins de 20 sols pour les ardoises, 37 pour les pierres à rasoir, 7 pour les ouvrages de bois. En 1759, calculé à 1/11 de la valeur de la marchandise, il était de une centaine d'écus pour les ardoises et 40 à 50 pour les pierres à rasoir.

Le tonlieu des foires, de 13 florins en 1670, était réduit à rien à la fin du siècle suivant. Il se calculait « au denier soixantième ». Certaines foires étaient franches, nous en parlons plus loin.

- Pour les chevaux dits «de service », on payait 4 florins,· soit pour 13 chevaux en 1670.

vendredi 25 septembre 2009

Une curiosité : l’horloge de l’église de Vielsalm.

(publié dans Reflets, le 28 septembre 1978)

Savez-vous que l’horloge de l’église de Vielsalm est d’un grand intérêt par les sujets qu’elle représente en ses cadrans ?

Le cadran principal montre les motifs suivants, se rapportant à la chasse à courre :
1 h., les chiens ;
2 h., le chevreuil ;
3 h., le cerf ;
4 h., le renard ;
5 h., le sanglier ;
6 h., la curée ;
7 h., l’église ;
8 h., le cor de chasse ;
9 h., le prêtre bénissant les équipages ;
10 h., l’amazone ;
11 h., le cavalier ;
12 h., le maître d’équipage.

Le cadran vers Grand-Halleux envisage l’histoire locale :
1 h., le Celte ;
2 h., le Romain ;
3 h., le Franc ;
4 h., saint Gengoux ;
5 h., saint Lambert ;
6 h., les armoiries de Salm ;
7 h., la vieille Salm (château) ;
8 h., la nouvelle Salm ;
9 h., la guerre des Paysans ;
10 h., un ardoisier ;
11 h., un paysan ;
12 h., le Chasseur ardennais.

Le cadran vers Rencheux présente les motifs se rapportant à la vie chrétienne :
1 h. le baptême ;
2 h., la Foi ;
3 h., l’Espérance et son symbole ;
4 h., la Charité, le cœur ardent ;
5 h., la Confirmation ;
6 h., la Pénitence ;
7 h., l’Eucharistie ( le prêtre élève le calice) ;
8 h., la Communion (le ciboire et l’hostie) ;
9 h., l’Ordre (le calice, le missel, le bonnet carré) ;
10 h., le Mariage ;
11 h., l’Extrême-onction (le prêtre fait l’onction) ;
12 h., le Ciel, la Trinité avec la croix, la colombe et le Père.

L’horloge a été repeinte et remise à neuf en juillet 1978.

Sur la transmission des biens.

A. Biens immobiliers.

Au comté de Salm, ces biens étaient de deux espèces : les biens masures, de nature roturière, et les biens fiefs. Les uns et les autres se transmettaient par vente, héritage, donation.

Les biens masures, de loin les plus nombreux, supportaient des charges supérieures à celles qui grevaient les biens fiefs. Ainsi, il supportaient, en cas d’aliénation onéreuse entre vifs, vente, engagère, un droit perçu au profit du seigneur et s’élevant au onzième de la valeur du bien ; selon l’expression employée, ce droit se calculait « au denier onzième ».

Par contre, lors de transactions relatives aux biens fiefs, le seigneur ne percevait qu’un trente-troisième de la valeur du bien. De plus, à chaque transmutation de bien fief, le nouveau propriétaire devait la moitié du rapport annuel.

Les biens fiefs paraissant effectivement être des biens affranchis par le seigneur, sans doute pour quelque service signalé ; ce privilège leur était attaché à perpétuité et la cour féodale veillait soigneusement à ce qu’il ne soit pas usurpé.

G. REMACLE n’a pas trouvé, dans les actes de la Cour de Salm depuis 1565, de ces affranchissements. Il y a lieu de penser que l’origine de cette franchise remonterait aux premiers temps du comté. Les fiefs en question se trouvaient au degré le plus bas de la hiérarchie vassalique. Ils n’assuraient à leur possesseur rien de plus qu’un droit de jouissance perpétuelle, héréditaire et aliénable, sans aucun droit de justice d’aucune seigneurie.

Le transport des biens masures relevait de la Haute Justice du comté, pour l’homologation ; celui des biens fiefs était régi par la Cour féodale.

Le terme « héritage » ou « héritaige », qui revient souvent dans les documents de l’époque, signifie, au sens large, terres possédées à titre perpétuel, quelle qu’en soit la nature juridique.

B. Biens meubles, d’une personne défunte.

Dans ce cas, le seigneur avait le doit de prendre le meilleur des biens meubles du défunt, souvent la meilleure tête de bétail ; la pièce était estimée, et l’héritier avait la faculté de la racheter au prix fixé. C’était le droit de mortemain.

En 1670, il s’élevait au total pour l’année à 231 florins de 20 pattars.
Plus tard, les difficultés inhérentes à la perception créèrent peu à peu l’usage de le percevoir en argent.

Le 17 mai 1733, les Hautes Cour et Justice du comté déclarent que ce droit de mortemain « nous ayant été remis depuis quelque temps à notre taxe, sans production d’aucun bétail ou meuble, nous la proportionnons au moiens et faculté des dits sujets décédés ».

(A.FAHNE, Cod. Dipl., p.324)


Tout à la fin de l’existence du comté, selon le rapport de J.J. MARTHOZ en 1794, le droit de mortemain était aboli.

Pour ce qui est des biens meubles des célibataires et des veufs sans enfant, le seigneur disposait du droit de histoux (ancien droit communautaire), selon lequel il héritait de tous les biens, à charge de payer les dettes des défunts et leurs funérailles. Ce droit était souvent racheté par l’un des parents du défunt.

Ainsi, un acte du 31 décembre 1748 (CS 1741-1749/477-478), comme une requête du 11 janvier 1749 (CS1741-1749/489) de Jean-Bernard OTTE, mayeur du comté de Salm, signalent qu’antérieurement et récemment sont « escheus à sa ditte Excellence par droit de histoux … les meubles et ce qui est réputé tels » provenant de la feue « demoiselle Pierret veuve de feu Paul Englebert de Vielsalm morte sans laisser hoirs procréez de son corps pour lui succédez ». Le sieur J.B. OTTE, neveu de la défunte, a offert « de paier pour le rachapt des dits meubles la somme de cinquante écus, qui fait bien la moitié de leur valeur ». Le comte gratifie le dit OTTE « de ce que la dite succession mobiliaire pouvait valoir de plus, dont par conséquent le dit Sieur Otte Mayeur poura faire son singulier proffit comme d’une chose lui donnée gracieusement ».

Autre cas. Le 8 novembre 1784, Paul PAULY lègue à son neveu Henri-Joseph COLLIN de Courtil, ses biens meubles. Étant célibataire, le dit PAULY stipule, entre autres conditions relatives à cette donation, l’obligation pour le donataire COLLIN « de donner à son Excellence le Seigneur Comte de Salm un agneau de valeur de six escalins à peu près pour reconnaissance du histoux et mortemain ».

(CS 1783-1785/441)

le 12 juillet 1788, le comte Charles-Joseph abolit cette redevance pour les curés de son comté, à condition de les voir payer, chaque année le 25 juin, une petite redevance précisée.

(AEA, Cons. de Lux., Salm)

jeudi 24 septembre 2009

Droit de chasse et de pêche.

Le record de 1481 déclare « que la chasse du Seigneur est a sa volonté de toute manière », mais les masuiers peuvent aller chasser « au renard, vescheux, mardres, et singulés ».

Le comte tenait beaucoup à l'usage exclusif de ce droit. Il le rappelle à plusieurs reprises.

Particulièrement, le 15 octobre 1750, le comte Charles-Antoine édicte de Vienne une ordonnance spéciale à ce sujet. Il y remarque d'abord le fait « que quantité de sujets de notre comté de Salm tant emploiés que particuliers se présument de chasser et pêcher... de leur pure et propre authorité, et à leur bon plaisir, et par là détruisants toute sorte de gibiers et poissons ». Il défend ensuite « très sérieusement à tous et un chacun de quelle condition et qualité qu'ils soient de chasser à l'avenir ou faire chasser, pêcher ou faire pêcher ... sans notre permission ou celle de notre grand baillif bien expresse ».

Il ordonne « à tous forestiers, sergeans, et autres emploiés de veiller exactement à l’observation de cette ». Il ordonne également aux « particuliers et emploiés » qui « pour tant mieux seconder leux excès sont munis des chiens d’arrêt et courans », qu’ « ils auront à s’en défaire … à peine qu’il sera agi à leurs charges, et que leurs chiens trouvés ou rencontrés seront saisis ou tués ; il est de même ordonné à tous et un chacun qui ont chiens mâtins de leurs mettre des billons d’un pié et demi de longueur ».

(CS 1749-1753/195)

pour ce qui est de la pêche, le comte se réservait la pêche dans le Glain, dénommé d’ailleurs « eau bannale » ; mais dans les plus petits ruisseaux, sans les mettre à sec, les sujets pouvaient prendre poissons pour leur consommation mais non pour la vente.
La transaction de 1752 confirma ces dispositions.
Plus tard, la chasse et la pêche furent exploités en location et selon hausse.

Le haut-officier.

Les archives que nous avons consultées montrent, qu'en la deuxième moitié du XVIe siècle, le comte de Salm ne réside plus dans son comté, mais qu'il se fait remplacer par un haut-officier, dont les fonctions sont rémunérées par des appointements.

FAHNE signale que le comte Werner est né à Salm le 17 août 1545.

Toutefois, de tous nos comtes de la famille de REIFFERSCHEID, aucun n'est enterré à Salm, ni leur épouse sauf, à en croire FAHNE, l'épouse de Jean VI, Irmgard de WEVELINGHOVEN, décédée en 1474. La présence d'un haut-officier à Salm serait donc déjà réelle au début du XVIe siècle ou fin du XVe.

Avec le receveur, dont la dénomination indique suffisamment la fonction, le haut-officier avait la haute main sur toute l'administration civile et financière du comté.

