samedi 25 janvier 2014

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

La première page de L’Organe de Vielsalm du 16 janvier 1910 est entièrement occupée par une pétition qui circule dans la population de la région  tendant à organiser un train supplémentaire de Trois-Ponts à Libramont pour permettre notamment aux voyageurs de disposer de plus de temps à Bastogne. On verra  si les demandeurs auront gain de cause.

Un assassinat à la frontière : deux personnes se rendant à Weismes par un chemin creux ont trouvé un homme égorgé aux environs de Born. Il s’agissait d’un fermier qui avait touché une assez forte somme d’argent. Les assassins, car on croit savoir qu’ils étaient deux, seraient des chemineaux qui auraient pris la direction de la Belgique. Leur signalement a été transmis et la gendarmerie de Stavelot a fait une battue à la frontière et a visité toutes les cambuses.

A Vielsalm, la gendarmerie vient de découvrir l’auteur des vols de fils de cuivre servant à la transmission de l’énergie électrique au siège des Ardoisières réunies de Cahay. 7 kg de câble coupés en morceaux de 4 à 5 cm ont été retrouvés en la possession de J.F. de Salmchâteau. D’autres soupçons pèsent sur cet homme et on en reparlera sans doute.

L’Organe du 23 janvier 1910 annonce que la loi sur la milice a été signée le 14 décembre et qu’elle organise la suppression du tirage au sort. Outre les engagements volontaires, le recrutement de l’armée se fera dorénavant par l’appel des jeunes gens dont un frère n’accomplit pas ou n’a pas accompli un terme de milice. La nouvelle loi prévoit une série d’exemptions.

Dans L’Organe du 15 janvier 1911 on trouve cette poésie que je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager :

                              Le Manoir

Oui, il se dresse encor là-haut sur l’azur bleuSa fierté domine tout le vallon joli ;Ses donjons grisâtres où sont tombés les preuxSe profilent, massifs dans l’éther infini.Hautain, il s’impose aux choses d’alentourLes pierres s’effritent sous ses haillons de lierre ;Où logent sûrs, muets, d’un tranquille séjourHiboux et chouettes amis de toutes ses meurtrièresC’est le castel antique de mon pays natalQui vit, impassible, dans le recul des temps ;C’est le manoir hardi le héros triomphalLe vainqueur du César de la Rome d’antan.Souvent, il a vu arriver sur lui, terriblesEt les traits et les flèches d’un peuple ennemi ;Mais lui, au fort de la tourmente où il les cribleDu jet de ses balistes, ses meilleurs appuisLa paix se rétablit.- Les fêtes recommencent ;Le cor sonne éclatant, et le pont levisA laissé passer une horde qui s’élanceDans le bruit des sonnailles et des cliquetis.Et il se dresse encor sur l’azur bleuEt sa fierté domine le vallon joli ;Ses donjons grisâtres où sont tombés les preuxSe profilent encor dans l’éther infini.
                              Raymond Marx

Qui va se risquer à une analyse de ce texte ?


Dessin signé A.L. ( Adolphe Lacomblé vraisemblablement) et daté 1881 du château des Comtes de Salm, très certainement ce « manoir ».


                                                                                         Robert NIZET

samedi 18 janvier 2014

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

L’Organe du 17 janvier 1909 : A Langlire, dimanche dernier, les gens qui se rendaient à la messe du matin ont découvert au milieu de la route, couché dans la neige et ne donnant aucun signe de vie le nommé X Emile , graveur sur pierre. On doit attribuer sa mort à l’alcool et au froid puisqu’il s’était attardé une nouvelle fois la veille dans les cabarets. A l’heure où sont écrites ces lignes, le corps se trouve toujours à l’endroit où on l’a découvert ! Il n’est pas inutile de rappeler qu’on n’est pas obligé d’attendre l’arrivée des autorités avant de porter secours aux victimes et que la charité et l’humanité commandent même de les secourir  ou de reconduire le cadavre, sauf s’il porte des traces de violence. Langlire est distant d’une lieue du chef- lieu de commune et de deux lieues et demie de la gendarmerie la plus proche : voilà pourquoi les autorités tardent à venir.
A Grand-Halleux, une tentative de déraillement a été perpétrée dans la gare : une grosse pierre avait été placée contre l’aiguille dans le but de faire dérailler l’express. La vigilance des employés a permis d’éviter la catastrophe et la police informe.
A Petit-Halleux, la gendarmerie a procédé dernièrement à l’arrestation de trois personnes qui sont accusées de port d’armes prohibées et de tentative de meurtre.

Le 2 janvier 1910 : Une descente de police a eu lieu à Ourthe pour indaguer au sujet d’une affaire. Les sieurs B...et K… sont accusés de maltraiter leur vieux père simple d’esprit. Les juges auraient constaté des traces de coups.

