vendredi 20 septembre 2013

Entretien avec un archéologue



 Début août, un jeune archéologue m’a annoncé sa visite imminente dans la région de Salm afin d’y prospecter à la recherche de meules. Afin d’organiser au mieux son séjour, j’ai pris contact avec Henry d’Otreppe, président de l’ASBL Val du Glain, Terre de Salm, afin qu’il rassemble au musée du coticule des hommes de terrain pour aiguiller le chercheur sur les différents sites. Jean-Claude Duvivier, Joseph Clesse, les agents DNF envoyés par Jean-Pierre Offergeld, Bruno Van Eerdenbrugh et Alain Hanson se sont montrés particulièrement efficaces.
Georges BENOIT

Paul Picavet découvre une ébauche de meule.
Bonjour Paul Picavet. Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de « L’Annonce » en quelques mots ?
― P. P. : Bonjour. Je travaille depuis quelques années comme archéologue dans le nord de la France. Notre mission est de mettre au jour les sites archéologiques menacés par les projets d'aménagement du territoire, d'en étudier la stratigraphie et le mobilier, afin d'enrichir nos connaissances sur les périodes chronologiques concernées. Mon axe de recherche s'oriente vers les outils en pierre utilisés pendant la Protohistoire et l'Antiquité. La pierre étant très bien conservée au cours du temps, l'analyse de ces objets et des traces d'usure qui les affectent apportent beaucoup d'informations sur le geste effectué et sur la pratique d'activités artisanales et domestiques que nous ne connaissons plus dans notre société industrialisée. Les meules sont un des exemples les plus parlants de cet usage de la pierre que nous ne nous représentons plus. Utilisées quotidiennement dans l'Antiquité, elles sont présentes sur la majorité des sites fouillés, et sont le fruit d'un travail d'extraction et de façonnage démontrant un grand savoir faire.
Bruno, l'orpailleur, Paul, l'archéologue, et Alain, le géologue.
 Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à la région de Vielsalm ?
― P. P. : On retrouve des meules en arkose dévonienne, un grès grossier gris formé à l'ère Primaire, sur tous les sites gallo-romains du nord de la France. Habituellement, on situe leur fabrication à Macquenoise, sur la frontière franco-belge, où l'arkose affleure et a été exploité à grande échelle à la période romaine pour la fabrication de meules. Mais en faisant quelques recherches, je suis tombé sur le blog "Vielsalm et ses environs", où Georges Benoit republie les archives de la région. Plusieurs articles publiés par Gaston Remacle dans les années 1960 mentionnent la présence de grandes excavations sur les bancs d'arkose, où l'on peut observer des ébauches de meules circulaires. A l'époque, il ne sait pas les dater, mais suppose une exploitation d'époque romaine. D'autres ébauches de meules, en forme de grains de café, attirent aussi son attention, et indiqueraient une exploitation pré- ou proto-historique. Or, il se trouve que la roche d'âge dévonien qui affleure dans les environs de Vielsalm est géologiquement comparable à celle de Macquenoise. Mon but était donc d'observer cette roche sur site et d'en prélever des échantillons, afin de voir si les deux faciès sont similaires, à l’œil nu et microscopiquement. Nous travaillons pour cela avec des géologues.

Comment s’est déroulé votre séjour ?
― P. P. : Dès mon arrivée au musée du Coticule à Salmchâteau, j'ai été accueilli de façon inattendue et tout à fait exceptionnelle par les membres de l'asbl Val du Glain, Terre de Salm.  Ce groupe de passionnés et de spécialistes de disciplines diverses (géologie, nature, histoire...) a tout de suite montré son intérêt pour mes recherches. J'ai donc été accompagné pendant trois jours par ces personnes connaissant parfaitement le terrain, et qui ont pu me guider directement sur les sites que je souhaitais découvrir. Sans cette aide précieuse, j'aurais erré dans la forêt avec mes cartes en espérant trouver quelque chose de visible. 

Quelles sont vos premières conclusions ?

