mercredi 27 janvier 2016

RELATION DE LA VIE A GORONNE PENDANT LA GUERRE 1914-1918- ANNÉE 1916

Voici la suite du « Liber memorialis » de la paroisse de Goronne  (Pages rédigées par l’abbé Leboutte, curé de Goronne), en ce qui concerne l’année 1916.


Roger GEORIS

 

 

 

Anno 1916


                              A la fin de l’année 1915, la vie commence à devenir d’une cherté incroyable : c’est le commencement d’une hausse énorme des prix de tous les articles. Heureusement, la commission américaine « For Relief in Belgium », dont les rouages sont fort
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Ici la page est coupée et au verso de ce qui reste, une note signée par l’Abbé Georges, successeur de l’Abbé Leboutte à la cure de Goronne signale que :
« Le 20 avril 1920, Monsieur le Vicaire général Cawet m’autorise à supprimer cette page ».
Le récit reprend donc à la page suivante comme suit :
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l’an je donne les cours de 3ème latine, à un autre les cours de langues pour la 5ème, aux deux autres les leçons de la classe préparatoire d’Humanités avec les premières notions de latin.

               Les jeunes gens du village, trouvant le besoin de s’amuser pendant que leurs compatriotes souffrent au front, dans les hôpitaux, dans les prisons, ont institué une société de foot ball, le Belge Club ! Et ils jouent chaque soir en semaine ; et le dimanche, ils désertent les offices de l’après-midi, ils vont s’exhiber dans les villages voisins, ils s’y enivrent, ils tapagent, hurlent et souvent pendant la soirée et la nuit. Evidemment, les sociétés des environs leur rendent la pareille. Il paraissait que l’argent recueilli irait aux prisonniers de guerre ; mais il faut d’abord payer les ballons, les costumes de jeu, les chaussures et la rincette. Et que reste-t-il pour les prisonniers ? … C’est bien triste de devoir constater de pareilles choses en temps de guerre !

               A l’occasion de la Solennité de l’Adoration, le R. P. Armand ; O. F. M. de Bastogne a prêché aux saluts du Triduum. Les offices ont été bien suivis. Il y a eu 170 communions le jour de l’Adoration (c’est chaque année le même chiffre, parce que ce sont toujours les mêmes qui ont gardé leur vieille coutume) ; le lendemain, dimanche 6, il en est revenu 95, qui avaient communié le 5, à une communion spéciale pour les soldats morts à la guerre. Le R. P. a été fort bien écouté et vivement regretté.

               Pendant le mois de Novembre, nous avons appris que l’autorité allemande enlevait dans toutes les provinces de Belgique des hommes de 17 à 55 ans de toute condition, qu’elle appelle « chômeurs » sous prétexte de leur fournir du travail en Allemagne, travail pour lequel ils seront payés, ce qui leur donnera de quoi se nourrir ainsi que leur famille, et de plus, ils cesseront d’être à charge de l’assistance publique. Au fond, ce n’est que l’esclavage qui nous menace. Nous avons dû comparaître à Vielsalm, le19 Décembre, au nombre de 65 ; une bonne trentaine ont communié le matin pour se fortifier dans cette pénible circonstance. On a pleuré beaucoup dans la paroisse depuis quelques jours ; nous avons assisté à Vielsalm à une des plus tristes scènes qu’il soit possible de voir. Deux jeunes hommes de la paroisse ont été retenus et nous les avons vus partir pour l’exil… Ce qu’on a versé de larmes ce jour-là !…

               Le nombre des communions en 1916 a été de 4247.





mardi 12 janvier 2016

HISTOIRE : La dalle à incrustations dans l’église de Vielsalm

La prestigieuse dalle à incrustations d’un chevalier en armure portant les armoiries de Salm découverte dans les ruines de l’église de Vielsalm en avril 1953, ne serait-elle pas celle du fils d’Henri VII dernier comte de Salm ?

►L’éminent historien Jules Vannérus, informé de la découverte par Georges Bernard (propriétaire des ruines du château à Salmchâteau), de Bruxelles, et Arsène Rollé, de Grand-Halleux, datait cette dalle du XVe siècle et démontra qu’il ne pouvait s’agir que d’Henri VII, comte de Salm, mort en 1415.

(J. VANNÉRUS, La pierre tumulaire du dernier comte de Salm-en-Ardenne, Henri VII, mort vers 1415, dans BIALUX, 1954/3-6)

►Gaston Remacle, l’historien de Vielsalm, l’attribua à son père le comte Henri VI mort vers 1360.

(Journal « L’Annonce de Vielsalm », du 22-08-1954 ; G.REMACLE La pierre tombale d'un comte de Salm découverte à Vielsalm en 1953, dans GSHA, n°10, 1979/51-55)

►Sur le site de L’Institut Royal du Patrimoine Artistique de Belgique, le monument est daté du XVIe siècle.