Voici les noms des hauts-officiers que nous avons relevés :

- Jean von INGENHEIM, désigné le 26 octobre 1486 par l’archevêque de Trèves à qui le comté était engagé à ce moment.

- « Renier de polich » cité en 1548 à un record.

- « Guillaume del dick, seigneur de froidcourt », signalé en 1560 comme ayant été haut-officier un peu auparavant. Il était arrière-petit-fils de Jean VII de REIFFERSCHEID et d'une fille de Salm. Est enterré à La Gleize.

- Pierre BENDRUM, cité en 1565 et 1571. A exercé également les fonctions de receveur.

- Jean BIEVER, époux de Elsquinne (Elisabeth) FERBERIN. Cité en 1599 comme haut-officier et receveur. Habitait Vielsalm où sa maison fut brûlée par les Hollandais en 1636.

- Nicolas NIDRUM. Cité en 1607 et 1611 comme officier et receveur. Originaire du pays de Thommen.

- Balthazar «d'Elven ». Cité comme officier en 1620 et 1629.

- Gérard d'EYSDEN. Cité comme haut-officier le 5 mars 1641 et encore en 1652. Signalé également comme receveur le 6 février 1638. Epoux de Marie-Catherine HESTERMAN.

- Guillaume HALL. Epoux d'Agnès DEMERADT. Décédé le 27 janvier 1694. Voici l'acte de son décès: « Le 27 est décédé le Sr Wilheme Hal en son vivant officier du comté de Salme». Il est cité comme haut-officier, déjà le 7 décembre 1655 et jusqu'à son décès. Agnès, épouse de Guillaume HALL, décédée le 8 janvier 1664.

- Henri WIROTTE, ou WIROTIUS. Epoux de Anne Jacques SCHLONCK. Est décédé le 4 janvier 1732. Voici l'acte de son décès: « Le 4 est décédé le Sr Henry Wirotius jadis officier et admodiateur de ce comté ». Il est originaire de Priesmont et fils de Mathieu WIROTTE, prévôt du comté. Henri WIROTTE est signalé comme haut-officier en mai 1699 et jusqu'à 1715. Il a rempli également les fonctions de receveur.

- Eric-Adolphe FOCCART. Né le 19 décembre 1655. Fils de Jacques FOCCART, maître des gardes au château de Salm, et de Jeanne RUTH. Cette dernière est sœur de Jean RUTH, greffier de la Cour de Salm à ce moment. L'enfant eut comme parrain Jean RUTH, greffier, et il reçut le prénom du comte Eric-Adolphe, alors comte de Salm. Eric-Adolphe FOCCART épousa Hélène RAYMUNDI (née le 8-10-1659), de Vielsalm, petite-fille par sa mère Anne PIERRE ou PIERRET, de Jean PIERRE mayeur de Laloux puis receveur du comté. Il avait épousé en secondes noces, Marie-Catherine CANNART, veuve d’Antoine HORMAN, en son vivant officier de Brandebourg. Voici l'acte de son décès, le 25 août 1726 : « Le 25 août est décédé le Sr Erich Adolphe Foccart, offr. de ce comté de Salme ». Il est cité comme haut-officier en 1715 et à son décès.

- Eric-Adolphe RUTH. Né le 9 janvier 1693. Fils de Gérard RUTH, greffier de la Cour de Salm, et de Marie-Gertrude, fille de Guillaume HALL haut-officier. Filleul de Eric-Adolphe FOCCART précité. Il épousa, le 24 septembre 1738, à Vielsalm, Marguerite HONVELEZ († 31-1-1753), née le 17 mai 1703, à Vielsalm, petite-fille par sa mère Lucie WIROTTE de Mathieu WIROTTE prévôt du comté de Salm, et sœur de Gérard HONVELEZ, greffier de Salm ; Lucie WIROTTE est également la mère, d'un premier mariage, du jésuite et historien Jean BERTHOLET.
Eric-Adolphe RUTH est décédé le 2 mars 1762. Voici l'acte de son décès: « 2da obiit Dnus erich adolphus ruth ex vielsalm stapa comitatus Salmensis ».
Il est cité comme haut-officier le 29 novembre 1726 et jusqu'à son décès, donc pendant trente-cinq ans. Il est signalé également comme échevin en 1719 et 1720 ; comme receveur en 1726 et 1731 ; comme prévôt de 1745 à 1762. Habitait la maison devenue l'école Saint-Joseph à Vielsalm.

- Jean-Pierre KESLER. Est cité comme haut-officier le 1 octobre 1765 et le 12 septembre 1768. Originaire de Saint-Vith, mais résidait déjà au pays de Salm avant d'exercer les charges de haut-officier, puisqu'il est signalé comme procureur d'office en 1754 et 1759.

- François-Louis BAUJOZ. N'est pas originaire du pays de Salm. Epousa, le 1 mai 1760, à Vielsalm, Marie-Joseph HENNUY, de la paroisse de Bihain, fille de Jean-Guillaume HENNUY, receveur du comté de Salm. Il est cité comme haut-officier le 23 juillet 1771 et jusqu'à son décès, le 12 septembre 1779. Voici l'acte de son décès, à Vielsalm : « le 12 a deux heures et demi du matin est décédé Mons. François Louis Baujoz de Vielsalm juge des domaines de Sa Maj. haut officier du comté. L. Martiny, curé de Salm ».
Sa pierre tombale, armoriée, a été retrouvée en 1953 lors de la reconstruction de l’église actuelle de Vielsalm.

- de GRABLER. Cité comme haut-officier le 7 septembre 1782. Il n'était plus en fonction à la fin de 1782. En mai 1782, ses biens avaient été hypothéqués en faveur du comte Sigismond.

- Charles-Denis-Chrétien BAUJOZ. Originaire de Malines. Fils de Denis-François BAUJOZ, avocat au Grand Conseil de Malines. Il épousa, le 11 juin 1793, à Vielsalm, Jeanne-Elisabeth LAMBERTY (16-10-1776 -16-2- 1801), fille de Jean-Christophe LAMBERTY de Vielsalm et prévôt du comté.
Il était licencié es lois et lui-même avocat au Grand Conseil de Malines. Est signalé comme haut-officier en 1790 et 1794. A exercé également les fonctions de receveur jusqu'à octobre 1794. Entre le décès de François­Louis BAUJOZ et la désignation de Charles-Denis-Chrétien BAUJOZ comme haut-officier, le père de ce dernier a exercé les fonctions de Grand baillif et administrateur plénipotentiaire du comté de Salm, depuis le 13 septembre 1783.

- Jean-Jacques MARTHOZ. Originaire de Harzé-Aywaille. Notaire à Vielsalm. Epoux de Barbe SOLIVAUX. Cité comme haut-officier en 1794, 1795 et jusqu'à la fin du comté de Salm. Décédé à Aix-la-Chapelle le 11 août 1811 à 58 ans.


Ndlr:

Publié avec les corrections et ajouts de G. REMACLE.

mercredi 23 septembre 2009

Droit de collation des cures.

On appelait autrefois bénéfice une chapelle, ou un autel créé en l'honneur d'un ou plusieurs saints, avec affectation de revenus plus ou moins considérables, à charge de célébrer un certain nombre de messes ou d'offices annuels. Le collateur ou patron était celui qui avait le droit de conférer le bénéfice, de choisir le recteur et de le présenter à l'approbation de l'archidiacre qui l'instituait canoniquement.

Le comte de Salm avait droit de collation à plusieurs cures et vicairies :

- de Salm, vraisemblablement depuis les premiers temps du comté de même nom. On ne sait comment ce droit était venu au comte, la paroisse de Salm étant antérieure au comté.

- de Beho, en 1716 déjà et peut-être un peu auparavant.

D. GUILLEAUME, op. cit., p. 86, et A.E.L., Stav.·My, La date de 1712, qui est celle de la restauration de l'église de Beho, ainsi que les armoiries de Salm, figurent dans la pierre au-dessus de la porte d’entrée.


- de Bovigny, depuis 1717, après le transfert officiel à Bovigny du siège curial de l'ancienne paroisse de Saint-Martin, et du fait que le comte de Salm était propriétaire du sol.

Ce transfert ne fut reconnu par l'autorité diocésaine qu'à la suite de la visite archidiaconale du 7 juillet 1716, et d'une demande du 2 juin 1717 adressée à l'évêque de Liège par les paroissiens. Avant ces dates, la cure de St-Martin était à la collation de l'abbé de Stavelot.

(D. GUILLEAUME, op. cit., p. 132, et L. et P.F. LOMRY, op. cit., pp. 135-138)

Auparavant, la chapelle de Bovigny, qui existait probablement dès lé XV· siècle, était déjà à la collation du seigneur de Salm.

- d'Arbrefontaine, depuis l'érection de la chapellenie du lieu en paroisse au début du XVIIe siècle.

(D. GUILLEAUME, pp. 46-49. - A.E.L., Stav.-My, 1/420 et 1/309)

Ce passage de chapellenie à paroisse a donné lieu, à partir de 1547, à diverses contestations entre l'abbaye de Stavelot et le comte de Salm. Elles durèrent trois quarts de siècle. Le comte finit par détenir seul le droit de collation, une sentence du Conseil de Malines en 1635 ayant tranché la contestation en faveur du comte.

- de Gouvy. Au XVIIIe siècle, le droit de collation de cette cure était alternativement partagé entre le prieur de Houffalize et le comte de Salm.

- le vicariat des Halleux, depuis sa fondation au XVe siècle.

Le droit de justice.

Le seigneur haut justicier exerçait la justice haute, moyenne et basse, c'est-à-dire qu'il a le droit de connaître en matière civile de toutes les causes réelles, personnelles et mixtes, soit entre sujets, soit entre lui et ses sujets. En matière criminelle, il a le droit et puissance de glaive sur eux, c'est-à-dire le droit de connaître de tous cas criminels, à l'exception des cas royaux, tels que crime de lèse-majesté, fausse monnaie, etc.

