samedi 17 août 2013

La légende de la fontaine Saint-Gengoux de Vielsalm

Au temps d’autrefois
La légende de la fontaine Saint-Gengoux de Vielsalm

Qui se souvient encore de la fontaine Saint-Gengoux à Vielsalm ?
Elle se trouvait dans le talus de la propriété de Saincay, en face de la petite chapelle bâtie vers 1930, dite également de « Saint-Gengoux ». (Ce n’est donc pas la fontaine actuelle près de la chapelle).
Elle avait autrefois grande vertu, constituant d’ailleurs pour Vielsalm la source d’eau potable la plus rapprochée de la localité.
Une légende y était attachée.
De vieux papiers nous l’ont rapportée telle que l’avait recueillie feu Joseph Hens, de Vielsalm.
La voici dans son texte wallon et sa traduction française.

Saint Djingou èstût on grand guèrier.
On d’joûr à l’guère, tot s’lèvant â matin, i trova ses sôdârts qui pleurint d’sû.
I n’y avût qu’on soûrdant o payîs et c’estût les innemis qu’ènne èstint maisses.
On les oyût rire d’â lon et is s’amûzint à s’tapî d’lèwe.
Saint Djingou d’ha à ses sôdârts : « Si vos m’voloz esse fidèles al grande bataye qui va v’ni, vos âroz d’lèwe tant v’vôroz ».
Les sôdârts promètint.
Saint Djingou les quita et, on pauk après, i l’vèyint rivni.
I rapwèrtût l’soûrdan so s’dos ènn’ine hotte di pîre.
I buvint à leû sû, èt l’innemi fout batou com mây’n n’avât èstou.
Qwand i rivna â payî, saint Djingou planta l’hote, avou l’fontinne divins, wi-ce qu’on l’trouve todis.
Ons y pout pûhi tant qu’on vout : l’èwe dimanant todis à l’minme hauteur.
Li brâve saint èstut rivni â payis po viki tranquile, mins s’feume ni lî lèyût nin.
Qwand qu’il èstint o lit, èle lî r’provût d’âlî avou des ôtes… Qui sîs-dje ? des miséres di feumerèyes !
Mins l’pus bê d’hiswère, c’est qu’cèstût lèye qui l’trompû ! Et  l’bon saint Djingou l’savût !...
Al longue, i faliha.
Ine feye qu’èle rikminçût co, saint Djingou li d’ha: “Dji fais sèrimint qui dji v’sèrè todis fidèle. Fizoz l’minme sèrimint ! »
Li mâle kimére lèva les deûs dûs…
Pinsant, tot l’sibérant, li fére riknohe qu’èle mintût, nosse saint lî d’ha : « Nos alans alî à m’fontinne et nos î trimp’rans chascune on brès : s’i gn’a onk des deûs qui fait on fâ sèrimint, il ârès l’brès cût disqu’a l’sipale ! »
Il alint al fontinne, et l’feume hardimint tchôqua si brès o l’èwe. Mins èle li r’tira do minme côp tot criyant : èle l’avût tot cût, tot broulî…
Po s’vindgî, èle fiza towé si ome di s’galant : ci-chal lî spiya les djambes, et l’achèva d’on côp o l’tièsse.
Et vola poqwè on va priyî Djingou à l’fontinne po les mâs d’ûs (à câse des sôdarts qui pleurint) et les mâs d’djambes (les djambes do saint spiyîes). Et qu’les djonès djins qui s’promètet marièdje y vont trimpî leûs mains.

