jeudi 26 juillet 2012

Glain et Salm, Haute Ardenne n°68 (juin 2012)

Sommaire :

- L. MARQUET, La Roche-en-Ardenne au XVIIème siècle au temps des guerres, pp. 5-23.

- J. BOSMANS, Aires de faulde et charbonniers en Ardenne : le dramatique incendie d’une hutte de chabonniers, la nuit du 10 au 11 août 1808, à Belheid (Samrée), pp. 25-29.

- M. PETERS, Autour d’une croix de 1877 et d’une chapelle, à Beho, pp. 31-34.

- G. BENOIT, Course cycliste endeuillée à Salmchâteau en 1911, pp. 35-36.

- J. DE POTTER/G. ANTOINE/ H. d’OTREPPE, Aux origines de la maison De Potter à Gouvy, pp. 37-38.

- J. DETAILLE/ B. VAN EERDENBRUGH, Les vestiges d’or^paillage de l’âge du fer en amont de Bèche et dans la forêt domaniale du Grand Bois, pp. 39-47.

- R. NIZET, Les kiosques à musique de Vielsalm, pp. 49-54.

- C. DRAILY/ O. VRIELYNCK, La nécropole celte de Courtil « Hastape » dans le groupe nord des tombelles ardennaises, pp. 55-62.

- HONORE, Mémoires de la guerre 1914-1918 à Vielsalm, pp. 63-76.

- G. BENOIT, Sur l’exploitation du plomb à Bihain, p.77.

- F. MARX, GRUEN & BILFINGER : Reconstruction du tunnel de Trois-Ponts en 1940, pp. 79-83.

- V.-d.-G, Au fils des lectures : Salm à Bruxelles, p.85.

- J. THOMAS, De l’argile pour les fours à pains, p.86.

- B. DELEPINE, Haute Belgique, pp. 86-87.

- J. TOUBON, Quelques ajoutes à propos de Pierre Joseph MONFORT de Lierneux, pp. 88-89.

- V.-d.-G. Burtonville : la croix Bontemps, p. 90.

- C. LEGROS, A propos de myrtilles, pp. 91-93.

- G. BENOIT, Bovigny : Le docteur (Pierre-François) Lomry (1868-1941), pp. 96-97.

- H. d’OTREPPE, Hier et aujourd’hui : Grand-Menil, p. 98.

- G. BENOIT, La croix Jeanpierre, sous Priesmont (correctif à l’article paru dans le n°67), p.100.

mardi 24 juillet 2012

Les ceux de chez nous

LE PERSONNAGE MYSTERIEUX

Il n’a pas accepté de figurer nommément dans cette galerie des « personnages » locaux malgré mon insistance répétée. Après tout, il y a bien un soldat inconnu, parfois un invité mystère, un agent secret, pourquoi cette série n’aurait-elle pas son héros anonyme ? Il ne le restera pas pour quelques personnes qui vont le reconnaître aisément mais la plupart des lecteurs se demandera qui il peut bien être.

Sa profession est une des plus exigeantes qui soient mais aussi une qui s’exerce en pleine communion avec la nature. Il est en effet bûcheron, et même bûcheron chevronné : il accepte tous les travaux même les plus difficiles comme les coupes à blanc à effectuer dans nos escarpés croupets ardennais, là où même le cheval débarde péniblement puisqu’il utilise souvent treuil et câble pour amener les troncs où ils pourront être chargés sur camion. Il peut travailler seul, des heures durant, ne voyant pas le temps passer si ce n’est par la tombée de la nuit, mettant au sol des dizaines et des dizaines de gros arbres sur sa journée. Après les grosses tempêtes de 1999 en France, il fut sollicité comme quelques autres pour aller dégager les chablis du côté de St-Dié dans les Vosges. Durant plus d’un an et demi, il abattit un boulot énorme, logeant et mangeant dans sa voiture stationnée dans la coupe pour ne pas perdre de temps !