Le 16 janvier : le parquet de Marche  a fait une descente à Ourthe au sujet des faits relatés ci-dessus. Il s’est aussi rendu à Limerlé où une femme C. pour se venger de son mari avec lequel elle vit en mauvaise intelligence aurait mis le feu à un hangar leur appartenant. Et tant qu’il y était, il a aussi constaté à Bovigny un vol d’objets divers et d’argent au préjudice de M. Jos. Blanjean, cabaretier.

Une belle excursion rentable pour le Parquet ! Région bien mal famée puisque :
Toujours le 2 janvier : A Cierreux et pour la deuxième fois en dix jours, la caisse de l’administration  du chemin de fer s’est envolée. Mais différentes arrestations ont été  opérées par la gendarmerie de Vielsalm. Sous toutes réserves, elle serait sur le point de trouver les voleurs qui ont dévalisé les gares de Vielsalm et de Cierreux
Le 9 janvier 1910 : différentes personnes de notre localité ont été arrêtées en cours de route par des vagabonds leur réclamant de l’argent. La police est sur les dents et nous n’en doutons pas mettra à l’ombre ces détrousseurs de grands-chemins.
Vendredi soir, grand  branle -bas dans la localité et particulièrement place Léopold [Aux Quatre-Coins, où se trouvait le café de Léopold Colson.  Il existe des cartes postales montrant celui-ci et portant l’une,  la légende Café Leopold, l’autre Carrefour Léopold, une troisième, Quartier Léopold !] : une troupe de quarante Romanichels accompagnée d’une quinzaine de gendarmes faisait sa dernière étape vers l’Allemagne.  Ces nomades  arrêtés à Durbuy où ils s’étaient rebellés contre la force publique campèrent dans la cour de l’école communale et furent le lendemain conduits à la frontière.



On le voit, en ce temps- là, les gendarmes étaient occupés tous azimuts bien que l’automobile ne fût pas encore très répandue, ce qui allait leur causer un surcroît de travail.

Robert NIZET

samedi 11 janvier 2014

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps

L’Organe de Vielsalm du 2 avril 1905 signale qu’un grand attrait à l’Exposition de Liège sera la présence les 12 et 13 mai de la célèbre meute de chasse à courre de Vielsalm que M. Saint Paul de Sinçay, maître d’équipage, a bien voulu promettre d’envoyer et qui fera accourir tous les amateurs de beaux chiens.

Il annonce aussi qu’une cabine téléphonique va être mise incessamment à la disposition des intéressés. Elle sera placée à la poste, dans la salle d’attente.

D’autre part, on demande des apprentis à l’Usine de pierres à aiguiser de M. Gustave jacques à Vielsalm. [ancienne maison Grognard au-dessus du magasin Hubo actuellement]

Le 30 mars 1913, l’Organe rapporte qu’un incendie d’une extrême violence s’est déclaré dimanche soir dans la maison de M. André Monfort à Lierneux. Grâce au prompt secours apporté par M Béchoux, pompier volontaire et au bon fonctionnement du matériel que M. le Directeur de l’asile avait bien voulu mettre à la disposition des sauveteurs, le sinistre a pu être localisé. De la maison incendiée, il ne reste que des ruines. Le parquet de Verviers a sur une plainte anonyme procédé à une enquête. Plusieurs pensionnaires ont été interrogés.

Il est vrai que les Monfort voient régulièrement leurs immeubles partir en fumée !

Le quadruple meurtre de Spa.

L’Organe de Vielsalm du 2 janvier 1910  relate cette horrible tragédie de Spa.
La maison du crime est adossée à la montagne boisée de la Sauvenière en contrebas des routes et comprend un corps de ferme, un corps de logis et un restaurant. Sur le côté, vers la route du Tonnelet, une porte donne sur la cour de la ferme ; devant, vers la route de Spa, l’entrée des granges et des écuries, la porte du restaurant. C’est en ce lieu qu’un horrible forfait a été commis.
Sous un amas de linge, Mme Evrard gisait, inanimée, morte, au milieu d’une mare de sang ; à la tête, d’épouvantables  blessures s’ouvraient, béantes. Le long du mur, le cadavre du petit Evrard, sanglant lui aussi, s’étalait, la tête fracassée. Sur le palier du premier étage, le corps, étendu sur le dos, de la troisième victime, M. Evrard. La chambre de la vieille mère fut ensuite ouverte : sur le lit un cadavre gisait, épouvantablement charcuté. Le chien de garde avait aussi été égorgé.
La police fait d’actives recherches qui, pour l’instant n’ont rien donné.

L’Organe du 3 avril de la même année reparle de l’affaire avec la découverte d’un couteau ensanglanté. Les parents des victimes ayant obtenu l’autorisation de mettre en vente tout ce qui se trouvait dans l’auberge et faisaient donc l’inventaire : ils soulevèrent un tiroir posé sur le comptoir auquel on n’avait jamais touché – négligence impardonnable de l’instruction – et découvrirent un couteau ensanglanté ! Cette découverte a une portée très grande : elle vient consolider les soupçons contre le garçon de  café Louis Julien détenu à la prison d’Amiens. Celui-ci arriva à Spa au moment de la quinzaine de l’aviation, prit pension chez un cafetier de la rue de la Sauvenière puis fut engagé comme garçon de café chez Evrard. Au cours d’une discussion qu’il eut avec un logeur, Julien sortit un jour un poignard de sa poche en disant qu’avec cela il pourrait faire une belle boutonnière. Le témoin a formellement reconnu le poignard en question. Cette découverte a provoqué une grande émotion à Spa où l’on apprécie très sévèrement la façon dont l’instruction a été menée.