« Luy appertiennent aussi les confiscations ès cas esquelz icelles eschéant, ensemble les amendes surpassans six florins d'or.

D'avoir pour signe et marque de haulte justice un gibet qu'il doibt ériger au district de la haulte justice en lieu à ce propre ».


(Art. 5 et 6, Livre IV des Coutumes du Luxembourg)

La moyenne justice.

« Le seigneur moien a... droit de cognoistre de toutes actions personeles procédans d'obligation, dépost, prest, ou autres semblables contractz, aussi de batture, injures et blessures à sang, n'importans chastoy corporel, et a ledit seigneur les amendes qui en proviennent n'exédans six florins d'or ».


(Art. 38, Titre IV des Cout. Lux.)

La basse justice.

Appelée en quelques endroits justice foncière. « Le seigneur bas justicier... a pouvoir et authorité de cognoistre des actions dont les amendes ne peuvent excéder sept solz et demy ... ».

(Art. 42, Titre IV, Coutumes)

« Le dit bas justicier a aussi cognoissance de droit de rachapt de gaigères et reprinses qui se font sur héritages par ceux à ce commiz, et à raison desquelles l'amende n'excède lesdits sept solz et demy, des dommages faits ès bois et fruicts, de forcharouage, de fond et de roye, de transports et œuvres de loy par vestures et dévestures, comme il peut aussi planter et relever les bornes, lever le droit de morte-main où il eschet, apprécier et subhaster les gaiges pour debtes personeles, liquidées et cognues, adjuger et tauxer les amendes de ceux qui ne livrent leurs rentes aux jours et termes accoustumez ès lieux où il y a peine pour ce cominée d'ancienneté, et de toutes autres actions concernans bien immeubles, ensemble le règlement d'iceux ».


(Art. 43, Coutumes)


D'après « Répertoire de Guyot et dictionnaire de Ferrières », cité par TANDEL, I, ad. et corr., et d'après les Coutumes générales du Duché de Luxembourg dont la rédaction, déjà ordonnée en 1531 par Charles-Quint, eut lieu en 1623.

Les francs bois.

D’importantes étendues boisées ont fait partie, du moins à partir d'une époque qu'il n'est pas possible de déterminer, de la réserve seigneuriale, dont disposait à volonté le comte de Salm : Tinseubois, Thier d’arsy, Neurheid, Bonalfa, Bois de Cierreux, Fa de Glain, Mayhon, Ponçay, Hez d'Outrimont, La Heid, Grand-Sart, Crewy, Forsinfa, Grand-Bois, Bois de Ronce, Hodinfosse.

Probablement, en des temps anciens, ces biens avaient été propriété communautaire, puis devenus absorbés au bénéfice d’un seigneur.
(ROUPNEL)

C’est en Neurheid, Hodinfosse et Blanchefontaine que le monastère de Stavelot avait le droit d’envoyer, à la Saint-Jean, 15 hommes (cognées) et 15 chars pour y couper du bois.
(A.E.L. Stav.-My, Record du 13 juillet 1556)

La plupart de ces étendues étaient devenues de peu de valeur déjà au XVIe siècle, ainsi qu'il résulte de documents relatifs à un procès à leur sujet intenté devant le Conseil de Malines à ce moment. Ils signalent comme dévastés par les sujets du comté qui y faisaient des coupes abusives, les bois Mayhon, Grand-Sart, Alhau, Ponçay, Hez d'Outrimont.

(A.G.R., Conseil de Malines, et A.E.A., Cons. de Lux.)

Trois étendues boisées ont particulièrement fait l'objet de débats considérables entre le seigneur et ses sujets, et il faut bien en parler un peu longuement ici; il s'agit des bois de Hodinfosse, de Ronce et Grand-Bois.

De tout temps, rappelait le 22 ventôse an VI, le Conseil municipal du canton de Vielsalm, les communautés villageoises du comté de Salm en avaient profité. Cet usage était réglé toutefois par la surveillance d'agents forestiers désignés par le seigneur et afin d'assurer une exploitation judicieuse.

D'après FAHNE le comte concédait à d'autres, moyennant redevance, des droits analogues à ceux de ses sujets. Ainsi, à l'abbaye de Stavelot. C'était là une source incessante de débats entre le comte et ses sujets; ceux-ci soutenaient qu'il ne leur restait pas assez de bois pour leurs besoins, envahissaient les francs bois et s'y conduisaient en maîtres. Déjà, en 1553, était intervenue entre le comte Jean et ses sujets une transaction, mais les griefs renaissaient toujours.


Dès le début du dix-huitième siècle, les difficultés sérieuses surgirent quant à cet usage, devenu abusif aux yeux de l'autorité.

Par une ordonnance spéciale du 1 octobre 1731, le comte François­ Guillaume déclarait: « il s'est fait des foulles très considérables tant de nuit que de jour dans nos propres bois et dans ceux où nos sujets ont leurs aisances». Aussi l'ordonnance se proposait-elle de remédier à ce défectueux état de choses.

Une autre ordonnance, du 15 décembre 1736, revint encore sur le même sujet, reprochant notamment aux justiciers une modération telle que les « mesusans» s'en trouvaient encouragés.

Devant ces abus, le comte avait fait davantage déjà. Par requête du 13 février 1730, il intenta contre ses sujets un procès par devant le Conseil provincial de Luxembourg.

L'affaire fut même évoquée au Grand Conseil de Malines, par sentence du 28 septembre 1744. Les sujets n'eurent pas gain de cause, puisque le 20 août 1752, ils proposèrent une transaction, ainsi que sur d'autres différends. Elle fut acceptée. Il fut dès lors admis que les deux tiers des coupes dans les dits bois seraient pour les sujets, l'autre tiers pour le comte.

Toutefois, les bois restaient indivis.

Sans doute, d'autres difficultés encore se firent jour. Car, le 26 janvier 1784, le comte Charles introduisit une nouvelle requête près le Conseil provincial. Celle-ci amena une sentence le 27 janvier 1786. La nature de celle-ci fait penser à un usage exagéré de la part de certains villages au détriment des autres usagers et du comte.

Voici l'essentiel de cet arrêt de 1786:

«Entre Messire Charles ancien comte de Salm et Reifferscheid suppliant par requête du vingt sixième janvier mil sept cent quatre vingt quatre.

Les communs habitants de Vieil Salm, Gouvy, Rencheux, Bech, et Tailly, Le Menil, la Comté, Grand Halleux, petit Halleux et Mont petite Halleux, Ennal, Hourt, Dairomont, et Quartier, Becharpré, Arbrefontaine, Gernechamps, Rogery, Bovigny et Longchamps, Honvelez, Petithier et Blanchefontaine, Ville du bois, Tigonville, Farnière, Goronne, Salmchateau, Ciereux, Courtil, Rettigny, Commanster, Burthonville, La Neuville, Mont le Soye, et Priesmont, la veuve Hubert Cuvelier de Hermamont, Anne veuve Jonius et la veuve Leonard Neisen de Beho, Nicolas Colles, Michel Reuland et Jacques Zanen ces trois derniers de Holdange, tous justiciables du Comté de Salm ajournés.

Vu la déclaration du Conseiller procureur général de sa Majesté servie ensuite du recès du quatrieme de ce mois et ouï le rapport du Commissaire.

Les President, etc., decretans le consentement des ajournés à la réserve des communs habitans des villages dé La Comté, Goronne, Courtil, Commanster, Burthonville, du hameau de Hermamont, d'Anne veuve Jonius et de la veuve Leonard Neisen de Beho et faisant droit à l'égard de ces derniers déclarent qu'à l'intervention d'experts, dont parties conviendront, sinon à dénommer d'office et après serment prêté par iceux entre les mains du Commissaire de la cause, il sera procédé, aux frais du suppliant pour un tiers et des ajournés pour les deux autres tiers pardevant le susdit commissaire, au partage et division des bois nommés Ronze, Hodinfosse et le Grand bois, pour un tiers en être suivi au suppliant et les deux autres aux ajournés, à quel effet parties produiront au verbal du même commissaire une carte figurative et géométrique des dits bois, en laquelle sera indiquée la situation des villages, hameau ou habitations des ajournés ... ».


(CP. Lx./1703a.)

Les parties en cause s'empressèrent de procéder, en vue de la subdivision, à l'expertise, l'arpentage et I'estimation des trois bois. Travail assez considérable. Les experts (Nicolas CHOFFRAY, mayeur de Cherain ; Jean-François De La TOUR, mayeur de Lintz; Joseph LIARD, forestier des bois domaniaux du comté de La Roche) remirent leur rapport le 5 novembre 1788 et le 27 juillet 1789 à la Cour de Justice de Salm.
(Plusieurs documents aux registres CS, 1788-1789 et 1789-1791)

Par son décret du 27 février 1790, le Conseil provincial homologua les arrangements effectués et confirma sa sentence du 27 janvier 1786.

Enfin, le 10 février 1792, un acte passé devant le notaire MARTHOZ, de Vielsalm, réglait les parts de chaque communauté dans les deux tiers des bois, tenant compte du partage subdivisionnel opéré et « pris égard au nombre des inhabitans ou feux, à la proscimation la plus avantageuse et à ce qu'il étoit impossible d'établir la balance juste sans le moien d'un retour en argent » ; les délégués des communautés établissaient le montant et le règlement des soultes à payer.

A la suite de cet arrangement, la part des diverses communautés s'établissait comme suit, en journaux de cent verges carrées, la verge de seize pieds :

- dans le Grand-Bois:

Rogery, 214,83 ;
Cierreux, 85,04 ;
Bèche, 102,94 ;
Commanster, 165,59;
Salmchâteau, 286,44;
Rencheux, 228,36;
Vielsalm, Priesmont et Hermanmont, 452,04 ;
Neuville, 290,92 ;
Ville-du-Bois, 425,19 ;
Burtonville, 111,89;
Ennal, Tijonville et Mont-le-Soie, 237,21;
Hourt, 116,36;
Grand-Halleux, 196,93;
Mont, Petit-Halleux, Farnières, Becharprez, Dairomont et Quartier, 487, 85 ;
Petit-Thier et Blanchefontaine, 313,30;


soit un total de 3 814,75 journaux ou environ 850 hectares.