Rien que pour ceci il mérite les « honneurs » de cette rubrique mais ce qui m’a fait insister auprès de lui pour l’y faire figurer, c’est surtout son habileté à se faufiler dans les endroits les plus incroyables. Qu’on en juge par ces quelques exemples.

Lors du Tour de France 1993, à l’arrivée de l’étape à Serre-Chevalier, il apparut en direct à la TV sur le podium en compagnie de Gérard Holtz qui ne savait comment s’en débarrasser. Il fut évidemment reconnu immédiatement par des Salmiens qui n’en croyaient pas leurs yeux.
Lors d’un Grand prix de Formule1 à Francorchamps, il se glissa parmi la garde d’accompagnement de Bernie Ecclestone et entra ainsi – gratuitement – dans le saint des saints. De la resquille trois étoiles !
Une autre année, dans le paddock du même grand prix où il n’avait évidemment rien à faire, il se trouva en contournant un motor-home face à face avec le grand Ayrton Senna. Les deux hommes se serrèrent la main. Moment fugace. Moment intense. Souvenir inoubliable et émouvant.
A Roland-Garros, alors qu’il essayait d’apercevoir une partie de tennis par les interstices de la palissade, il fut surpris par un gardien. Au lieu de l’expulser, celui-ci le fit au contraire entrer et le plaça à 3 mètres de sa Justine préférée !
Qui dit mieux ?
Par contre, parti un peu tard pour assister au Prix d’Amérique à Vincennes ( remarquons au passage l’éclectisme de ses centres d’intérêt !) il arriva trop juste et suivit la course à la radio dans sa voiture sur le parking de l’hippodrome.

S’il excelle pour se mettre dans des positions invraisemblables, il se sort tout aussi bien de situations particulièrement scabreuses par son sens extraordinaire de la débrouillardise.
Ainsi, tombé en panne de boîte de vitesse à Stavelot, il rejoignit son domicile à Commanster, plus de 26 km, en marche arrière.
En revenant du CHU où il avait conduit sa grosse voisine voir son mari, la suspension de la voiture de celle-ci cassa. N’hésitant pas, il prit sa cognée, grimpa sur le talus où il abattit un bouleau qu’il débita pour obtenir un morceau qu’il intercala entre la roue et le châssis et parvint encore ainsi à rejoindre son village.
A un autre moment, l’alimentation en essence de sa voiture étant défectueuse, il se balada quelques jours avec une nourrice d’essence suspendue à l’extérieur de la portière arrière et alimentant directement le carburateur.
En revenant de Zolder, le câble d’accélérateur de sa Simca 1000 casse. Jamais à court d’idée, il avise un jardin où se trouvait un sèche-linge : il y prélève un morceau de fil et actionne ainsi l’accélérateur par la vitre ouverte de sa portière. Il faut dire que cette Simca en avait déjà vu d’autres puisque notre homme a fait du moto-cross de 1967à 1985, dans la province du Luxembourg d’abord puis à la F.M.B. Débarrassée de tous les sièges sauf celui du conducteur, cette voiture accueillait la moto de cross, tous les outils et souvent un ami mécano pour se rendre sur les différents circuits.

Le florilège de ses exploits ne s’arrête pas là mais il faut bien limiter leur énumération. Ajoutons qu’à ses capacités à abattre un énorme boulot, vous pouvez lui demander un service : il n’hésite jamais à vous le rendre.
Seul point noir de sa personnalité : il est un fan inconditionnel d’un vieux paletot qui a repris du service en formule 1, d’où de nombreuses passes d’armes entre nous deux !
Qui peut le plus peut le moins.