― P. P. : Allant au delà de mes espérances, le gisement s'est avéré gigantesque et nous n'avons pas pu parcourir l'ensemble des sites mentionnés dans les archives. Tout l'ouest de Salmchâteau reste à prospecter. Nous avons observé, dans les bois, d'immenses levées de débris rocheux entourant des fosses plus ou moins profondes, témoins d'une exploitation ancienne de la roche à grande échelle. Certains blocs esquissent une forme circulaire, parfois bien aboutie, et la perforation centrale de la meule est quelquefois entamée. Ces ébauches de meules, dont certaines sont exposées au musée du Coticule, dépassent 1 m de diamètre, et permettent de dater l'exploitation la plus visible du Moyen-Âge. Quelques indices évoquent cependant une exploitation antérieure, comme la présence de blocs circulaires de 60 à 90 cm de diamètre qui peuvent remonter à l'époque romaine, et celle de blocs dits "en grain de café" qui correspondent à des ébauches de meules "va-et-vient" de la Protohistoire (Néolithique ou âges des métaux). Ces exploitations plus anciennes semblent cependant avoir été oblitérées ou détruites par les exploitations plus récentes.

jeudi 19 septembre 2013

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

Dans L’Organe de Vielsalm

Du 14 août 1910 : Samedi dernier, l’ouvrier ardoisier J. Muller de Neuville a aperçu au fond d’une ancienne fosse d’extraction le corps d’un homme : le cadavre relevé en présence de la Justice fut reconnu pour le dénommé Putz Fr. -Jos. de Bêche, marié et père de 8 enfants. On suppose qu’il se sera égaré et  tombé dans ce précipice d’une hauteur de 80 mètres. Son pied gauche était déchaussé et sa chaussette se trouvait à 10 m. du cadavre, le veston, manche droite retroussée, à 15 m. Le cadavre était complètement replié sur lui-même, la figure complètement enfoncée, jambe et bras droit cassés. La police a conclu à un accident.

Le 21 août 1910 : La myrtille, ce savoureux fruit forestier fait depuis quelques temps l’objet d’une très sérieuse et très lucrative exportation vers la capitale et d’autres grandes villes du pays. Nombre de familles pauvres trouvent dans la cueillette de cette baie un revenu supplémentaire qui, pour ne pas se chiffrer par des milles et des cents, représente néanmoins pour le budget du ménage un appoint qui n’est pas à dédaigner.

Le 20 août 1911 : À l’École moyenne de Stavelot, on extrait du palmarès le nom de quelques concitoyens qui se sont distingués pendant l’année d’étude 1910-1911 :
-à l’examen de sortie : François Gaston et Dussart Marcel, avec grand fruit, tous deux de Vielsalm ;
-2ème année d’études : Remacle Henri et Buy Henri , tous deux de Vielsalm;
-1ère année d’études : Théophile Malchaire de Neuville.

À Hébronval, un violent incendie s’est déclaré le 14 août chez M. Lejeune, maréchal ferrant. Le feu d’une violence inouïe a détruit le corps de logis, les écuries, les remises, une meule de foin et du bois de chauffage. Seul le mobilier du rez-de-chaussée a pu être sauvé grâce à l’initiative du commandant de gendarmerie des Tailles.

À Fraiture, un vol a été commis chez M. Léonard-Sevrin. Les escarpes ont enlevé une montre et une tabatière, valeur approximative 60 francs.

Le 4 août 1912 : Dimanche dans l’après-midi la voiture conduite par Mr Menu d’Argenteau a fait panache dans un des nombreux virages qui sillonnent la route de Vielsalm à Gouvy. Se trouvaient dans l’auto, outre le conducteur, son épouse et sa demoiselle et un couple d’amis. Recueillies par une auto de passage les victimes furent conduites à Gouvy pour recevoir les soins des docteurs Warland et Bozet. Mme Menu a succombé des suites de ses blessures.

Le 24 août 1913 : Le 31 août prochain, Salmchâteau-Villégiature fêtera sa fondation par des festivités dont le clou sera le corso fleuri à 3 h et le soir à 7h un cortège lumière qui parcourra les rues de la localité.
La formidable randonnée Liège-Paris-Liège (840km) avait réuni les 15, 16 et 17 derniers 92 concurrents. Notre sympathique camarade Georges Paquay a remporté le premier  prix en régularité, le premier prix en vitesse en palier [ ?] et le premier prix en vitesse en côte, ce qui lui donne le premier prix au classement général. Son équipe Singer enlève la coupe offerte par le Baron de Crawhez.