- dans le bois de Ronce:

Honvelez, 66,60 ;
Bovigny et Longchamps, 217,56 ;
Courtil, 150,96 ;
Halconreux, 57,72 ;
Gouvy, Beho, Huldange, 217,56 ;
La Comté, 57,72 ;
Goronne, 195,36 ;
Arbrefontaine, Menil et Gernechamps, 462,45;
Rettigny, 48,84;


soit un total de 1 475 journaux ou environ 328 hectares.

- dans le bois de Hodinfosse:

Mont, Petit-Halleux, Farnières Bécharprez, Dairomont et Quartier, 164,8625 ;
Grand-Halleux, Ennal, Mont-le­Soie, Hourt, Tijonville, 186,0375 ;
Goronne, 66,55 ;
Petit-Thier et Blanchefontaine, 105,875 ;
Ville-du-Bois, 143,6875;
Burtonville, 78125 ;
Neuville, 98,3125;
Vielsalm, Priesmont et Hermanmont, 152,7625 ;
Rencheux, 77,1325 ;
La Comté, 77,1325 (?) ;
Salmchâteau, 96,80 ;
Bèche, 34,7875 ;
Cierreux, 28,7375 ;
Commanster, 55,9625 ;
Gouvy, Beho et Huldange, 74,1125 ;
Honvelez, Bovigny, Longchamps, Courtil, Halconreux et Rogery, 240,0875 ;
Arbrefontaine, Menil et Gernechamps, 157,30 ;

soit environ 375 hectares.

Le total des soultes à régler entre les communautés s'élevait à .4.080 écus, 2 escalins, 2 sols, 6 liards.

Le comte, lui, avait accepté, quant à leur situation et leur valeur, les parts que les usagers lui avaient assignées, soit un tiers dans chacun des trois bois.

Où se situaient ces parts seigneuriales ? Dans le Grand-Bois : à l'extrémité sud vers Commanster, coupée par le chemin de Vielsalm à Commanster, de 399 hectares 15 ares; en Ronce: au nord de Honvelez, jusqu'à La Ronce; en Hodinfosse: à partir du Glain et vers Farnières.

Le comte réduisait le droit de champart ou terrage de la huitième gerbe à l'onzième (c'est-à-dire sur les sartages échus aux communautés). Il continuait de permettre le droit de pâturage et de passage sur ses parts, mais non le droit de paccage (pour les porcs).

A remarquer que les parties humides de ces bois et peu propres au boisement mais favorables aux végétations herbeuses (telles, dans le Grand-Bois, à Vîfsâm, Les Cottales, Louxibou) avaient depuis longtemps, certaines depuis plusieurs siècles, fait l'objet d'appropriations privées. probablement sous forme d'accenssements concédés par le comte. Il en subsiste encore actuellement des restes sous forme de parcelles non possédées par l'Etat.


Dès le début du régime français, les anciennes communautés du comté tentèrent d'entrer en possession de la part qui était revenue au comte. Le Conseil municipal du canton de Vielsalm, en sa séance du 22 ventôse an VI, prit des mesures en conséquence, se basant sur « les articles 1 et 2 de la loi du 28 août 1792 qui établit les communes et les citoyens dans les propriétés et les droits dont ils ont été dépouillés par l'effet de la puissance féodale ». Toutefois, cette part, qui avait été séquestrée par la République française, resta propriété de l'Etat et fut vendue comme telle plus tard par le gouvernement du royaume des Pays-Bas (23).

La Révolution française confisqua les parts seigneuriales des bois de Ronce, Hodinfosse et Grand-Bois, ainsi que les étendues complètes des autres francs bois. Sous le régime du Grand-Duché de Luxembourg, les Syndicats d'amortissement en effectuèrent la vente dont on connaît les résultats suivants:

Hodinfosse, 193.25 ha., vendu à J.F. OTTE, de Vielsalm, pour 8 000 florins ;
Hez dOutrimont, 50.26 ha., à OTTE et Mathieu BEAUPAIN, de Cierreux, pour 850 florins ;
Crewy, 16 ha., à J.F. OTTE, 6 000 fl. ;
Bois de Cierreux, 70.73 ha., à M. BEAUPAIN, 9 900 fl. ;
Ronce, 206,12 ha., OTTE et BEAUPAIN, 7 100 fI.;
Grand-Bois, 399,25 ha., OTTE, 24 400 fl. ;
Tinceubois, 160,50 ha., à J. LIBERT, de Dieupart, 47 000 fl. ;
Thier d'arsy, 60,58 ha., BEAUPAIN, 6 000 fl. ;
La Haye, 240.81 ha. P. DAVID, de Stavelot, 50 000 fl. ;
Forsinfa, 101,31 ha. BEAUPAIN, 11 500 fl. ;
Bois des Carrières, 36 ha., à MASSON, 1 000 fl.;
Banalfat, 51,11 ha., à SIMONY (1/2), LAMBERTY (1/4), JACQUES P.-J. (1/4), pour 8 200 fl. ;


(TANDEL, Les communes luxembourgeoises, p.204; WAUTHOZ, Si la forêt de Chiny m'était contée, pp.257-258; et autres documents)


Malgré tout l'intérêt porté aux bois en question, ceux-ci ne constituaient pourtant plus les belles forêts d'autrefois qui avaient fait l'orgueil du pays de Salm, et sur lesquelles s'était extasié le délégué du comte de Salm à la moitié du dix-huitième siècle.

Déjà le rapport d'expertise de 1788 y mentionne des étendues assez considérables de «vuids» (vides).

Ce fut pis encore sous le régime français. Dans un mémoire du 11 juin 1809 établi en vue du reboisement, le Conservateur des Eaux et Forêts pour le département de l'Ourthe notait :

« Autrefois la commune de Vielsalm étoit une des plus riches en propriétés forestères ; d'immenses futayes de hêtres lui appartenaient ; aujourd'huy ce ne sont que de tristes débris ; ... il y a quelques jours encore je les ai parcourues et l'on ne peut s'empêcher de gémir sur les erreurs d'une population qui a exécuté, de ses propres mains, les ressources précieuses que la nature lui avoient prodiguées. Emportés par délire et par la malveillance, des habitans de Vielsalm s'imaginèrent que le gouvernement français s'empareroit de leurs bois. Cette idée suffit pour en consommer la destruction. Maintenant revenus à des notions plus saines, les administrateurs locaux désirent qu'on entreprenne des travaux de repeuplement. C'est ce qui fait l'objet de ce mémoire ».


(A.E.L. F.F./1895)

A travers les délibérations du Conseil communal de Vielsalm, au cours du dix-neuvième siècle, l'exploitation de ces bois apparaît assez peu lucrative. Il n'est· pas trop étonnant, qu'afin de subvenir à bien des dépenses, de construction d'écoles notamment, on ait fini par effectuer des ventes à divers moments.

- Les parts dans le Grand-Bois (438 ha. 15) des localités de la commune de Vielsalm furent vendues en juillet 1867 à M. de WULFF, de Bruges (vente approuvée par le Conseil communal du 29 juillet 1867).

Le produit de cette vente s'éleva à 151 500 F. à répartir comme suit entre les sections de la commune:

Burtonville, 6 893,60 ;
Bèche, 7 303,78 ;
Neuville, 23 203,41 ;
Rencheux, 19 978 ;
Salmchâteau, 21 797,34 ;
Vielsalm, 44 844,44 ;
Ville-du-Bois, 27 479,43.


Le 30 mars 1864, les parts des localités de la commune de Grand-Halleux dans le même Grand-Bois, environ 220 ha., furent également vendues, à M. D’HAENENS, d’Anvers, pour 101 400 F.
(Not. JACQUES)

L’Etat belge a racheté le tout en 1897 et 1898 ainsi que, dans les années ultérieures, différentes parcelles dont l’ancienne part comtale.
La part de Vielsalm, le 19 juillet 1897, pour 300 000 F.
(Not. DOUNY, Vielsalm)
La part de Grand-Halleux, le 5 octobre 1897, pour 123 000 F.
(Not. JACQUES)

Les parts dans le bois de Ronce et de Hodinfosse, des localités de La Comté, Burtonville, Bèche, Neuville, Salmchâteau et Ville-du-Bois furent également vendues, le 6 juin 1870, pour 45 410 F.

Dans ces anciennes propriétés collectives, la commune de Vielsalm ne possède plus actuellement [1968] que 65 ha. Environ, des sections de Vielsalm et Rencheux, dans le bois de Hodinfosse.

Et, singulier destin des choses ! Aujourd’hui, la plus grande partie de ces anciennes forêts, le Grand-Bois notamment, s’est reconstituée plus que jamais unifiée et soustraite à l’usage des populations environnantes.

Ndlr:

Publié avec les corrections et compléments de G.REMACLE.

mardi 22 septembre 2009

L’ église de Vielsalm.

(publié le 14 septembre 1978)

Plusieurs édifices successifs au même endroit ont servi d’église à Vielsalm. Combien et de quelle durée, on ne sait.
À cet égard il faut regretter qu’en 1953, lors de la démolition de l’édifice, des fouilles n’aient pas été entreprises pour découvrir des vestiges des bâtiments antérieurs.

Après plusieurs autres, une reconstruction de l’église doit avoir eu lieu au début du XVIe siècle.

Deux siècles plus tard, le bâtiment était en fort mauvais état.
En 1715, le comte de Salm fit procéder à sa réédification complète, et il accorda pour ce travail un subside important ; les paroissiens, eux, fournirent beaucoup de main d’œuvre et de voiturages.
En 1877, on reconstruisit la tour, en agrandissant un peu l’édifice ; celui-ci a été remplacé complètement en 1953.





Le 10 mai 1940, à 6 h. du matin, une mine de 1 950 kg. de poudre, placée par l’armée belge au pied de la tour de l’église, explosait ; elle provoqua de très graves dégâts à l’édifice. Le lendemain, l’armée allemande, aux fins de combler l’excavation de la route, fit s’effondrer la tour.