Robert NIZET

lundi 9 juillet 2012

VIELSALM DE MON ENFANCE (7)

(Les n° 1 à 6 ont paru dans L’Annonce de Vielsalm des 9 et 23 mars, 6 et 20 avril,
4 et 18 mai, 1 et 15 juin)


Dans la rue du Parc, on trouvait d’abord la maison de José Remacle et Renée Gabriel dont la fille Marie-Blanche est naine. Un jour, José eut un grave accident de voiture : on put voir au garage Jeunejean sa Renault Frégate avec l’empreinte exacte dans l’avant d’un arbre énorme qu’il avait percuté de face. Dans cette maison, mais est-ce avant ou après, il y eut un pendu. Et la famille Backès y habita après avoir quitté la rue des Ardoisières. Albert Schouterden venu de Diest y a construit une maison, de même que Raymond Joris. La maison des demoiselles Denis, fleuristes est, elle, plus ancienne .Une des demoiselles Denis était courtisée par Alexis Bruyère que l’on connaîtra plus tard par ses articles signés « Moustique » et qui, à l’époque, faisait de l’aviation légère. Au sujet de ce dernier, une anecdote avec trois versions : volant trop bas au-dessus de cette maison Denis, il accrocha un arbre ou une cheminée et tomba avec son zinc dans le champ près du nouveau cimetière. Une autre version est que l’incident lui arriva après avoir survolé la maison d’Emma Goldstein, à la gare, car il avait aussi des vues sur celle-ci. Enfin, une troisième version, moins romantique, est qu’il se crasha après avoir vu sa sœur Marie agiter à son intention un drap de lit dans les Doyards ! Une seule chose certaine : l’accident lui-même.

Vient ensuite la propriété Gomez. Victor Gomez est un grand monsieur sec et droit comme un I que je rencontre parfois en tournée d’inspection à ses ardoisières et régulièrement lors des remises de prix organisées par l’Ecole moyenne en grande pompe au Lido. Habite au même endroit une de ses filles qui a épousé Josy Ruche. Plus loin voici chez Madame Michels, professeur elle aussi à l’Ecole moyenne et dont une fille a épousé le fils Gomez voisin, Paul. L’ancien hôtel Olivier occupé par des participants à la chasse à courre précède la villa du vétérinaire Gillet qui est ornée d’un gros chat : pourquoi ? Celui-ci, le vétérinaire, pas le chat, sera renversé et tué sur le coup dans la ligne droite de La Bedinne. Après une petite ruelle conduisant à l’arrière des maisons de l’avenue de la Salm on trouve encore le greffier Simonis, chez Marcel Bosman qui ont un fils handicapé, Jean-Jacques. Son père était célèbre dans la région car il possédait un carrousel à chevaux de bois galopants qu’il installait à chaque fête de village. En face, voici les ateliers de fabrication de pierres à rasoir Archambeau.




La rue de l’Hôtel de ville à partir des Quatre-Coins. A gauche la maison du secrétaire communal Albert Jeunejean qui est aussi l’agent de l’organisme financier Le Crédit communal . L’ancien hôtel Rommès, très vétuste, va disparaître très vite et faire place à une nouvelle cour de récréation. Des classes y étaient installées : j’y suis allé quelques fois. Les planchers tremblaient et s’incurvaient au centre de la pièce ! Et voilà l’Ecole moyenne où je suis entré en 1959 donc. Là régnait le stavelotain Marcel Raskin sur quelques uns de nos professeurs : Roscius Catin pour les mathématiques, son épouse pour les sciences, Antoine Vitrier pour le français, Renée Gabriel et André Burton, sciences et math, l’ineffable Léon-Amphiarus Deprez pour le latin avant René Polis, l’abbé Pierrard pour la religion avant l’abbé Renert, curé de Ville-du-Bois, Otto Martin, géographie, Renée Decker, sciences, Edouard Senny, musicien et compositeur remarquable qui ne savait pas faire passer son art à des jeunes fort réfractaires, faut-il le dire, Robert Chatelain pour la gym, qui fait de nombreux allers-retours entre Vielsalm et la Tunisie ou le Maroc, remplacé à chaque fois par Joseph Colette, Madame Nicolas-Gomez pour la couture et Mademoiselle Jeanne Albert pour la cuisine et quelques autres. Ceci est, en fait, une autre histoire qui prendrait à elle seule plusieurs pages. Dans la cour, l’économe-surveillant Gaston Remacle, homme affable et calme circulant en Lambretta : nous ignorons alors sa valeur et son immense compétence en matière d’histoire locale. N’oublions pas au coin inférieur droit du bâtiment le couple des concierges Léon et Léona Talbot dont les deux fils sont nos contemporains. Plus bas, au-delà du parc, le café d’Eva Fourneau puis un espace non bâti où un jour au sortir de l’école nous assistons au creusement de grandes fondations par un bulldozer : Jules Guillaume construit son nouveau cinéma, Le Lido. Après : chez Victor Remacle et sa fille Madeleine, le docteur Cornélis, Jules Martin, Mathilde Archambeau-Goosse et Lucie et Alcidie Lemaire. Alcidie veuve de Charles Evrard, le marchand de vélos, travaillera dans les cuisines de l’Ecole moyenne et Lucie était veuve d’un Materne. Sa fille Rose-Marie épousera un Chiaradia, champion de Belgique de courses de côte au volant de sa Triumph TR3 !