Traduction :
Saint Gangulphe était un grand guerrier.
A la guerre, un matin en se levant, il trouva ses soldats qui pleuraient de soif.
Il n’y avait qu’une source dans le pays et elle était en possession des ennemis.
On les entendait rire de loin et ils s’amusaient à se jeter de l’eau.
Saint Gangulphe dit à ses soldats : «  Si vous voulez m’être fidèles à la prochaine grande bataille, vous aurez de l’eau à discrétion ».
Les soldats promirent.
Saint Gangulphe les quitta et, un peu après, ils le virent revenir.
Il rapportait sur son dos, la source contenue dans une hotte de pierres.
Ils burent suivant leur soif, et l’ennemi fut battu comme il ne l’avait jamais été.
Quand il revint au pays, saint Gangulphe planta la hotte contenant la source, à l’endroit où elle se trouve toujours.
On peut puiser tant qu’on veut : l’eau reste toujours au même niveau.
Le brave saint était revenu au pays pour vivre tranquille, mais sa femme, ne l’y laissait pas.
Lorsqu’ils étaient au lit, elle lui reprochait d’aller avec d’autres… Que sais-je ? des misères de femmes !
Mais le plus beau de l’histoire, c’est que c’est elle qui le trompait, et le bon saint Gangulphe le savait !
A la longue, il s’énerva.
Une fois qu’elle recommençait encore, saint Gangulphe lui dit : « Je fais le serment que je vous ai toujours été, que je vous suis et vous serai toujours fidèle. Faites le même serment ! »
La mauvaise commère leva les deux doigts (prêta serment).
Pensant, en l’effrayant, lui faire reconnaître qu’elle mentait, notre saint lui dit : « Nous irons à ma fontaine et nous y tremperons chacun un bras : si l’un des deux a fait un faux serment, il aura le bras cuit jusqu’à l’épaule ! »
Ils allèrent à la fontaine, et la commère, hardiment, plongea son bras dans l’eau. Mais elle le retira, du même coup en criant ; il était tout cuit, tout brûlé.
Pour se venger, elle fit tuer son homme par son galant : celui-ci lui brisa les jambes et l’acheva d’un coup à la tête.
Et voilà pourquoi on va prier saint Gangulphe à la fontaine pour les maladies des yeux (à cause des soldats qui pleuraient) et les maux de jambes (les jambes du saint brisées) et que les jeunes gens qui se promettent le mariage y vont tremper leurs mains.

Extrait de la carte de Ferraris, vers 1770.

Fontaine miraculeuse donc, à l’eau bienfaisante, disait-on contre les maladies d’yeux, les rhumatismes et révélatrice de la sincérité des amoureux.
Depuis l’installation d’une conduite d’eau à Vielsalm, l’abandon a frappé la fontaine.
Aujourd’hui peu à peu comblé par les éboulements du talus, son emplacement reste à peine visible.
Et les amoureux ne vont plus, comme jadis, plonger leurs mains dans la hotte sacrée pour démontrer la loyauté de leurs serments.

Anonyme (01.12.1957)