Le 29 octobre, l’Organe signale qu’un sinistre quatuor composé de Julien, Jean, Garnier et Kerboriou, ( des déserteurs, interdits de séjour et dépourvus de tout sens moral) a été arrêté en France. La Cour d’Amiens vient de commencer les débats concernant cette affaire.

Le 19 novembre, on apprend que Julien, condamné à la peine capitale s’est pourvu en cassation et que les trois autres qui ont eu la chance d’y échapper vont être dirigés vers le bagne de Cayenne. Le 10 décembre, l’Organe précise que ce pourvoi est rejeté et le 31 décembre  que Julien a vu sa peine de mort commuée en travaux forcés à perpétuité : il sauve ainsi sa tête. Fin de l’affaire, donc, réglée en moins d’un an !


                                                                               Robert NIZET

dimanche 5 janvier 2014

Dans l'Organe de Vielsalm, il y a bien longtemps




L’Organe du 6 janvier 1907  nous apprend qu’en 1906 la population de la commune de Vielsalm a augmenté de 31 habitants et qu’elle en compte donc 3667. Il y a eu 24 mariages, 87 naissances et 154 entrées, 44 décès et 158 départs.
Un exploit peu banal a été fait ces derniers jours par un de nos vieux abonnés, adroit tireur : il a abattu sept corbeaux d’un seul coup de fusil !

Le 27 janvier 1907 : un incendie très violent a réduit en cendres les habitations Winand et Kinable à Salmchâteau. A propos du même village, le ministre des chemins de fer a répondu à une demande, que c’est parce qu’il n’existe pas à Cierreux de maisonnette de garde où puisse se faire, comme à Salmchâteau, la distribution des coupons,  qu’il a fallu y construire un petit bâtiment. Le moment n’est donc pas venu de construire ici un bâtiment.

Le 24 février 1907 : A Vielsalm, mardi dernier, un éboulement s’est produit à l’ardoisière Les Continârds .Il n’y a pas eu accident de personne et le travail a pu continuer.
A Rencheux, nos pandores en tournée au village ont dressé dimanche dernier cinq procès-verbaux pour tapage nocturne.
La grande préoccupation des Salmiens est pour le moment l’éclairage électrique. Certains prétendent que nous ne serons éclairés électriquement que fin 1907, d’autres soutiennent le contraire. Le prix du kilowatt n’est pas encore fixé. Espérons que ça ne nous coûtera pas plus cher qu’ailleurs et attendons-nous à voir remiser nos antiques « lamponnettes ».
A Salmchâteau on a volé la semaine dernière un cochon gras. Les escarpes, après avoir tué et dépecé la bête, ont renvoyé les dépouilles au propriétaire !
La faim chasse le loup hors des bois ! Au nord de l’Eifel, les loups causent pour le moment de gros dommages au gibier. Des bandes entières de loups quittent les forêts de l’Ardenne belge et se rendent en territoire allemand, se risquant jusque dans les villages.

Le 5 janvier 1908 : Un extraordinaire exploit cynégétique a été accompli par M. le Baron de Rosée la semaine dernière : un magnifique cerf et un énorme sanglier ont été abattus par cet adroit Nemrod pendant les deux jours de traque qu’il avait organisés. Figuraient également au tableau plusieurs pièces de gibier de moindre importance.
Le 9 février 1908 : un chasseur moins adroit cette fois. Voulant tuer son temps et effrayer éventuellement quelques corneilles, M.P.M. est parvenu à faire éclater le canon de son fusil et à se faire déchiqueter le bout du médulaire et de l’annulaire gauches. Il n’aurait pas réussi si bien son coup s’il n’avait eu soin de charger le chassepot avec de la poudre de mine et de menus morceaux de fonte en guise de grenaille !

Le 16 février 1908 : un terrible accident de travail s’est déroulé le 14ct vers 11h30 aux carrières exploitées par la Société Pierres ouvrées de la Salm. L’ouvrier Emile Gérard, 38 ans, travaillait au fond dans la partie dénommée Galerie Gabriel. Son travail consistait à remplir un tonneau de déblais qu’il devait remonter au jour. Pendant la remontée et alors que Gérard s’était mis à rajuster un tuyau d’aération, le tonneau élevé à 15 mètres s’est détaché et s’est abattu sur le malheureux qui fut horriblement mutilé. Malgré les soins du Dr Michaux, la victime est morte vers 15 heures.  Veuf et père de deux enfants, il devait convoler en secondes noces prochainement.


Robert NIZET