De l’autre côté de la rue.
L’hôtel des Quatre-Coins tenu par Théophile Jacob, l’étude du notaire Duchâteau et puis un bâtiment qui sera successivement et notamment une papeterie (Daulne), un café – le 421 – (fréquenté notamment par le grand Louis Gilson) et un magasin de vêtements. Suit après la servitude donnant accès à l’arrière des maisons de la rue du Vieux marché les habitations de chez Custine-Denis, de chez Crépin, de chez Lallemand, greffier et de la belle-soeur du champêtre. Après la grosse et belle propriété du notaire Jules Lambert avec ses quatre filles dont deux – Marthe et Jacqueline – resteront à Vielsalm, il ne reste que deux immeubles : un qui servit un temps de café – La Camargue – dont je n’ai aucun souvenir et qui sera détruit par un incendie et le salon de coiffure d’Albert Lanuit.
En face donc, et pour finir, le parc communal où l’on vient de construire le monument des 3èmes Chasseurs ardennais sur base d’un projet d’Albert Schouterden. Dans le fond restera très longtemps la carcasse désossée d’une ambulance américaine vestige de la bataille d’Ardenne : nous y jouons souvent. Tout en haut, notre maison communale qui hébergeait le garde-champêtre Henri Evrard et son épouse et un temps une classe de l’école communale (dans l’ancien bureau de l’état civil à droite en entrant) : il ne restait guère de place pour les deux ou trois employés communaux dont Madame Thiry-Jacob.

(Avec la collaboration de Joseph Léonard)



Robert NIZET

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Toutes les choses ont une fin. Même les meilleures. Le tour de la localité est ainsi bouclé dans mes souvenirs. Tout n’a certes pas été dit, loin de là. De plus, des imprécisions et des omissions émaillent ces souvenirs qui, souvent, ne correspondent pas exactement à la réalité. Peut-être quelqu’un apportera-t-il un complément ? Souhaitons-le. Libre toutefois à chacun de les rectifier d’après les siens propres.

Les innombrables témoignages oraux, écrits, téléphoniques ou courriels reçus montrent que l’idée a plu. Merci à la dame de l’Annonce d’avoir permis la publication de ces souvenirs.

Vu la demande, ils ont, pour le quartier de la gare en tout cas, été remaniés et enrichis de photos et sont disponibles chez l’auteur sous forme d’un petit fascicule au prix de 6€.

Je les termine en rappelant les paroles de Tino Rossi chantant sa Corse natale et que j’ai faites miennes depuis longtemps :


Je ne voudrais pas être de n’importe où,
D’autre part ou d’ailleurs.
Quand le soleil se lève
Et que je vois mon pays,
Je voudrais dire
merci.
Merci d’être d’ici.

Robert Nizet/ ronizetvielsalm@hotmail.com