vendredi 16 août 2013

Le Berger d’Arbrefontaine



De tous temps les berges ont eu la réputation d’être magiciens. Peut-être vous demandez-vous si la vie contemplative et méditative qu’ils mènent à travers champs leur a valu cette renommée. Je ne le crois point et j’en chercherai le motif dans un tout autre domaine.
Les herdiers avaient dans leurs attributions le devoir de soigner le bétail. Or, autrefois, les maladies qui frappent les mortels sans égard à la force ou à l’âge, étaient tenues pour diaboliques. Les pâtres qui connaissaient les vertus des simples et savaient les appliquer avec succès, étaient considérés comme possédant un pouvoir surnaturel.
En Wallonie, les traditions populaires ont conservé dans les contes, le souvenir du berger-magicien, type et symbole de l’espèce, qui dans le Condroz s’appelle Bèlem, en Hesbaye Paquai-Hawî, à Theux Brièmont, à Mont-sur-Marchienne David.
Le berger d’Arbrefontaine n’était pas un de ces êtres mythiques dont les aventures défrayaient les conversations lors des veillées. Il vivait il y a trois quarts de siècle et se nommait Gilles-Joseph Marquet.
Voici son signalement, tel que le décrit le passeport pour l’intérieur de la Belgique, délivré par le maïeur d’Arbrefontaine le 30 décembre 1863 :
« Agé de 57 ans. ― Taille 1 m. 70. ― Cheveux châtains. ― Yeux gris. ― Nez petit. ― Bouche moyenne. ― Barbe châtaine grise. ― Moustache néant. ― Menton rond. ― Visage ovale. ― Teint ordinaire. ― Corpulence forte. ― Signes particuliers : néant. »
Malgré l’imprécision de certains termes, ces détails permettent néanmoins de reconstituer la silhouette du herdier.
Marquet passait pour le plus grand sorcier de son époque et on lui attribuait le pouvoir de se métamorphoser en animal ou en arbuste comme il le voulait. Témoins ces exploits dont les annales villageoises ont conservé le souvenir.
Marquet avait un frère. Un soir, celui-ci regagnait son logis d’un bon pas. Soudain il ouit distinctement derrière lui le pas d’un cheval. Il gagna le bord de la route et s’arrêta pour laisser passer le coursier. Mais il eut beau scruter l’ombre, il ne découvrit point l’animal. Il reprit sa marche et ne tarda pas à franchir le seuil de son habitation. Quelques instants après, Gilles-Joseph rentrait à son tour.
Plusieurs fois encore, le villageois entendit ce cheval fantastique dont le trot lui causait une certaine inquiétude. Il fit part de ses appréhensions à Gilles-Joseph qui le rassura : « Soyez tranquille, je vous assure que le bayard ne viendra plus vous ennuyer. »
Effectivement le bidet ne troubla plus les retours du brave campagnard. Mais un jour, en arrivant au Magéru, il croisa un chien énorme au poil très noir et dont les yeux brillaient comme des escarboucles. Le mâtin se dirigea vers le journalier en grognant et en montrant des crocs inquiétants, le frôla, puis disparut derrière une haie. La rencontre n’était pas plus agréable.
Le lendemain, le frère de Gilles-Joseph regagnait sa chaumière content d’avoir cheminé sans mésaventure. Comme il arrivait au croisement de la route qui conduit à Wanne, le chien surgit et fit mine de foncer sur lui. Notre homme fit un écart pour l’éviter et continua à marcher en tremblant.
En voyant sa mine défaite, le berger lui demanda ce qui causait son tourment. Marquet se plaignit derechef du chien. Gilles-Joseph eut pitié de son frère : « Munissez-vous d’un solide rondin et le chien n’osera plus vous approcher, je vous le garantis ! » Le remède était facile à employer : le paysan le suivit à la lettre et il fut ainsi délivré des vexations de l’esprit malin.
Une autre fois, le herdier se rendait au marché de Stavelot, en compagnie d’un habitant d’Arbrefontaine. Tout à coup Gilles-Joseph prétexta un besoin urgent. Il sauta dans le taillis voisin, abandonnant son compagnon au milieu de la chaussée. Celui-ci, en l’attendant, résolut de se tailler une canne. Il avisa une souche bien vivante et s’apprêta à couper une branche très droite. Quelle ne fut pas sa stupéfaction d’entendre le buisson lui dire : « Ne m’élaguez point ce rameau, vous m’amputeriez du pouce ! » C’était encore un bon tour que lui jouait le berger.