                                                                                         Robert NIZET

mercredi 18 septembre 2013

Glain et Salm, Haute Ardenne n°70 (mai 2013)



Sommaire
- V. GOMEZ, Souvenirs d’un exploitant de carrières et ancien bourgmestre de Vielsalm, (première partie) pp. 7-29.
- HONORÉ, Mémoires de guerre 1914-1918 à Vielsalm, pp. 30-41.
- M. PETERS, L’encadrement d’entrée à l’église de Beho : analyse, pp. 42-47.
- J.-F. GENDEBIEN, Dans les brumes du Lambiester auprès de la tombe de la marquise ( ?) de Contreras. Récit, pp. 48-51.
- J. DEPIERREUX, Les époux Lamort-Le Maire, leur mariage au domicile de la mariée et leur histoire, pp. 52-58.
- J. DETAILLE/ B. VAN EERDENBRUGH, Tranchées d’exploitation de sikèyes près de Mont Saint-Martin à Bovigny, pp. 59-63.
- B. MARENNE, Dommages de guerre à Bovigny, pp. 64-67.
- J. TOUBON, Un nouveau problème « frontalier » découvert en 2002, pp. 68-70.
- G. ANTOINE/H. D’OTREPPE, La peinture du retable danss la chapelle Saint-Roch de Renglez (Rettigny), pp. 71-73.
- J.-M. KOOS, Histoire du moulin Koos à Sart-Lierneux, pp. 74-79.
- J.-M. REMACLE/C. LEGROS/H. D’OTREPPE, De l’origine de certaines taques régionales, pp. 81-82.
- V.-d.-G., Les Grands feux, pp. 83-85.
- H. D’OTREPPE, « Tonnelet » en céramique découvert à Cierreux, pp. 86-87.
- Interview : Camille MARENNE, Souvenirs d’essartage, pp. 88-91.
- Changement d’aspect (Gouvy, rue de la Gare), pp. 92-93.
- Regard (barrières avec initiales d’Odon Warland aux Concessions), p. 94.
- Gens de chez nous ; F. THONUS, Adolphe Ratz, sergent fourrier, héros tombé le 8 avril 1915, pp. 95-97.
- M. STRUZIK, Service postal (enlèvement de la boite postale du village en 2012), p.98
- J. GATHOYE, « La merveilleuse » (dessoucheuse, brevetée par Louis DEHEZ, de Grand-Halleux), pp. 98-99.
- Décès d’Eric-Emmanuel Janssen, maître d’équipage honoraire du « Rallye Vielsalm » en 2012.
- C. GENDEBIEN, Retour de croix de schiste à Lierneux, pp. 99-100.
- V.-d.-G., Engreux : la croix des noyés. Précision, p. 101.
- L. D’OTREPPE, Salm, un nom exporté jusqu’au pôle Nord, pp. 101-102.
- M. ANTOINE, Le docteur Lomry, p. 109.
- G. LEJOLY, A propos de « dique », p. 109.
- Scierie Beaupain, p. 109.
- V.-d.-G., Deux « pierres » célèbres, pp. 110-111.
- Compléments à l’article Les Chalon d’Ardenne, pp. 111-115.

- L’entrepreeur Albert Halbardier (ouvrages bâtis), p.116.

jeudi 5 septembre 2013

« RENDEZ-VOUS SUR LES SENTIERS 2013 »

Premier rappel et précisions 

 Vous savez maintenant que la Commune de Vielsalm participe à ce rendez-vous avec l’opération de toilettage du chemin du Bonalfa et par l’entremise de la C.L.D.R. Les réactions à mon premier courriel/article ont été nombreuses et enthousiastes. Voici donc quelques précisions. Tout d’abord, deux associations importantes ont apporté leur soutien en invitant leurs membres à participer activement aux travaux : l’A.S.B.L. Val du Glain, Terre
de Salm et la Trientale. Je les en remercie d’ors et déjà. Ensuite, le mesurage du chemin a donné les résultats suivants : - Une première partie de 120 mètres qui n’est pas empierrée : l’a-t-elle jamais été ? Je pense que non car où serait passée la grande quantité de pierres nécessaires ? - La deuxième partie de 570 mètres commençant au poteau 48 du Sentier d’environnement : c’est la partie à toiletter. - Une troisième partie de 240 mètres a été recouverte de grenailles, peut-être par l’entrepreneur qui déverse des gravats à un endroit où l’on a abattu des hêtres. Nous ne nous en occuperons normalement pas dans un premier temps. Le travail des 19 et 20 octobre prochains consistera donc à racler, gratter et brosser l’empierrement sur 570 mètres. Si nous sommes cent, ça veut dire que chacun aura à nettoyer 6 mètres de chemin ! Que ceux donc qui ne l’ont pas encore fait bloquent ces dates dans leur agenda et préparent déjà pelles, pioches, grattoirs et brosses. Ils peuvent aussi - et c’est chaudement recommandé !- convaincre un ou deux amis, voisins ou parents à les accompagner. La photo jointe montre un mètre de l’empierrement nettoyé. 


