samedi 30 mai 2015

Trois hôtels « de Belle-Vue » à Vielsalm (1/5)

L’Hôtel de Belle-Vue Lebaron

Le premier Hôtel de Belle-Vue se trouvait dans ce qu’on appelait la vieille maison ou Villa Mouton ou encore château Marnix de Sainte-Aldegonde situé sur l’emplacement occupé jusqu’au 15ème siècle par les Comtes de Salm et actuellement par le restaurant portant la dénomination à juste titre très controversée Les contes de Salme.
C’est donc dans ce vieux « château » que fut d’abord installé un hôtel par Joséphine Lebaron-Lebrun. Eugène Henrard prend ce bâtiment en location en 1857 puis l’achète un an plus tard alors qu’il porte déjà l’appellation « de Belle-Vue ». Mais, en 1864, Henrard devait de l’argent à Constant Offergeld, négociant de la localité,  et sa dette était garantie par l’hôtel.  Comme celle-ci ne fut pas remboursée, le bien fut mis en vente et acquis par Bertrand Beaupain, marchand tanneur et bourgmestre de Petit-Thier puis de Vielsalm. On ne sait si celui-ci occupa réellement l’immeuble.


L’Hôtel de Belle-Vue Thonard

Henrard traverse alors  la route et construit le nouvel « Hôtel de Belle-Vue »:  j’en possède la clef de voûte en schiste datée 1867 actuellement en dépôt au Musée de l’Histoire et de la Vie salmiennes. Rappelons qu’en 1844 est construite la nouvelle route qui comble la vallée entre le coteau de Priesmont et le promontoire du « château » et de l’église. Des remblais sont déversés le long de la route, créant ainsi un nouvel emplacement mis à profit par Henrard. On raconte que pour stabiliser ces remblais des troncs de chêne entiers y auraient été enfoncés verticalement.

Lucien Jottrand, auteur de l’article intitulé La vallée de la Salm  publié dans la Revue de Belgique en 1869 écrit: « …Après l’église, après le château de plaisance  restauré naguère sur l’emplacement de l’Hôtel de Belle-Vue, on remarque dans la petite ville le nouvel Hôtel de Belle-Vue, construit tout récemment vis-à-vis de ce château, de façon à ne laisser croire à aucune déchéance de l’établissement.… »

                                                                   
                                                                                                  Robert NIZET

dimanche 24 mai 2015

Recette d'encre

Les papiers Philippin, aux Archives de l’État à Saint-Hubert, renseignent cette recette du XVIIIe siècle :


"L’encre perpétuelle Pour une bouteille et demie mesure de Liège, il faut deux onces et demie noix de galle, concassées ; deux onces gomme arabique ; deux onces couperose verte, pour cinq ou six liards de sucre candi le plus blanc, et mettre le tout infuser avec de l’eau de pluie, au soleil s’il est possible, pendant 10 à 12 jours, en la remuant de temps en temps. Lorsque la bouteille est à un quart vide, on la remplit d’eau de pluie, et si après l’avoir remplie plusieurs fois l’encre n’est plus assez noire, il faut y remettre de la couperose, environ une once, avec un peu de sucre candi." 

mercredi 20 mai 2015

Nouveau livre


Ancienne carte postale de Bovigny.
Sortie du nouveau livre de Georges ANTOINE « L’enseignement dans l’ancienne commune de Bovigny », 79 pages, avec illustrations, au prix de 10€.

samedi 9 mai 2015

Jean Bertholet

BERTHOLET.