 Il est indiscutable que le monument soit similaire aux dalles de la seconde moitié du XIVe siècle, dont le style à perduré bien au-delà de la moitié du XVe. Pour s’en convaincre, il suffit de compulser les ouvrages sur les monuments funéraires en pays mosan, rédigés par Hadrien Kockerols.

Selon le contremaître des travaux de reconstruction, Alex Yvaney, la dalle se trouvait du côté de l’Épître (à gauche de l’autel), recouverte d’environ 30 cm. de remblai. Elle reposait sur des pierres disposées pour une fondation de mur. Il n’y avait donc pas de fosse ou d’ossements en dessous. Elle avait déjà été déplacée, pour servir de pièce de soutènement. (Note de Gaston Remacle, 24-07-1954) 

Il faut rapprocher de la découverte de la dalle de Vielsalm, celle, plus curieuse, du squelette d’un cheval, à proximité du chœur de l’église, dans l’ancien cimetière ! (Journal « L’Avenir du Luxembourg » du 04-04-1953) Arsène Rollé avait lu dans un manuscrit de l’instituteur Rasse, une note faisant état d’une comtesse de Salm qui fut enterrée avec son cheval favori. (J. VANNÉRUS, La pierre tumulaire du dernier comte de Salm-en-Ardenne, Henri VII, mort vers 1415, dans BIALUX, 1954/3) En prenant en considération les risques sanitaires encourus par l’enfouissement d’un animal de cette taille au cœur du village et au su des rigueurs du culte catholique concernant les terres consacrées eu égard aux inhumations (par exemple, les enfants mort-nés ne pouvaient pas y être inhumés), je crois que ce cheval devait revêtir une importance particulière, pour qu’on l’ensevelisse à cet endroit.

 Il est établi que les comtes ne séjournaient que très rarement à Salm. L’inhumation de l’un d’entre eux dans l’église de Vielsalm constituait une exception. Dans les conditions prévues par Henri VII pour l’accession à la propriété du comté de Salm au seigneur de Reifferscheid figurait la recherche du corps de Henri, son fils, mort sur le champ de bataille à Othée (Liège). En outre, il devait s’occuper de sa sépulture. Missions dont le seigneur de Reifferscheid s’était acquitté comme en témoigne le procès de 1456 pour la possession du comté.

(J. VANNÉRUS, Les comtes de Salm-en-Ardenne, 1029-1415, seconde partie, t. 52, Arlon, 1921/164)

 Quoi de plus symbolique pour le seigneur de Reifferscheid dont la finalité était l’acquisition du comté de Salm, que de ramener les dépouilles du chevalier, de sa monture, et d’élever un monument dans la première église du comté ? Cette cérémonie exceptionnelle doit avoir eu lieu vers 1408 et a certainement marqué la population locale pour que près de trente ans plus tard, elle réclame l’héritier du seigneur de Reifferscheid comme comte de Salm.

(J. VANNÉRUS, Les comtes de Salm-en-Ardenne, 1029-1415, seconde partie, t. 52, Arlon, 1921/165)

Georges  BENOIT

jeudi 7 janvier 2016

La Renaissance en terre de Salm



Disponible, à Vielsalm, Galerie du Vieux-Marché au salon de coiffure.
Tel: zéro quatre-vingts/  vingt-un. septante-deux. quarante-cinq (je hais les robots !)

Couverture réalisée par Simon Bomboir
Impression : Imprimerie Winandy à Trois-Ponts
380 pages, A4, 1,658 kg
Prix: 60€ à partir du 01/01/2016 !


 Georges Benoit, salmien d’origine, est l’auteur de dizaines d’articles publiés depuis plus de vingt ans dans des revues d’histoire telles que Glain et Salm, Haute Ardenne ou Segnia.La Renaissance en terre de Salm fait le point sur une période peu étudiée pour le nord Luxembourg. L’étude s’articule autour des comtes de Salm, dont Werner (1545-1629) fut le plus éminent représentant. Elle lève un coin du voile sur sa vie, sa carrière militaire et diplomatique, la lutte qu’il mena pour conserver le château et la ville de Bedburg (Allemagne), sa souveraineté sur le comté ardennais de Salm, les procès qu’il dut soutenir contre ses sujets, etc.Les biens et seigneuries des Salm-Reifferscheidt passés en revue sont situés dans les communes belges de Bertogne, Burg-Reuland, Durbuy, Gouvy, Houffalize, Lierneux, Saint-Vith, Sainte-Ode, Vielsalm, et dans la commune luxembourgeoise de Troisvierges.Les relations entre le comté de Salm et la principauté de Stavelot-Malmedy sont également examinées. Pour la première fois le lecteur pourra se faire une idée des nombreux bâtiments composant le château de Salm, des vastes campagnes de constructions de 1620 et du faste de la cour. Les diverses photographies de pierres tombales seigneuriales permettent d’admirer le raffinement des costumes. L’aspect héraldique n’est pas négligé.À l’opposé, la dure vie de labeur des paysans, les coutumes, sont abordées sur fond de guerres de religion et de bûchers aux sorcières.
Stéphanie Heyden, échevine de l’enseignement à Vielsalm