Fin 1944, le retour offensif de la bataille des Ardennes acheva de ruiner complètement l’édifice.

Ainsi, à partir de mai 1940, il ne fut plus possible d’y célébrer les offices religieux, et il fallut attendre des temps meilleurs pour la reconstruction. La vie paroissiale occupa alors, durant plusieurs années, la salle de fêtes du Cercle catholique ; puis, à partir de 1945 jusqu’à 1956, une construction en bois dans le jardin de l’école Saint-Joseph.

Voici maintenant quelques détails relatifs à l’église de Vielsalm reconstruite en 1953.

Architecte : Victor DEGAND.
Entrepreneurs : Léonard LECOQ et fils, de Waimes.
Premier coup de pioche officiel ; par le bourgmestre MASSOZ, le 10 mars 1953.
Bénédiction et pose de la première pierre, par Mgr CHARUE, évêque de Namur : 30 septembre 1953.

Pose de la croix et du coq sur la flèche du clocher : 16 octobre 1954.





Le 8 juillet 1956, à l’occasion des cérémonies de la profession de foi des enfants, messe dans la nouvelle église, mais à titre exceptionnel.
L’ouverture définitive aux exercices du culte n’a eu lieu que le 23 septembre 1956, fête de Saint-Lambert.
Dimensions de l’édifice : longueur extérieure, 55 m. ; hauteur de la tour, 50 m., sans la croix ; largeur de la nef centrale, 11 m. ; la croix du clocher, 6 m.

Gaston REMACLE

Le plébiscite de 1804 dans la mairie de Cherain.

A. LEONARD, dans G.S.H.A. n°13 (1980) p.90.

Brasseries locales à Ville-du-Bois et à Vielsalm.

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.89-90.

Les poissons qui peuplent le Glain (1978).

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.88-89.

Paul de Glain.

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) p.87.

A propos de la bénédiction de la chapelle de Baclain en 1797.

A. LEONARD, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.85-86.

Cuves baptismales "romanes" en arkose.

H. d'OTREPPE de BOUVETTE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.75-81.

Quelques événements remarquables tirés d'un "mémoir" lierneusien (1681-1795).

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.71-74.

Marianne s'en va-t-au moulin.

R. THISE-DEROUETTE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.53-70.

Georges Wirotte, greffier de Salm.

G. REMACLE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.50-52.

Le café, denrée encore rare en Haute-Ardenne.

G. GERARD, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.40-41.

A propos de l'introduction des résineux.

L. REMACLE, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.34-38

Origine de quelques centres religieux de la Haute-Ardenne aux VIIe et VIIIe siècles.

C. WILLEMS-LAGAMME, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.19-33.

Au temps des Russes, à Vielsalm.

R. NIZET, dans G.S.H.A. n°13 (1980) pp.10-18.

Dénombrement des Manans du ban de Lierneuxà la fin du dix-septième siècle.

G. REMACLE, dans G.S.H.A. n°13 (1980), pp.5-9.

lundi 21 septembre 2009

Brasseries locales.

G. REMACLE, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.91.

Un linteau de schiste daté.

M.-M. NIZET, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.87.

Abreuvoirs de schiste.

J.-M. DE BRITO, dans G.S.H.A. n°12 (1980) pp.86-87.

Croix de schiste retrouvée.

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.85.

Encore les voituriers du comté de Salm.

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.83.

Les fanfares de Vielsalm.

G. REMACLE dans G.S.H.A. n°12 (1980) pp.82-83.

Le Glain, affluent de l'Amblève, à Trois-Ponts.

P. LEJEUNE, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.82.

Note sur la poste à Fraiture.

E.P. LELOUP, dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.79.

Epizooties d'autrefois.

G. REMACLE, dans G.S.H.A. n°12 (1980), pp.78-79.

Sainte Marguerite d'Ollomont.

L. MARQUET, dans G.S.H.A. n°12 (1980) pp. 77-78.

Ardoises de Salm à Juzaine-Bomal au XVIIe siècle.

V. du G., dans G.S.H.A. n°12 (1980) p.77.

dimanche 20 septembre 2009

Les moulins.

Les archives des XVIIe et XVIIIe siècles signalent que le comté de Salm comptait, avant 1780, 5 moulins banaux. Il s’agit de ceux de Grand-Halleux, Vielsalm (démoli en 1915), Salmchâteau, Cierreux et Arbrefontaine, pour lesquels des copies de baux figurent aux actes de la Cour de Salm. Ces moulins existaient déjà avant 1600, et très probablement bien avant, ce qui serait très normal étant donné leur situation et leur distribution dans l’étendue du comté.

Aux registres de la cour de Salm, nous avons trouvé des documents des environs de 1600, concernant les moulins de Cierreux, Salmchâteau, Vielsalm. Le 9 septembre 1560, est cité « Gilles le meulnier de la vieille Saulme ». Le moulin de Cierreux comporte une pierre datée de 1489.

D’autres moulins ont existé au comté bien antérieurement encore. Celui de Juvigny (Djivni), situé entre Rogery , Bovigny, Courtil, et actionné par l’eau de Glain, a tourné jusqu’à la fin du XVIe siècle. Il ne peut être que le moulin ayant servi à ce qui correspondait à l’ancien domaine de Glain.

Un document du 28 septembre 1600 (CS 1597-1622/40-41), parle de « réédification du moulin de Giveignys ». nous ne pensons pas, toutefois, que cette restauration ait eu lieu, l’activité du moulin en question n’apparaissant plus après 1600, à la connaissance de G. REMACLE. Ce moulin était vraisemblablement le moulin rattaché à l’ancienne villa de Glain citée en 720, et dont le centre vital se trouvait non loin de Juvigny. Il a été « bruslé et ruiné par les gens de guerre ».
(Compte de 1670)

Un moulin s’est élevé également près de Goronne, dont le souvenir subsiste toujours aux archives du XVIIe siècle. Son existence, fort ancienne, est normale, relativement à l’ancienneté de Goronne et le fait que ce village n’a pu disposer, pendant longtemps, d’un autre moulin plus rapproché. Celui d’Arbrefontaine, auquel Goronne sera rattaché un jour, ne viendra que bien après la naissance du comté.







Voici le texte s’y rapportant, de 1627 : « Jean Simon de Gronne a quicté et guerpy à une faigne gisante es vieulx moulins, tenant pardessus au dit Jean Potestat (de Goronne), pardessouz au bief coulant sur la maladrerie » .
(CS 1625-1627/80vo)

Enfin à Ville-du-Bois, sur le ruisseau de Salm, un moulin disparu depuis longtemps a tourné fort anciennement. Il devait encore exister vers les XIIe et XIIIe siècles.

Aucune archive n’en fait mention. Aucun vestige non plus n’en reste sur le terrain. L’opinion de G. REMACLE est toutefois que ce moulin à existé. Il est possible, même probable, que ce soient les vestiges de ce bâtiment qui aient fait naître la légende « Le moulin des Cawettes » ou Clawettes, rapportée par PIMPURNIAUX, I, pp.135-137 ; et L.BANNEUX, Les fées du Hultai, pp.91-100.
Sur l’emplacement de ce moulin, Englebert LEBECQUE, de Ville-du-Bois, édifia, en 1820, un nouveau moulin, qui a duré jusqu’en 1946.





Le moulin de Salmchâteau.

Vers 1750, un sixième moulin apparaît dans le comté de Salm, à Halconreux ; il était sans banalité et seulement pour l’utilité du village de Halconreux.

On sait qu’en vertu de la banalité, les usagers d’un moulin devaient non seulement payer une redevance, mais utiliser le moulin qui leur était désigné. Celui-ci était, d’ailleurs, en général, le plus rapproché de leur village.

Ainsi, le moulin d’Arbrefontaine avait comme usagers les habitants d’Arbrefontaine, Menil, Gernechamps, Goronne. Celui de Grand-Halleux, les localités de l’actuelle commune de Grand-Halleux. Celui de Vielsalm, les localités de Rencheux, Vielsalm, Priesmont, Ville-du-Bois, Petit-Thier, Burtonville et Neuville. Celui de Salmchâteau, Bèche, La Comté, Salmchâteau et Commanster. Celui de Cierreux, Cierreux, Rogery, Honvelez, Bovigny, Longchamps, Courtil et Halconreux (cette dernière localité jusqu’à l’édification du moulin du village).
Le droit de mouture se percevait par les meuniers « au trente deuxième », taux rappelé par la transaction du 20 août 1752.

Il est possible qu’à l’origine ce droit de mouture ait été versé intégralement au seigneur par l’intermédiaire du meunier. Toutefois, le système qui a fini par s’imposer comportait l’exploitation du moulin selon bail locatif passé devant la Haute Justice ou même à la fois devant la Haute Justice et la Cour féodale. Le bail fixait les devoirs du meunier et notamment la redevance ou rendage qu’il devait payer pour l’exploitation et qu’il s’assurait au moyen de la redevance payée par les usagers. À la fin du XVIIIe siècle, ce rendage était évalué en argent et non plus en nature.

Le rendement en nature s’établissait en seigle, farine d’avoine, plus 1 ou 2 porcs, et quelques chapons. La viande de ces porcs était salée au château et servait à la cuisine comtale, ou même était envoyée à Bedbur quand y résidait le comte. Le moulin de Vielsalm devait en outre 1 muid de farine de froment.