Bertholet (Jean), historien, naquit à Vieil-Salm, bourg de la province de Liège, le 30 décembre 1688.
Dès qu'il fut en âge de fréquenter un collège avec fruit, ses parents l'envoyèrent à Luxembourg où il fit son cours d'humanités et sa philosophie sous la conduite des jésuites.
Ayant pris la résolution d'embrasser leur institut, Bertholet se rendit au collège de Tournay, où il commença son noviciat le 8 octobre 1708.
Après ses premiers vœux et son année de répétition, il fut chargé, selon la coutume, de régenter les basses classes, et il remplit ces fonctions l'espace de sept ans à Tournay et ailleurs.
Il commença à Douai son cours de théologie qu'il acheva à Paris : ayant été ordonné prêtre, il se lia à la Société de Jésus par la profession solennelle des quatre vœux. Cette cérémonie eut lieu à Armentières, le 2 février 1723.
La prédication lui fut principalement recommandée par ses supérieurs ; il s'en occupa pendant quatorze années avec le plus grand zèle. Il parcourut toutes les villes et les communes de la province Gallo-Belgique. L'activité de sa vie empêcha qu'on vit les défauts de son caractère.
Enfin sa santé ne pouvant plus soutenir cette fatigue, il abandonna la chaire et se voua, du consentement de ses supérieurs, à la composition de divers ouvrages historiques. L'histoire ancienne de la province du Luxembourg semblait l'intéresser le plus. Il étudia tour à tour les P. P. Catrou, Rouillé, Longueval et l'abbé Fleury qu'il avait choisis pour ses modèles.
L'auteur n'étant pas d'accord avec ses supérieurs, au sujet de la publication de son ouvrage, et l'étant encore moins avec ses imprimeurs et ses graveurs, il se créa beaucoup de difficultés désagréables pour lui-même, et nuisibles au succès de son livre. Changeant souvent d'imprimeur et de relieur, il laissa à chacun d'eux une partie de sa publication en paiement de ce qu'il leur devait. Ce fut dans cette circonstance que son caractère parut dans tout son jour. Tout le monde fut convaincu que le père Bertholet était un drôle de corps, un original. Pour ne pas devoir s'adresser à ses supérieurs, il avait emprunté à tous ses collègues de toute la province Wallone, la petite somme de leurs épargnes. Mais toutes ces sommes réunies ne pouvaient couvrir les dépenses incessantes d'une publication aussi longue que celle de l'histoire du Luxembourg. Il en résulta qu'on eut la plus grande peine à fournir aux derniers souscripteurs un exemplaire complet. « Il faut vous dire », écrivit le père Mareschal à un de ses amis de Bruxelles, le 31 mai 1767, « que l’entêtement de l'auteur a été cause de la dispersion des différents volumes de son histoire. Il s'est obstiné à imprimer sans avoir les fonds nécessaires, et a emprunté de nos collègues ou des étrangers de quoi fournir aux frais les plus pressants. Outre cela, il a eu des difficultés avec son papetier, son imprimeur, son graveur et différents relieurs, ce qui l'a obligé à envoyer aux uns une partie de ses volumes à mesure qu'ils sortaient de la presse, pour les apaiser; et que d'autres ont saisi d'autres parties pour s'assurer de leur dû. »
Il résulte clairement de cet exposé que l'administration de Marie-Thérèse n'a pu avoir la moindre influence sur l'esprit ou les goûts de Jean Bertholet. M. De Reiffenberg, en insinuant l'opinion contraire à la page 47 de sa fameuse « Introduction », a donc commis une erreur grave. Mais ce qui est plus fort, c'est que le père Bertholet a passé la majeure partie de sa vie hors de la Belgique, et que la plupart de ses travaux historiques ont été élaborés avant sa retraite à Liège et avant le règne de Marie-Thérèse. Il est d'ailleurs difficile de comprendre comment les lois de cette souveraine auraient pu avoir de l'influence sur la Société de Jésus, à Liège.
La volumineuse histoire du Luxembourg ne fut pas la seule publication de l'auteur. Mais toutes lui attirèrent des critiques assez violentes dont les mauvais effets rejaillissaient jusque sur l'ordre des jésuites. Ses supérieurs crurent qu'il était de leur intérêt comme de leur honneur d'y mettre un terme.
La mort l'arracha de ses travaux historiques à Liège, le 26 février 1755, à l'âge de 67 ans.