Mais la célébrité du pâtre s’étendait bien au-delà de son clocher et de son canton. L’un de ses titres de gloire fut d’avoir été consulté par Léopold Ier. Les chevaux du roi crevaient tous frappés par un mal inconnu, dont les vétérinaires les plus habiles ne parvenaient à déterminer pas plus l’origine que l’antidote. Le pasteur fut appelé à Bruxelles pour examiner le cas. Par qui fut-il mandé ? Ne détruisons point par des questions indiscrètes et d’ailleurs insolubles l’auréole de la légende. Est-ce à cette occasion que le sorcier obtint le passeport dont j’ai parlé plus haut ? Quoi qu’il en soit, Gilles-Joseph visita minutieusement les écuries du palais royal, puis la nuit venue, il demanda à s’y enfermer seul. Dès que parut l’aube claire, on se hâta de lui demander le résultat de ses constatations. Mais Marquet hocha la tête et ne voulut rien dire. La nuit suivante, il recommença son manège et le matin, on le harcela de nouvelles questions. Il répondit de la même façon. On commençait à douter du pouvoir de l’Ardennais. Tout paraissait démontrer que sa réputation était surfaite. Une troisième fois, il se verrouilla dans l’écurie. Le lendemain, il sortit du bâtiment hirsute, congestionné, ruisselant de sueur. En le voyant, on devina qu’il avait dû se passer des choses extraordinaires. Le berger annonça d’un air vainqueur : « Je tiens la clef du mystère. » Et il raconta qu’un « général de la cour » se transformait en couleuvre, injectant son venin aux chevaux qui mourraient bientôt. Gilles-Joseph réclama l’éloignement de l’officier, ce qui lui fut accordé. Dès lors les chevaux n’eurent plus à souffrir de maléfices.
Malgré toute sa science, le berger ne parvint pas à prolonger sa propre existence. Après son trépas, sa femme s’en alla habiter Stavelot, auprès de sa belle-sœur et de son beau-frère que le berger avait tourmenté jadis. Pour toute fortune, la veuve amenait avec elle un coffre très lourd, fermé par deux serrures. Les parents s’informèrent du contenu de ce bahut. La vieille se borna à répondre qu’il renfermait quelques cuillères en argent sans importance. Cette huche intriguait l’hôte. Profitant d’une absence de sa belle-sœur, il crocheta les verrous et l’ouvrit. Grande fut sa surprise : Le coffre était rempli de pièces d’or. Il s’empressa de remettre le tout en ordre, en ayant soin de ne toucher à rien. Les pratiques magiques auxquelles se livrait le herdier l’avaient  toujours effrayé. Ignorant d’où provenait cet or, mais lui attribuant une origine diabolique, il préférait ne point en distraire la moindre parcelle.
S’entendant mal avec ceux qui l’avaient recueillie, la veuve retourna à Arbrefontaine, en emportant son précieux bahut.
Elle s’installa dans une chaumine presque en ruine, croupissant dans une affreuse misère. Elle décéda dévorée par la vermine. Le lendemain de sa mort, le feu prit à sa bicoque et la consuma. On accusa son défunt mari de s’être ainsi assuré la propriété du corps de sa compagne. Le frère du pasteur fouilla les décombres et à la place où se trouvait le coffre, il découvrit deux lingots d’or dont il n’eut garde de s’approprier.
Lors du décès du pâtre, le frère Marquet s’était emparé des livres de sorcellerie dans lesquels le disparu avait puisé son savoir. Le clergé de Stavelot, craignant la propagation de pratiques superstitieuses, fit plusieurs démarches pour se faire remettre les bouquins mystérieux. Malgré les offres les plus alléchantes, le rustre s’obstina à refuser toute cession, craignant sans doute que le berger ne lui jouât quelque tour d’outre tombe. Comme les prêtres insistaient, l’Ardennais têtu résolut de mettre les grimoires en lieu sûr, pour déjouer toute surprise. A la nuit close, il creusa un trou très profond dans son jardin et y enfouit les volumes. Vers la fin de sa vie, il voulut retirer les fameux livres qui avaient suscité tant de convoitise. Il fit de nombreux sondages à l’endroit où il les avait enterrés. Hélas ! il ne parvint pas à en recouvrer le moindre vestige. Une croyance populaire affirme que tout objet confié à la terre est immédiatement saisi par le diable. Le bonhomme en conclut que Satan avait été ravi de rentrer en possession du précieux dépôt, et cette déduction le convainquit une fois de plus des accointances de son frère avec l’enfer.
Les multiples exploits du berger d’Arbrefontaine animent encore aujourd’hui les récits des vieilles gens. Lorsque les terriens de cette région se trouvent dans une situation embarrassante, ils déplorent de ne pouvoir consulter le herdier. Et leurs regrets s’expriment en ces termes : Ki n’estangn’ co à timps dè vî berdjî !