Voici, par exemple, l’un de ces baux :

« Cejourd’hui vingt-sixième décembre mille sept cent soixante-neuf pardevant les maieur et échevins de la haute justice du comté de Salm, sousignés comparu personnellement Gengulphe Freçon, meunier moderne de Vielsalm ; lequel pour être continué et prorogé l’année 1769 in 70 dans le Bail du dit moulin qui est expiré cejourd’hui et important un rendage de cinquante sept muids de seigle, bien conditionné, dont l’année commence ce jourd’hui et finira à pareil jour de l’année prochaine, déclare d’obliger ses biens meubles et immeubles sous le cautionnement de François Gengoux, de Ville-du-Bois, ici présent qui affecte de même ses biens meubles et immeubles à cet effet se soumettant l’un et l’autre à prompte et parate exécution à décretter sur requête à présenter à cette cour par le Sr receveur de ce comté en cas de défaut s’obligeant au surplus le dit meunier, à remplir les devoirs d’un vrai meunier et de s’acquitter de tous les devoirs en résultans en foi de quoi et après lecture faite, ils ont signés à Vielsalm ut supra sont signés Jeangou Fresons, Françoi Gengoux, J.B. Otte, N. Dairomont avec pphe, F. Moïse, J. Herman, F.Beaujoz avec pphe ».

(CS 1768-1772/200)




Par exemple, il s’élevait en 1670, pour le moulin d’Arbrefontaine à 7 muids de seigle ; celui de Cierreux, 8 muids ; celui des Halleux, 10 muids ; Salmchâteau, 10 muids ; Vielsalm, 22 muids.
En 1776, pour le moulin d’Arbrefontaine à 17 muids de seigle ; celui de Cierreux, 16 muids ; celui des Halleux, 28 muids ; Salmchâteau, 23 muids ; Vielsalm, 58 muids.
En 1786 : Arbrefontaine, 109 écus ; Cierreux, 71 écus ; Halleux, 164 écus 2 escalins ; Salmchâteau, 55 écus et demi ; Vielsalm, 300 écus.
En 1785, pour Halconreux, 20 écus.

La transaction du 20 août 1752 rappelle aussi que « les Banaux respectifs desdits moulins demureront sujets aux réparations et entretient les quatre murails ou parois, de même qu’aux toitures desdits moulins à leurs frais et dépens, parmi que son Excellence fasse assigner hors de ses bois ceux nécessaires à cet effet ».

C’est ainsi, par exemple, que le 14 juin 1768, « les communs habitants d’Arbrefontaine, de Goronne, Menil et Gernechamps, moulans Bannaux du moulin d’Arbrefontaine » furent condamnés à « pourvoir aux réparations de quatre murailles, parois et toitures du moulin banal d’Arbrefontaine, relativement à la transaction passée le 20 août 1752… et ce endéans la quinzaine de l’insinuation, à peine que ce terme écoulé, il y sera pourvu d’office à leurs frais ».

(CS 1760-1768/127)

Sous le régime français, les moulins banaux de Salm furent séquestrés comme biens domaniaux, puis vendus à des particuliers. Celui de Vielsalm, à J.F.J. OTTE, de Vielsalm, pour 9 025 F. ; celui de Salmchâteau au même, pour 6 300 F. ; celui de Cierreux, à Mathieu BEAUPAIN, pour 3 625 F. ; celui de Grand-Halleux, à Henri-Joseph HONVLEZ, d’Ennal, pour 4 575 F.

(A.E.L., F.F. registre 2058)







Ancien moulin de Vielsalm, vers 1900, vu du côté de Rencheux. Était antérieur au XVIe siècle. Achat par Jules ANDRIANNE, à l’épouse BERTAUX-LEBARON, le 30-10-1874, pour 20 000 frs. (Not. JACQUES). Démoli en 1915. Incendié partiellement à plusieurs reprises, notamment en 1803, le 27 août 1907 et le 16 juin 1912.
Dernier meunier : désiré BENOIT, de Priesmont, pour la famille ANDRIANNE.
Moulin à trois tournants. Mû par courant d’eau et non par chute.

Ndlr:

Publié avec les modifications de G. REMACLE

Le château.

Le château situé près de Salmchâteau fut garnisonné en 1747-1748 par des hussards du colonel impérial von HEDEBANZ, au cours de la guerre de la succession d’Autriche. Ils y commirent des dégâts. Le château continua toutefois d’être occupé par du personnel, notamment la garde des prisonniers.
La prison servit plusieurs fois dans la seconde moitié du siècle, particulièrement en 1754 pour Jean CONIL, arrêté pour crime d’homicide ; en 1765, pour Pierre DEGELAND et Jean-François N., deux étrangers suspects ; en 1766, pour la veuve Sébastien DUMOULIN détenue pour vols ; en 1770, pour Alexandre DUPPÉ, étranger, accusé de vols divers et d’attentat.

(D’après divers documents de la Cour de Salm.)

Abandonné dès le début du régime français, le château subit, sans doute, les excès de pillards, car, lorsque le domaine impérial napoléonien voulut, en 1807, le vendre comme bien séquestré, il n’y trouva plus que « des débris ».

(A.E.L. F.F./1979)



Tout au long du XIXe siècle, il n’a subsisté du bâtiment que la partie inférieure de deux tours encadrant une entrée surmontée d’une ogive. Encore ces ruines ont-elles été malmenées au cours de l’offensive des Ardennes. Puis les troupes américaines y prélevèrent des pierres pour la consolidation de chemins défoncés. Une restauration des ruines, vers 1910, a remplacé l’ogive d’entrée par un plein cintre.







Du château de Salm primitif, à Vielsalm, il ne reste rien.



Le 10 mai 1940, l’explosion qui provoqua l’écroulement de la tour de l’église provoqua aussi l’effondrement d’un souterrain à travers tout le jardin du presbytère. Le prolongement de ce souterrain se situe en ligne droite dans la direction de l’emplacement du premier château de Salm, comme G. REMACLE a pu le constater.

Une heure avec le curé de Bihain.

(publié dans L’Annonce de Vielsalm, le 3 février 1952)

En septembre 1901, après quelques années de professorat à St-Louis et un stage de vicariat à Couvin, M. l’abbé F. CLAISE était nommé curé de Bihain.
Né à Rogery en 1871, sur la rive droite de la Salm, il connut dès sa jeunesse le recueillement des longs hivers, les brouillards, la neige et le froid. Les fagnes de Bihain ne l’effraient pas. Il y travaille pendant 50 ans et c’est là que bientôt ses paroissiens et ses amis célébreront son jubilé de pastorat.

Passé les rochers chaotiques du val de Salmchâteau, la route de la Baraque Fraiture monte vers la région des Fagnes. Très vite se révèle l’âme d’un autre monde. Durant la longue saison des brumes hivernales, ou, en juin, dans le moutonnement des houppes soyeuses des linaigrettes, ou encore devant les mauves tapis de bruyère et de tourbe, le rêve du voyageur flotte par-dessus l’immense solitude sauvage qui s’étend entre Regné, Hébronval, Bihain, Petites Tailles et la Pisserote. De cette étendue se dégagent l’effroi, le mystère et la mort.
L’œil n’y découvre aucun repère. C’est l’anéantissement, l’effort inculte des courts mois d’été dans le sourire éphémère et les multiples regards d’une étrange flore subalpine.
Dans cette lande déserte, entre 600 et 614 m. d’altitude, est blotti dans un bouquet d’arbres le presbytère de Bihain. Vieille maison ramassée sur elle-même, aux murs épais, îlot paisible entouré d’une mer de lichens. Partout l’eau dort entre l’argile et le gazon. Derrière la grille du jardin, une pelouse bien tondue, des parterres de fleurs, des rideaux frais aux fenêtres, une porte massive, c’est l’entrée accueillante et grave de la demeure d’un patriarche.
Au salon, murs, armoires, appuis de fenêtres et de cheminées, tout, jusqu’au vieux bahut de chêne, rappelle les souvenirs d’une longue vie : portrait de l’abbé BODSON, chanoine à 96 ans, ancien curé de Rogery, qui vers 1883, initia le petit François aux secrets de la langue de Cicéron ; photos des séminaristes de Bastogne d’avant 1900 ; figures des Papes, de Pie IX à Pie XII, des évêques de Namur, de nombreux confrères, et surtout une multitude de Vierges, statues rapportées de pèlerinages variés, Vierges de Belgique et de France, et, à la place d’honneur, N.-D. de Lourdes, où il fut onze fois.
Un voyage à Lourdes ? D’un pas menu mais toujours alerte, M. le curé s’en va vers l’armoire-bibliothèque, en retire un grand registre : le livre de comptabilité journalière tenu depuis son arrivée à Bihain. La vie était rude en 1901. Ennemi des dettes, le jeune prêtre dresse chaque jour le bilan des dépenses et des recettes. La lecture des premiers feuillets de ce document financier évoque un temps de petits sous péniblement gagnés et parcimonieusement dépensés.

En 1905, Bihain-Lourdes, aller-retour : 62 fr. ;

La pension complète à l’Hôtel du Sacré-Cœur, eau chaude et ascenseur : 7 fr. ;

La façon d’une soutane avec doublure et boutons : 14 fr. ;

des chaussures chez GABRIEL, à Vielsalm : 14 fr. ;

Des bottines en veau, tout ce qu’il y a de chic, chez CABUS, à Namur : 15,40 fr. ;

1 litre de lait :0,20 fr. ;

1 kilo de café avec 6 œufs : 1,40 fr. ;

pour un dîner de fête où rosbeaf, saucisson, jambon étaient servis copieusement à une douzaine de personnes la note se monte à 9,50 fr. ;

9 000 ardoises de Ville-du-Bois, voiturage compris : 429 fr. ;

4 gros poèles de Couvin avec 30 p.c. de réduction 169,50 fr. ;

chez LECROMBS, à Rogery, 4 gros jambons fumés : 50,60 fr. ;

Un abonnement de 5 jours sur tout le réseau belge : 14,50 fr. ;

Chez MATHURIN, à Houffalize, 6 paires de bas : 11,90 fr.

Un chapeau castor : 16 fr.

2 poulets : 16 fr.

2 tonnes de charbon rendues à domicile : 70 fr.

On allait à Liège pour 2,50 fr.

Un permis de chasse : 45 fr.

Canards, lièvres, grives, sangliers et chevreuils relevaient parfois le menu de la cure.

La misère était grande dans cette paroisse ouvrière des Fagnes. Avec 250 fr. de traitement trimestriel et 2 fr. d’honoraires par messe, le curé s’ingéniait à équilibrer son budget. Ce n’était pas facile. Après s’être fait architecte, il passa manœuvre à la construction de son église.