 Robert NIZET 080/420959 0479/513584

 ronizetvielsalm@hotmail.com

mercredi 4 septembre 2013

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

La lecture de  L’Organe de Vielsalm nous apprend les petites nouvelles, les accidents et les drames suivants :

Le 12 août 1906 : lundi prochain sera donné le départ du 5ème Circuit des Ardennes qui sera couru sur le tracé de 1902 : Bastogne, Longlier, Offaing, Léglise, Anlier, Habay la Neuve, Corne du Bois des Pendus, Martelange, Bastogne, soit 85 ,714km à effectuer 7 fois.
L’Américain Arthur Duray remportera l’épreuve sur sa de Dietrich à la moyenne de 106,5km/h
Le départ des coureurs cyclistes inscrits dans le Tour de Belgique a eu lieu lundi dernier place de Brouckère à Bruxelles. Les courageux cyclistes venant de Dinant sont passés mardi vers 2h à Vielsalm se dirigeant vers Stavelot et Spa.
Jeudi dernier a eu lieu à Angleur le mariage de Melle Louise St-Paul de Sinçay avec M. le prince Albert de Ligne.
On annonce le décès au château de Vollezeele du baron de Steenhault de Warbeek, père de M de Steenhault-Nagelmackers, maître d’équipage de la chasse à courre de Vielsalm.

Le 4 août 1907 : à Beho, Monsieur l’Abbé Simon, curé, vient d’obtenir la décoration spéciale agricole. On ne dit pas pourquoi : peut-être avait-il un jardin de curé exceptionnel ?

Le 2 août 1908 : Hier à Bovigny, vers 11h, un chariot chargé de foin et appartenant au fermier J.J.S. flambait près de l’église à proximité du ruisseau longeant la route : l’eau abondante a permis à l’attelage de sortir indemne de l’aventure. Mais durant la nuit, le feu a vraiment réduit en cendre la maison des enfants Barbay située non loin du premier incendie. Tous étaient plongés dans le sommeil et s’en sont tirés in extremis. Beaucoup de Bovignois [sic] n’ont même rien entendu !

Le 9 août 1908 : Toujours à Bovigny, le parquet de Marche accompagné de médecins légistes a procédé  jeudi dernier à une descente de lieux pour indaguer au sujet de la mort d’un nommé Grandjean, piocheur au chemin de fer, survenue d’une façon tout à fait inconnue. On ignore les suites de l’enquête.
Encore et toujours des incendies ! Cette fois c’est à Mont qu’un incendie d’une extrême violence s’est déclaré : trois maisons complètement détruites.
Non loin de la fameuse cascade de Coo, un jeune pêcheur, M. Philippe fils, a capturé un brochet de 80cm de long pesant 3,700kg. Ce « requin  » de nos rivières a dû faire un beau festin de truites pour arriver à cette taille.
A Salmchâteau, des malandrins se sont amusés vendredi soir à changer les aiguilles de la ligne du vicinal Vielsalm-Lierneux. Grâce au sang -froid du mécanicien, une catastrophe a pu être évitée. L’incident se borne à des bris de rails.

Le 7 août 1910 : Noyade à Trois-Ponts : la petite Sch. âgée de 7 ans rinçait une pièce de linge à la rivière lorsqu’elle fit une chute dans l’eau et descendit le courant de celle-ci. On la repêcha 50 m plus loin. Il était midi et l’enfant venait de dîner : elle respirait encore lorsqu’on la retira de l’eau mais elle ne tarda pas à rendre le dernier soupir.
Et à La Roche : trois femmes de cultivateurs, les épouses Henry, Grandjean et Fulbert, se trouvaient occupées vers 5 h à rincer du linge dans la Chier à quelques distance de la commune de La Roche. Soudain, la planche sur laquelle elles se trouvaient agenouillées se brisa et les trois malheureuses cramponnées aux jupes l’une de l’autre tombèrent dans la rivière. Le fils Grandjean voulant leur venir en aide tomba également dans l’eau et fut entraîné par le courant. Des charretiers qui passaient par là entendirent leurs cris et parvinrent non sans peine à repêcher sains et saufs la femme et le fils Grandjean. Les deux autres par contre furent retirées de l’eau, inanimées, l’une blessée à la tête, l’autre respirant à peine, les deux dans un état désespéré.
Un phénomène ! Mardi dernier la truie de la ferme de Mme Vve Dubois à Fraiture mettait bas une nombreuse progéniture. Un des petits était singulièrement conformé : sa tête était très normale mais à partir de là bifurquaient deux corps de sexes différents avec huit pattes parfaitement constituées. Le spécimen a été remis à l’université de Liège pour examen.

                                                                  Robert NIZET