(publié dans L’Avenir du Luxembourg, le 8 février 1948)
Quand, au Pays de Salm, quelqu’un découvrait une curiosité comme celle-là, il consultait l’augure qui rendait les oracles en ces matières : l’abbé GUILLAUME, curé émérite, qui consacrait à l’histoire et au folklore de l’ancien Comté de Salm les loisirs de sa retraite à Burtonville.
M. Octave SÉPULT, un avocat de Vielsalm, puis Mlle Marie-Joséphine PAQUAY, une habitante des Quatre-Vents, lui signalèrent donc cette pierre curieuse qui gisait dans le Bèche-Fayt.
C’est un bloc d’arkose, non dégrossi, portant, burinée sur une de ses faces, la trace d’un pied de solipède. Et ce fait l’apparente à une famille nombreuse ; celle des pierres à empreintes, dont des spécimens curieux sont signalés un peu partout de par le monde, et qui souvent gardent une légende qui fuit le charme des folkloristes.
Deux autres pierres à empreintes étaient déjà bien connues au Pays de Salm. Celle des Roches du Hourt, d’abord. Je ne parle pas de cette roche dans laquelle les caprices des forces d’érosion ont gravé un portrait fort ressemblant de Léopold II, roi des Belges. Mais du bloc de la cime dans lequel sont marquées très nettement deux empreintes de pied de cheval : celles de Bon Secours, le fougueux courtier du grand saint Hubert, disent les vieilles gens répétant une vieille légende.
L’autre pierre est moins connue et elle est perdue aujourd’hui. Elle gisait, il y a quelques années, aux abords de Mont-le-Soye, non loin de Petit-Thiers, sur terrain appartenant à M. MASSANGE. Celui-ci la fit enlever et transporter probablement à Stavelot. Et ce fut un tort. En tout cas, cette pierre a laissé son nom au lieu qu’elle quittait et que les gens du pays, comme sans doute aussi le cadastre, continuent d’appeler le Pas d’Ane. Car elle portait, gravée, la trace d’un pied d’âne, de l’âne de saint Remacle, fondateur de Stavelot, dit la légende. Cette pierre était célèbre aux temps jadis et bien des femmes du pays, sollicitant la fin d’une stérilité qui les peinait, venaient mettre leur pied dans le Pas d’Ane : le geste était, paraît-il, très efficace.
C’est par analogie avec cette pierre connue et légendaire de la région, que M. le curé GUILLAUME donna le nom de Pas d’Ane à celle de Bèche-Fayt, que lui avaient signalée l’avocat SÉPULT et Mlle PAQUAY. Cette pierre du Bèche-Fayt avait-elle connu une légende, comme celle du Hourt et celle de Mont-le-Soye ? Quelle avait été cette légende ?
Pendant les dernières années de sa vie, M. le Curé de Burtonville consacra de nombreuses heures à rechercher cette légende perdue. La découvrit-il ? En trouva-t-il des traces ?
Seul pourrait nous le dire l’actuel dépositaire de ses manuscrits.
D’ailleurs, il est fort possible que cette pierre dans laquelle un pied de solipède a été buriné de main d’homme, n’ait jamais donné le jour à une légende. Mais, en tout cas, le curé de Burtonville n’a pas perdu son temps en se livrant à ses recherches. Son attention fut portée vers les autres pierres à empreintes du Pays de Salm et c’est dans un de ses articles posthumes, publié par les soins de la Société de Folklore Stavelot-Malmedy, que j’ai puisé les détails que vous venez de lire et qui vous auront peut-être intéressés.
XX.
Ndlr :
Gaston REMACLE rectifia les erreurs de cet article, par le sien " La pierre curieuse de Bèchefa " publié dans le même journal, le 22 février 1948.
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