G. Laport, dans L’Amblève Légendaire, 1931.

jeudi 8 août 2013

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

L’Organe de Vielsalm nous tient au courant de toutes  les petites nouvelles du coin :

Le 21 juillet 1912 : Notre sympathique G. Paquay vient de remporter une médaille d’or et un diplôme d’honneur à la course de régularité pour motocyclettes Paris-Liège.

Le 27 juillet 1913 : les coureurs indépendants du Circuit provincial organisé par le vélodrome de Jupille et le comité des fêtes d’Ayeneux traverseront notre localité lundi prochain vers 1h de l’après-midi.

Le 26 juillet 1914 : A Grand-Halleux, au Vélodrome de la Salm, des courses ont eu lieu le 19 écoulé sous les applaudissements frénétiques d’une foule passionnée et avec le concours de la société de fanfares. Classement de la première course : 1er : Lanuit, 2ème : Jeunejean, 3ème : Gilson, tous de Grand-Halleux, 4ème : Hoffmann de Rencheux, 5ème : Baccus de Grand-Halleux.

La nécrologie nous apprend que jeudi dernier ont été célébrées les funérailles de Constant Paquay. Une foule énorme y assistait, preuve certaine de l’estime acquit [sic] par le regretté défunt.

Le 9 juillet 1933 : Sur le circuit de Stavelot-Francorchamps se courra dimanche le Grand Prix de Belgique vitesse automobile. Le départ sera donné à 13h et les concurrents devront boucler 40 fois le circuit. Seront en présence la Maserati de Zehender, les 4 Bugatti de Varzi, Williams, Dreyfus et Lehoux, les 5 Alfa-Roméo de Nuvolari, Wimille, Markewich, Chiron et Moll.
Cette liste d’engagés ne correspond pas tout à fait à la grille de départ figurant dans les livres de références.

A Vielsalm, le vendredi 7 juillet vers 11h30 Alexandre Claude pêchait au ruisseau près de l’étang du Baron de Rosée au Tienne Messe. De loin, il lui sembla apercevoir un baigneur dans ledit étang mais en s’approchant il se rendit compte que c’était un noyé. Il s’agissait en fait d’une femme en laquelle on reconnut vite Léa Gothal, épouse de Constant Putz, camionneur à la boulangerie Demoulin. Le corps était vêtu d’un pantalon blanc et d’un cache corset, comme pour le bain. Les vêtements étaient déposés dans la cabine au bord de l’eau. Comme elle vomissait de la nourriture on suppose qu’elle a voulu aller se baigner après son déjeuner et qu’elle a été prise de congestion. Âgée de 23 ans, elle était mariée depuis 4 ans et n’avait pas d’enfant.

Le 1er juillet 1934 : le meunier François Heinskyll de Regné a été découvert mort, lundi, dans son moulin. Ce moulin est en construction et seule la roue motrice est montée. Le cadavre était au fond du trou de cette roue et portait plusieurs plaies béantes. On se perd en conjecture sur cette mort qui paraît étrange.

Le 8 juillet 1934 : vendredi après-midi un pénible accident est survenu sur le tronçon de la route en réfection devant la propriété  Misson. Un cycliste, M. Renard de Rencheux, s’était engagé dans le couloir déjà réfectionné lorsque la camionnette de M. Caëls de Rencheux survint par derrière et heurta le cycliste qui fut violemment projeté sur la chaussée. Il fut promptement dirigé vers la clinique de Trois-Ponts : on craint une fracture du crâne.