Les docteurs MICHAUX, LEGROS, de Vielsalm, LEJEUNE, de Lierneux, visitaient rarement, à pied ou à cheval, ce village sans téléphone et rues d’accès. Ils furent tout heureux de trouver en l’abbé CLAISE un homme expert dans l’art d’Esculape, d’un diagnostic quasi infaillible, habile dans le choix des remèdes et dans les premiers soins à donner aux malades.
Le presbytère se transforma en pharmacie. Son curé acquit la réputation d’un médecin des âmes autant que des corps.

Il est un prêtre aimé, le savant que l’on consulte, le guérisseur qui distribue gratuitement la santé, le bâtisseur de la Maison de Dieu et du peuple. Peuple d’ouvriers qui, pendant 10 et 12 h. par jour, pour un salaire de 2,50 fr. peinaient dans les carrières ou s’acharnaient sur une terre souvent ingrate.

En 1901, Bihain compte 509 habitants. Jusqu’en 1914, l’exploitation des pierres à rasoir, sous la direction d’ingénieurs bavarois, occupe une partie des ouvriers de la région. Les autres découpent la tourbe des Fagnes et la vendent 25 fr. le chariot.
L’invasion d’août 1914 cause à Bihain une catastrophe dont les répercussions se ressentent encore aujourd’hui. La plupart des carrières sont abandonnées le matériel inondé et les galeries effondrées. Après 1919, impossible de les remettre en état ni de récupérer leur matériel. Des familles entières sans gagne-pain se résignent à l’exode. La guerre de 1940 accentue plus douloureusement encore le malheur de 1914. L’offensive des Ardennes réduit en poussière une partie du village. Dans les quelques carrières restées actives, la pierre se fait rare, le prix d’extraction ne permet plus de concurrencer sur le marché les pierres artificielles. Sans maisons, sans meubles, à quoi bon rester dans un village aussi déshérité ? On part vers les grandes villes : Liège et Verviers ; les jeunes hommes se casent dans les douanes, la gendarmerie et autres services administratifs.

« Ma paroisse, me dit le Curé, n’a pas péri du fait de la dénatalité. Elle compte des familles de 10 et 12 enfants. Il n’y a plus de travail pour eux ici. Le lendemain de leur mariage, les jeunes hommes s’en vont ailleurs. À 90 ans, je deviens le curé d’une colonie de vieux célibataires ».

Les Fagnes ne nourrissent pas les hommes. En un demi-siècle, Bihain est passé de 500 à 260 habitants.
L’abbé François CLAISE ne désespère cependant pas de l’avenir de Bihain. L’œuvre de ses 50 ans de pastorat n’a pas été vaine. Animé d’un véritable esprit social, il a changé la mentalité qui régnait dans sa paroisse avant 1900. Il est l’ancêtre. Les gamins qui écoutèrent ses premières leçons de catéchismes ont aujourd’hui 60 ans. Il est demeuré au milieu d’eux, ses ouvriers, ses paysans, ses Fagnards, les conseillant, les soulageant, leur donnant Dieu.

Les festivités de son jubilé de 50 ans de pastorat sont remises à plus tard. Le Curé n’a pas voulu quitter les siens avant que sa tâche ne soit achevée. Il a voulu que sur l’immensité morne des Fagnes, l’église de Bihain s’élève toute renouvelée, lumineux témoin de la Vie.



A.E.D.

Son Excellence Mgr Charue à Vielsalm.

(publié dans L’Avenir du Luxembourg, le 3 avril 1952)

Mardi matin, à 7 h.15, Monseigneur l’Evêque de Namur célébrait la messe dans le baraquement de Vielsalm. De nombreuses personnes, averties de son arrivée dans la paroisse, y assistaient.

Après la messe, Son Excellence assista au catéchisme préparatoire à la communion solennelle et se plut à interroger les enfants sur la leçon du jour. Malgré leur émotion, gamins et gamines répondirent de leur mieux, certains même très bien.

Vers 9 h.30, Monseigneur se rendait à Ville-du-Bois dans la chambre funéraire de M. l’abbé François CLAISE, curé de Bihain. Il pria quelques instants devant le corps de celui qui était l’un des plus anciens prêtres du diocèse et il s’entretint ensuite avec les deux demoiselles PAQUAY, parentes du défunt.

Dans la matinée, Son Excellence visita le baraquement de Petit-Thier ; elle monta enfin jusqu’aux casernes de Rencheux, où plusieurs soldats reçurent le sacrement de Confirmation de sa main.

Les funérailles de M. le curé de Bihain.

(publié dans L’Avenir du Luxembourg, le 4 avril 1952)

Mercredi matin, à Ville-du-Bois, dans la chambre funéraire, dans le cortège, à l’offrande pendant la messe, près de huit cents personnes sont venues témoigner à M. le Curé de Bihain leur reconnaissance. N’avait-il pas été le prêtre aimé de tous ? Et c’est son caractère sacerdotal et uniquement celui-là qu’il avait demandé qu’on rappelle à ses funérailles.

Sur son cercueil et au pied du catafalque, on ne voyait pas les innombrables décorations dont il avait été gratifié à juste titre pendant les hostilités de 1914-1918 et 1940-1945. Son patriotisme avait toujours été marqué de cette grandeur qui exclut la haine mais se dévoue jusqu’au risque de la vie pour la sauvegarde des libertés traditionnelles. On ne voyait pas non plus les centaines de lettres de gratitude qu’au cours de sa longue carrière il avait reçues de ceux qui lui devaient la santé du corps, un secours d’argent ou l’octroi d’une situation.
Seuls, la chasuble, l’étole, le calice, le bréviaire et la barrette rappelaient ce qu’il avait été avant tout : un prêtre, et un saint prêtre, qui, dès 1901, apportait dans ses contacts avec les hommes un sens social, plutôt rare à cette époque et qui pouvait paraître audacieux.

Dans le chœur de l’église, avait pris place Mgr Van ZUYLEN, évêque coadjuteur de Liège, un grand ami du défunt, qui avait passé les années de sa jeunesse et ses vacances d’étudiant à la cure de Bihain.

Mgr l’Evêque de Namur était venu la veille à Ville-du-Bois prier près du corps de l’abbé François CLAISE, l’un des plus anciens curés du diocèse.
Derrière Mgr Van ZUYLEN, plus de soixante prêtres se pressaient : parmi les principaux : MM. les Supérieurs du Petit Séminaire de Bastogne et de l’Institut Saint-Remacle de Stavelot, MM. les Doyens d’Houffalize, de Vielsalm, de Barvaux, d’Erezée et de Stavelot. M. l’abbé LEGROS, inspecteur de l’enseignement diocésain.
Parmi les personnalités civiles : M. J. MERGET, député ; le comte Ch. de LIMBURG STIRUM, ancien sénateur et propriétaire de Bois Saint-Jean ; M. le baron Van ZUYLEN d’Argenteau ; des députés provinciaux, de nombreux bourgmestres, échevins et conseillers de la région.

Avant la messe, des degrés de l’autel, pour répondre à la volonté du défunt et au désir exprimé par la famille, M. le Doyen d’Houffalize remercia publiquement M. le curé de Regné qui avait assuré le service de la paroisse de Bihain pendant la maladie de l’abbé CLAISE, et M. le curé de Ville-du-Bois qui s’était dépensé jour et nuit au chevet de son nouveau paroissien mourant.
Il dit en quelques mots la sainteté du prêtre qui nous quitte, prêtre fidèle à sa foi, fidèle à son sacerdoce, fidèle à sa paroisse.
Fidèle à sa paroisse, l’abbé CLAISE a voulu l’être dans la mort. Né à Rogery en 1871, ayant aujourd’hui encore de nombreux parents dans sa paroisse natale et à Vielsalm, Ville-du-Bois, Commanster, Bovigny et Beho, il a choisi pour son dernier repos de cimetière de Bihain ; c’est là qu’il veut rester, parmi ceux qu’il a aidés à bien mourir pendant les cinquante et une années de son pastorat.
Après la messe, célébrée par M. le Curé de Ville-du-Bois, assisté des curés de Fraiture et d’Ottré, et un frugal repas terminé, le cortège funéraire prit la route de Bihain.
À l’église, M. le Doyen d’Houffalize chanta une dernière absoute.

Au cimetière, avant que le cercueil ne descende dans la tombe, trois discours furent prononcés. M. DACO, au nom du Conseil de Fabrique, rappela avec émotion comment l’abbé François CLAISE avait apporté pendant plus de cinquante ans, dans la solitude des Fagnes, la présence du Christ : il en avait refait les gestes, redit les paroles et, comme Lui, dévoré du zèle de la Maison de Dieu, avait construit, puis restauré après la tourmente de l’offensive, une belle église.

M. le Bourgmestre, au nom de la commune, exprima les regrets unanimes de la population de n’avoir pu célébrer, l’an dernier, le jubilé des cinquante ans de pastorat de l’abbé CLAISE. Et pourtant, quelle reconnaissance ses administrés ne lui devaient-ils pas ! Le curé de Bihain s’était fait tout à tous. Tous ses paroissiens étaient ses enfants. Tous l’entouraient de respect et d’affection. Son presbytère leur était ouvert. Les conseils éclairés sortis de la bouche de cet homme de Dieu ne seront jamais oubliés.
Un enfant de l’école et du catéchisme, au nom de ses petits compagnons, dit merci à celui qui, comme le Divin Maître, avait été l’ami des enfants.



La figure douce, souriante et cependant volontaire du curé de Bihain se détachant sur un fond de nuages bas et tourmentés, telle qu’on la voit sur la photographie parue mardi dernier dans « L’Avenir du Luxembourg » n’est pas prête de disparaître de la mémoire des gens de la vallée de la Salm et des hauteurs des Fagnes de Bihain. Ses parents savent que l’héritage de ce prêtre n’est pas fait de pièces que ronge la rouille et que mordent les vers. Sur le souvenir de ses 56 ans de sacerdoce et de son jubilé de 50 ans de pastorat à Bihain, il n’avait pas énuméré tous ses travaux ; une prière livrait tout son secret, l’amour de toute sa vie. […]

A.E.D.