Nous devons au père Jean Bertholet, les ouvrages suivants :
1° « Histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg et du comté de Chiny », Luxembourg, 1741-1743, 8 vol. in-4°. Cet ouvrage, vivement critiqué dès son apparition, n'a pas eu de succès. M. Dewez, en résumant toutes ces critiques, accuse l'auteur d'avoir entassé sans goût comme sans méthode, tous les miracles ridicules dont sont remplies les vieilles légendes. Voici le jugement du célèbre évêque Hontheim sur le même livre : « Licèt quàm ad pluribus rebus exteris, ad universalem magis quàm ad particularem historiam pertinentibus nos gravaverit auctor, atque in super regulis critices se modicè admodùm tinctum probaverit ; in eo tamen illi debitores sumus, quod ex Luxemburgensi  principali archivo (quod ci patuit) probationum loco complures cartas aliaque non contemnenda monumenta ediderit, ad res harum partium, signanter vero ad monasticen superioris Archidiœcesis, apprime facientia. » Cette, critique est judicieuse ; elle n'est pas entachée de la dédaigneuse philosophie de M. Dewez.
On voit que Bertholet a été égaré par ses modèles les pères Catrou et Rouillé. Je suis loin de vouloir me mettre en opposition avec tout le monde, mais je suis convaincu qu'il est souvent difficile de faire mieux que celui qu'on hasarde de critiquer. Bertholet fut accusé par son frère, le père Michel Simon, plus connu sous le nom de Khalen, d'avoir copié les mémoires de M. Pierret, qu'il aurait eus du baron de Marchant d'Ansebourg. Un capucin se mit aussi delà partie, et ce religieux fut plus laborieux et plus actif que le père Khalen. Enfin l'ouvrage de J. Bertholet occasionna une espèce de soulèvement dans la république des lettres. On lui attribue à tort un opuscule qui au contraire a été publié contre lui, comme l'indique suffisamment le titre que voici : « L'Ancienne tradition d'Arlon, injustement attaquée par le P. Bertholet, jésuite ; mais justement défendue par la ville d'Arlon et le magistrat d'Arlon », Luxembourg , 1744, in-8e.


2° « Histoire de l'institution de la Fête-Dieu, avec la Vie des bienheureuses Julienne et Eve, toutes deux originaires de Liège », Liège, 1746, in-4°. Ce livre, orné de quantité de tailles-douces, est dédié au prince-évêque Jean-Théodore de Bavière. L'auteur y a inséré beaucoup de hors-d'œuvre comme dans ses autres compositions. D'ailleurs il n'écrit pas avec la simplicité que demande l'histoire. On est autorisé à présumer que tout ce volume est le résultat d'un sermon prononcé par le père Bertholet à Saint-Martin-en-Mont.
3° « Oraison funèbre de S. M. l’Impératrice-mère Élisabeth-Christine, née duchesse de Brunswick Wolffenbuttel, etc., composée en latin par le R. P. Jacques De Laet, de la comp. de Jésus, et traduite du latin en français par le R.P. », etc., Bruxelles, 1751, in-4°.
4° « Histoire de l'église et de la principauté de Liège », 1749, manusc. in-fol. de la Bibliothèque de l'Université de Liège. On lit en tête de ce livre : « Les réviseurs ont rejeté ce livre à la révision, tant ceux de la province Gallo-Belgique que ceux de la Flandre-Belgique, où l'auteur, autorisé par N. R. P. Général, s'était adressé. Signé : J. - B. De Marne, collegii Leodiensis vice rector ».
5° « Vies des Saints des Pays-Bas, selon l'ordre du Martyrologe belgique, où sont rapportées les fondations des évêchés, des églises collégiales, des abbayes, des monastères et des couvents des différents ordres religieux, soit d'hommes, soit de femmes », manusc. en 2 vol. infol., qui est probablement celui désigné par la Commission d'histoire, sous le titre de : « Histoire ecclésiastique des Pays-Bas, y compris le Martyrologe Belgique », dont le premier volume se trouve à la Bibliothèque du séminaire, et le second dans celle de l'Université de Liège.
6° « La Vie des Saintes des Pays-Bas, ou les femmes illustres dans l'Église », 1747, in-fol. Ce manuscrit ne se trouve pas sur la liste des ouvrages du père Bertholet, dressée par un de ses confrères de Liège après sa mort; il est comme le précédent, à la Bibliothèque de Liège.
7° « Abrégé de l'histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg et du comté de Chiny », in-fol. Le manuscrit original de 635 appartient à M. Lavalleye, professeur à l'Université de Liège.


M. –F. – V. GOETHALS, « Lectures relatives à l'histoire des sciences, des arts, des lettres, des mœurs et de la politique en Belgique, et dans les pays limitrophes, commencées en 1818 », tome 3, Bruxelles,  1838, pp. 221-227.