A Ville-du-Bois, vendredi dans l’après-midi, Melle Remacle  était allée traire dans les champs. Les vaches rendues furieuses par le chien qui l’accompagnait se lancèrent sur elle et s’acharnèrent. Aux cris poussés par la victime, des personnes travaillant aux environs accoururent et eurent toutes les peines à la délivrer. Le docteur Misson, mandé, a réservé son diagnostic.
                                                                                                                                                                                                     Robert NIZET


jeudi 1 août 2013

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

On lit dans l’Organe de Vielsalm

du 25 juillet 1909 : la Cour d’assises de Trêves a condamné à mort Breuer qui, il y a quelques mois, avait lâchement assassiné Mr Mathonet de St-Vith.

du 3 juillet 1910 : le chien du cantonnier Dufourny a été écrasé vendredi par le vicinal en face de la maison Rausens [actuellement Mullen à côté de la Place de Salm, voir la photo d’époque] à Vielsalm.

du 10 juillet 1910 : un club cycliste est en voie de formation en notre ville. Nous engageons nos jeunes à s’inscrire et nous formons des vœux pour voir à Vielsalm une forte société de sport. Il va sans dire que toute question politique sera écartée et que le seul but des organisateurs est le sport et l’athlétisme.

Le sport colombophile est, quant à lui, entaché d’une fraude de plus. Le sieur X qui occupait une place en vue dans la société  Le Ramier vient de se faire prendre en flagrant délit au local même au moment où il enlevait les bagues à ses pigeons avant de les enloger. Il faut savoir que les pigeons sont bagués à la société avec une bague en caoutchouc numérotée que l’on constate à la rentrée du pigeon. C’est grâce à M. Jean Kaiser, un dévoué commissaire, que l’on doit la découverte de la fraude qui aurait pu durer encore longtemps. L’amateur indélicat a évidemment été exclu de la société sine die.

du 24 juillet 1910 : un aliéné de la colonie de Lierneux s’est échappé lundi en trompant la surveillance de son gardien et a gagné la voie ferrée qu’il a suivie de Rencheux à Trois-Ponts sans être inquiété par les ouvriers de la voie qui prirent le fou, bien habillé, pour un surveillant ! En gare de Trois-Ponts, il tenta de prendre un coupon pour Bruxelles en disant qu’il n’avait pas d’argent : il fut éconduit puis gagna Stavelot où il logea avant de pénétrer dans le train vers Trois-Ponts pour regagner la colonie ! Son gardien, prévenu, arriva pour l’accompagner mais le fugitif tenta alors de se jeter par une portière alors que le train roulait. Il en fut empêché par son gardien et des voyageurs et réintégra la colonie.
Quelle affaire !

A Burtonville, M. N. Grolinger, brigadier des douanes en congé de maladie pour cause de neurasthénie a disparu de son domicile depuis samedi dernier le  16 alors qu’il voulait se rendre à Rogery. Le soir du 19 il n’était pas encore rentré. Une battue organisée dans les bois n’a rien donné et les recherches faites par la police allemande avec des chiens sont aussi restées vaines. Voici le signalement du disparu : 1,62m, cheveux et moustaches grisonnants, figure ronde, yeux gris-bleues [sic], chapeau de paille grand format, gilet et veston gris clair, pantalon de coutil, col de caoutchouc droit, cravate noire, souliers ferrés. Le même fait s’est produit il y a une quarantaine d’années et la victime, un douanier également, n’a jamais été retrouvée. On a toujours supposé que le malheureux avait été  enlisé dans les fagnes de Bechfat [sic].

A Lierneux, deux vaches ont été foudroyées dimanche dernier dans une pâture pendant l’orage qui s’est déchaîné sur notre contrée.

du 23 juillet 1911 : le bruit circule que le Gouvernement serait intentionné de démolir une partie du presbytère, de la maison Sépult et du mur de clôture de l’église pour élargir la route à cet endroit. Sous toutes réserves !

                                                                               Robert NIZET