Notes historiques. Regné-Bihain (2).

(publié dans Pays de Salm, le 13 décembre 1953)

Notre première pensée sera de visiter l’église. Dédiée à Saint Benoît, elle a été érigée en paroisse en 1857. M. l’abbé KARENHOEVEN fut le premier desservant. On compte dans la paroisse, 300 âmes environ.

La chapelle primitive aurait été édifiée en ce lieu en l’an 1715, avec la permission du Grand Vicaire de LIBOIS du chapitre de Liège. Cette chapelle dépendait de la paroisse de Bihain.

Le 4 février de la même année, un certain nombre de manants de Regné comparurent devant la Haute Cour de Malempré où ils reçurent l’autorisation de pouvoir faire célébrer dès ce moment, l’office de la messe.

Sire Jean GOBAUSSE, curé de Bihain, fut avisé officiellement de la promulgation de ce décret daté de Luxembourg, le 14 mai 1718. La consécration de la chapelle par Mgr Jean-Baptiste GILLIS, évêque suffrageant de Liège, eut lieu le 27 juin 1730.

Le maître-autel, que nous avons vu avant les évènements, est assez intéressant, dominé par une belle statue de St Benoit. À gauche et à droite du tabernacle, deux tableaux en bois sculpté représentent les disciples d’Emmaüs et le sacrifice d’Isaac.

On peut voir une chaire de vérité dont les panneaux portent les effigies des quatre évangélistes, très artistiquement sculptés.
Quelques statues complètent l’ornement du sanctuaire. St Clément, patron des carriers ; St Antoine, deuxième patron de l’église ; Ste Philomène ; Ste Thérèse de l’Enfant Jésus ; la Ste Vierge ; St Joseph, Notre Dame de Lourdes, etc.

Dans un document de 1343 (cartulaire Houffalize), on y lit :
« Collin de Raignez qui releva à Stavelot le fief qu’il avait acquis de Lambert, mari de Marie de Malmepré… ».


En 1469, on écrivait « Regnez ». dans un acte relatif à la chapelle de Verleumont, il y est cité « Reigné », (1722).

Quant à l’étymologie, voici ce que nous trouvons chez TANDEL : Regné- Ré indique un ruisseau. Gnez ou Gné sont des formes de « grez » et désignent une demeure.

Les vicaires connus, du moins les plus anciens, sont :

Maître HENEN, 1721.

Léonard REMY, 1725.

Hubert COLIN, Jean MICHELS, 1729,1731.

Pierre LOSTE, de Salm, 1735.

N. LEMAIRE, 1736.

Jean-Marie, 1741.

N. GEORIS, 1745.

Severin de HARRE, 1747 – 1754.

J.-F. CHARPENTIER, 1754 – 1773.

A.-H. Léonard, 1779 – 1788. Etc.


Une ancienne statistique révèle qu’en 1793, Regné comptait trois maisons de laboureurs, douze maisons de première classe, treize de seconde et quatre de troisième.

En 1891, la population était de 265 habitants et il y avait 62 maisons. En construisant la route de La Roche à Vielsalm, on a retrouvé les ruines assez nombreuses d’anciennes habitations.

Le « Mont » des forges de jadis rappelle cette industrie qui se trouvait au pied de la colline. Aujourd’hui, on voit encore des tas de résidus de charbon, de morceaux de fer et de verre.

Quelques familles prétendent que les âtres qu’elles possédaient ont été fabriquées à ces forges. Ces âtres datent de 1600 et portent l’inscription suivante :
« Dominus mitri auditor, 1600 ». De chaque côté de l’âtre se tient un énorme lion (à voir au musée archéologique d’Arlon).

On rencontre encore à Regné plusieurs vieilles fermes authentiques, respirant un air d’autrefois. Néanmoins, l’ardoise a vaincu la paille et le cachet est sensiblement modifié. Les habitations aux murailles schisteuses d’une tonalité noirâtre caractérisent bien le « Haut Pays ».

Si l’on remonte la route vers le plateau, à quelques kilomètres, on jouit bientôt d’un immense panorama infiniment intéressant, mouvementé, dont les multiples lignes se profilent dans un horizon des plus étendu et sans limite précise.

Regné, affirme-t-on, doit son nom à un roi scandinave appelé « Régnier » et qui avant les Romains et sous ces maîtres du monde, servait de faubourg à « Bisange » (Bihain).

Ch. PIERARD

Notes Historiques. Regné-Bihain (1).

(publié dans Pays de Salm, le 6 décembre 1953)

Le village de Regné ne dit rien qui vaille pour les touristes. Les automobilistes, qui en trombe, passent en cet endroit de la haute Ardenne et filent sur la belle route macadamisée vers Vielsalm ou la Baraque Fraiture, ne prêtent qu’un œil distrait aux paysages familiers de ce coin perdu, section de la commune de Bihain, qui semble endormi.

À s’attarder devant cette bourgade si humble, sans aspect particulier, où l’intimité paysanne de ses basses constructions entourent l’églisette, on cherche en vain pourquoi le touriste viendrait s’attarder en un décor si peu attrayant.

L’église ici, est sans prétention. Vieille bergère, elle paraît paître les tombes grises d’ardoises de son cimetière. Pauvre édifice meurtri par la mitraille de la campagne de Von RUNDSTEDT. Il est néanmoins resté debout, perdit sa flèche, son élan vers le ciel. Extérieurement, nous l’avons vu dans un état déplorable. Toiture percée de nombreux trous d’obus, tour ébranlée et lézardée, le mobilier en partie brisé, peu réjouissant tableau.

En août 1952, on procéda à la restauration de l’édifice. Il n’était pas prévu de modifications fondamentales, comparativement à la structure et à son cachet primitif. Les autorités jugèrent superflu, même de l’agrandir. La population relativement réduite de la paroisse ne le concevant pas.

Aux alentours, c’est une succession de croupes larges, de plateaux élevés, où domine « Colanhan », hauteurs en dômes chevauchant à l’infini. L’ensemble à un aspect sévère mais non dénué de pittoresque.

Nous sommes à Regné, dans le voisinage de la crête des Ardennes, non loin du plateau des Tailles (648 mètres).
Le village est encaissé dans un fond de verdure où les maisons s’agglutinent, pareilles à des corps lourds. C’est un désordre de toits, de crêtes, de versants. À flanc de colline, des chemins le traversent en tout sens. Ils vont, serpentant et sinueux, abrupts et très raides parfois.

L’ardoise et la pierre régionale qui s’apparient, fusent de ci, de là, avec les prés clairs et les arbres fruitiers prometteurs de récoltes abondantes de fruits dorés et roses.

Les croix de bois commandent l’entrée du village, mêlant leur symbole à la vie des logis, des nids, des feuilles et des fleurs.

Au moment où nous arrivons à Regné, une grisaille veloutée de brume enveloppe toute chose. En cette fin de juillet, nous vivons la période caniculaire. Ici, cela se remarque tout particulièrement aux fraicheurs du soir et du matin.

L’heure est délicieuse. Si nous faisions un tour dans les environs ?

(à suivre)

Ch. PIERARD.

samedi 19 septembre 2009

Notes historiques. Fraiture (5).

(publié dans Pays de Salm, le 25 juillet 1954)

Travailleur infatigable, il prit une grande part à l’élaboration de la plupart des lois qui, à cette époque, apportèrent de si profondes modifications à notre régime des finances. Et c’est avec justice que le « Moniteur Belge » du 23 juin 1872, page 1799, dans la notice biographique qu’il lui consacra, put dire :

« … Dans cette longue carrière et surtout dans le poste élevé qu’il a occupé en dernier lieu, Monsieur QUOILIN s’est toujours distingué par sa rare intelligence, par sa grande fermeté ; son zèle et son dévouement ne se sont jamais démentis. Il aimait le travail, il s’y livrait avec ardeur et possédait un rare talent d’analyse. Il portait la lumière dans les questions les plus obscures et les plus compliquées, et il exprimait ses pensées toujours justes, dans un style clair, simple et concis ».


En dehors de sa notice sur les « Finances de l’Etat » insérées dans « L’Exposé de la situation du royaume, période décennale de 1851-1860 », et de quelques articles dans la « Revue Belge ». QUOILIN ne publia rien, sa vaste et importante collaboration à la confection de nos lois d’impôts et de réformes financières est restée forcément anonyme.

Lorsque, le 5 août 1869, malgré les vives instances du ministre, qui désirait le conserver encore à l’activité, il fut admis à la pension de retraite.

Il était commandeur de l’Ordre de Léopold, grand officier des Ordres des S.S. Maurice et Lazarre, grand officier de l’Ordre de la Couronne de Chêne, officier de la Légion d’Honneur, chevalier de 3me classe de l’Ordre de l’Aigle Rouge, décoré de l’Ordre de Medjidié de seconde classe.

À partir de ce jour, il vécut à Ixelles dans un éloignement du monde presque absolu. Dans ces derniers temps, il avait été douloureusement éprouvé ; après une longue et heureuse union, la mort lui avait enlevé la compagne qui faisait le bonheur et le charme de sa vie ; puis un neveu sur lequel il avait concentré la grande affection qu’il portait à tous les membres de sa famille ; enfin, en 1871 un de ses meilleurs amis, Luxembourgeois comme lui, M. PAQUET, président à la Cour de Cassation de Belgique, le confident de toutes ses pensées. Ces deuils répétés, il les supporta pourtant avec une mâle résignation et son énergie ne l’abandonna pas un instant quand il vit s’approcher la fin d’une vie de travail et de devoir ; sa conscience était en repos à tous les points de vue, et, le 21 juin 1872, il s’éteignit à Bruxelles, manifestant le désir de se voir enterrer sans cérémonies autres que celles du culte, sans honneurs militaires, sans discours.

Son portrait a été placé au Musée Archéologique de la province à Arlon.

Fin.

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