jeudi 11 mars 2010

Sire Dupont.

(publié dans « Pays de Salm » le 2 mars 1958)

Pierre François DUPONT est né le 27 mars 1726 au pays de Laroche, d’après certains. Ses parents, châtelains, possédaient armoiries et blason et seraient originaires d’une bourgade de Carinthie.
Mais si nous en croyons une biographie du R.P. LEMAIRE, Jésuite, cette assertion est totalement légendaire, car c’est bien à Bra-sur-Lienne qu’il vit le jour.
Son père Jean-Baptiste DUPONT (ou du PONT) avait épousé Françoise LEONARD, de Villettes.
Dieu bénit cette union car Pierre-François se fit prêtre, ce qui vint compléter le nombre de quinze prêtres, religieux et religieuses que cette famille donna à l’Eglise en moins d’un siècle.
Bachelier en théologie, Sire DUPONT est nommé bénéficiaire en l’église de La Roche en 1747. En 1749, il est nommé curé de Bra où il succède à Jean-Jacques de HARLINVAL.




L'église de Bra.


Il aurait voulu, écrit le R.P. LEMAIRE, achever l’œuvre de son prédécesseur et construire une nouvelle église conçue dans le style du nouveau chœur, mais sa bonne volonté vint échouer devant l’inertie de la plupart de ses paroissiens dont il ne sut peut-être pas conquérir l’affection, assez pour les rendre généreux au gré de ses désirs.
Cette œuvre capitale ne fut possible qu’après son départ de Bra et par son successeur immédiat.
Pendant les neuf années de son pastorat, il fut souvent en procès avec plusieurs de ses paroissiens qui, contre toute justice, se refusaient à payer les dimes auxquelles il avait droit et que sa conscience lui faisait un devoir de maintenir comme une obligation dont il aura à répondre à ses supérieurs et à son successeur. D’autres procès eurent lieu pour amender certains paroissiens à prendre leur part dans les frais qu’entrainait l’entretien du presbytère, de l’école, etc. …
Nommé curé à Lierneux, en 1758, il succéda au Révérend Messire Gilles-François GERKINET, protonotaire apostolique, ci-devant conseiller et secrétaire particulier du prince sérénissime de LOUVENTEIN, décédé le 24 octobre de la même année.




L'église de Lierneux.

Dans sa nouvelle paroisse, sire DUPONT ne trouva pas plus de tranquillité, car les paroissiens de Lierneux se montrèrent à son égard pour le moins aussi peu accommodants que ses impatients et derniers ouailles.
On avait cru que tous les hommes de bonne volonté se rangeraient à ses côtés. La charge était lourde, certes, et il méritait qu’elle soit allégée, et une fois de plus, il ne fut pas répondu à son attente.
Les archives paroissiales témoignent que c’était l’homme prêt à se sacrifier pour la cause de Dieu et du prochain.
Il soutenait l’affligé, encourageait l’abattu, calmait la souffrance du malade et jetait la semence de la vertu dans tous les cœurs.
Il avait pris possession de l’église de Lierneux, qui devint la sienne, et il y était entré avec confiance. L’union, hélas, ne fut pas parfaite entre le pasteur et les fidèles.
Le cœur qui n’avait battu que pour Dieu, l’Eglise et le bien de ses frères se paralysa. Les portes de l’Eternité s’étant ouvertes devant lui, son âme alerte remonta à sa source. Ce prêtre modeste et dévoué mourut saintement le 5 février 1788.
Honorons sa vénérable mémoire.
La pierre sépulcrale était jadis encastrée à droite de l’autel, côté de l’Evangile, en l’église de Lierneux. C’est là que fut placée la porte de la nouvelle sacristie lors de la construction et depuis, la pierre fut placée dans l’ancienne contre le mur et entre les deux fenêtres de l’abside. Des signes bizarres et des armoiries sont incrustés dans la pierre. Nous n’en avons pas découvert le sens.
Elle a été sauvée de la destruction et mise en lieu sûr.




Quand à l’inscription, elle est conçue comme suit :
Illic Jacet Rdus admodus Dnus P.F. Dupont Natus 20 martis 1726 S. Théollovanis Bacc. Etinec Lesia Rupensi benefidiatus 1747 Bus Byter et pastor in braa 1780 Requiescat in pace.

Traduction :
Ici repose
Le très révérend Monsieur P.F.
Dupont, né le 27 mars 1726
Bachelier en théologie
Bénéficiaire en l’église de La Roche
En 1747, prêtre et curé de Bra 1758
Est mort le 5 février 1788
Qu’il repose en paix.

C. PIERARD