Extrait de La Belgique Monumentale et Pittoresque (1844)

Jusqu'ici, nous n'avons encore vu les Ardennes que sous leur côté pittoresque et riant; elles vont nous apparaître maintenant sous leur aspect d'aridité et de désolation. ll n'y a jusqu'à présent pour arriver à La Roche qu'une seule route praticable pour les voitures : c'est un embranchement qui va rejoindre â Champion la grande route de Namur à Arlon. Du côté de l'est, une autre route est en construction qui se dirigera sur Stavelot en passant par Viel-Salm. Cette route est un vrai travail de géants. Elle est entièrement taillée dans le roc vif, depuis le fond de la vallée de l'Ourthe jusqu'au sommet de la montagne de Samrée, une des plus hautes du Luxembourg. A cette hauteur, la nature du sol change. Plus de vertes et fertiles vallées, plus de coteaux couverts de jardins en amphithéâtre. De mornes bruyères, des montagnes noires et pelées, des marécages semés de dangereuses fondrières, s'étendent â perte de vue. Comme compensation seulement, si vous gravissez quelques points élevés, d'immenses lignes d'horizon étendent autour de vous leurs cercles bleuâtres. Et si cette partie de l'Ardenne est la plus sauvage, c'est celle aussi où les mœurs des habitants ont conservé le plus de rudesse. Les villages des l'ailles, de La Baraque, de Bérisménil, ne jouissent pas dans les cantons environnants d'une très-bonne réputation. On accuse généralement leurs habitants d'avoir trop souvent recours dans leurs querelles au chêne noueux de leurs forêts. Il est à espérer que les grandes communications qui vont s'ouvrir dans ce pays auront bientôt fait disparaître ce que ces mœurs ont conservé de par trop primitif.
La vallée où coule la rivière de Salm forme comme une oasis au milieu de cette contrée sauvage. La rivière de Salm, qui est un affluent de l'Emblève, traverse les villages de Viel-Salm et de Salin-Château, et quitte la province de Luxembourg au nord du Petit-Halleux, pour entrer dans celle de Liége.
SALM est le nom d'un comté qui était un fief de celui de Luxembourg.
Le fondateur de la maison de Salm, puissante maison princière dont plusieurs branches existent encore, fut Herman I", fils de Gilbert et frère de Conrad, comtes de Luxembourg, qui fut proclamé empereur d'Allemagne en l'an 1081. Henri I", son arrière-petit-fils, mort en 1165, laissa deux fils : Henri, qui est le chef de la maison de Salm en Lorraine, et Conrad, qui continue la maison de Salm en Ardenne. Le quatorzième comte de Salm en Ardenne, Henri VI, survécut à son fils unique, Henri, tué en 1408 à la bataille d'Othée. Il institua pour héritier son plus proche parent, Jean, seigneur de Reiferseheid, tige des comtes de Salm-Reiferscheid, Bedbur et Kranthein, et des comtes de Salm-Reiferscheid Dyck, aujourd'hui régnants, maison dite de Bas-Salm.
La ligne masculine des comtes de Salm en Lorraine s'éteignit en 1560 dans la personne de Simon, comte de Salm en Lorraine, qui laissa une fille unique nommée Jeanne. C'est d'elle que descendent les différentes branches encore existantes de la maison de liant-Salm. La maison de Salm-Salm est formée de la réunion de ces deux branches. On se rappelle qu'en 1850 un prince de Salm-Salm se présenta comme candidat au trône de Belgique, en s'appuyant avec raison sur son origine entièrement belge.
La constitution géologique des environs de Vieil-Salm est extrêmement remarquable et forme une des principales richesses du pays. Outre les ardoisières d'Ottré, qui sont d'un grand produit, le phyllade pailleté de Vieil-Salm, d'Ottré, d'Osart, de la Comté et de Bihain est traversé de veines de coticule (pierre à rasoir) jaune, à bords translucides, très-estimé dans le commerce et qui s'exporte dans toute l'Europe. On entaille les pierres à rasoir de sorte qu'une couche de coticule jaune adhère a une couche de phyllade et en soit en quelque sorte supportée.


A. BARON, « La Belgique monumentale, historique et pittoresque », Volume 2, Bruxelles, 1844, pp. 102-103