jeudi 3 février 2011

Organe de Vielsalm

(dimanche 21 novembre 1886, Première année, n°2)

Etranger.

Les nouvelles du Congo ne sont guère rassurantes. Nos hardis explorateurs ont dû quitter les Stanley-Falls en présence des dispositions peu conciliantes des bandes d’Arabes nombreuses et bien armées.


De nos Ardoisières.

Je le constate avec regret, le gouvernement et les administrations communales du royaume ne font pas grand chose pour les intérêts de notre industrie locale.
Notre schiste ardoisier est d’une qualité remarquable comme matériel de bâtisse ; l’ardoise de Vielsalm se travaille avec une grande facilité, et elle est d’une résistance extraordinaire aux actions atmosphériques.
Pour agir en bons patriotes, les Sociétés belges, les Communes et l’Etat devraient donner la préférence à nos ardoises et les recommander aux entrepreneurs et soumissionnaires aux adjudications publiques. D’autant plus que, pour la qualité, notre ardoise est au-dessus de toute comparaison.
On m’objectera que la production de nos ardoisières est insuffisante à l’alimentation des grands entrepreneurs. Je l’admets, une commande de 5 à 600.000 ardoises à fournir dans les 8 jours serait gênante pour le premier de nos maîtres-carriers ; oui, mais si toutes nos exploitations prenaient un arrangement commun pour fournir tous ensemble la commande supposée ?
EXEMPLE : Un propriétaire d’ardoisière de Vielsalm reçoit une commande de 500.000 ardoises pour la réparation des édifices publics de Bruxelles. Le patron qui a reçu cette commande n’a que 100.000 ardoises fabriquées, alors il partagerait le reste de la commande, soit 400.000 ardoises à fournir entre les autres exploitations.
Il me semble qu’un arrangement de cette nature serait fort utile à tous nos maîtres carriers.
Un autre point important est celui des droits d’entrée, du tarif douanier. Le système du libre échange est le seul vraiment juste et profitable.
Nos ardoises ne peuvent plus maintenant entrer en Allemagne et dans le Grand-Duché sans payer des droits énormes et cela pourquoi ?
Parce que les ardoises allemandes du Rhin ne valent pas les nôtres et que l’empire veut forcer ses sujets à prendre leurs mauvaises ardoises nationales, plutôt que nos excellentes ardoises belges. Voilà un beau résultat pour nos carrières et pour les entrepreneurs allemands.
Le gouvernement, pour prouver qu’il cherche l’intérêt de notre industrie locale, devrait insister auprès du gouvernement prussien pour obtenir le retrait des droits d’entrée dont on a frappé nos ardoises.
En terminant, je souhaite que les entrepreneurs belges, travaillant pour l’Etat et les Communes soient plus honnêtes, c’est-à-dire ne rejettent pas parfois nos ardoises parce que nos maîtres de carrières n’ont pas les moyens de leur acheter à coups de pourboires, la préférence pour leurs produits.

Un Ami de l’Ouvrier.



Le ministre actuel, tous nous le savons, a témoigné un vif désir d’améliorer la triste situation de nos classes ouvrières.
Beaucoup d’économistes de notre époque ont écrit sur ce sujet bien des pages remarquables.
Le gouvernement a fait mieux : il a posé un acte au lieu de se livrer à des discussions oiseuses sur la crise industrielle.
Je veux parler de la Commission, du travail, que je considère comme une institution éminemment patriotique, d’une nécessité et d’un à-propos incontestable.
Pour ne parler que de son passage à Vielsalm, elle a donné aux ardoisiers et aux cultivateurs de notre canton l’occasion d’exposer leurs griefs.
Il en a été de même dans tout le pays ; aussi l’œuvre de nos gouvernants leur a pour toujours acquis la confiance et la gratitude de tous les travailleurs dont ils cherchent à soulager la gêne.
Les différentes Commissions du travail qui ont parcouru le royaume sont aujourd’hui en possession du dossier complet de la cause ouvrière et agricole en Belgique.
Que reste-t-il à faire maintenant pour qu’un mieux réel apparaisse dans la situation de l »ouvrier, et couronne dignement les travaux de ces Messieurs ?
Il reste, me semble-t-il, à étudier les institutions ouvrières modèles du pays et de l’étranger, comme, par exemple, le système existant dans les aciéries Krupp en Allemagne, où l’ouvrier est associé avec le maître et prend part aux bénéfices de la maison qu’il enrichit de son travail.
Il reste à faire des lois protégeant l’ouvrier contre certains patrons rapaces qui, hélas ! faut-il l’avouer ? manquent d’honnêteté à l’égard de leurs ouvriers.
Il reste enfin, et surtout, le grand devoir pour tous nos industriels de surveiller et de protéger la moralité et les principes religieux des travailleurs. Qu’on ne l’oublie jamais : la morale saine et puissante du christianisme est la seule barrière que l’ouvrier au désespoir hésite à franchir : la morale chrétienne est le rempart avancé de l’ordre et de la paix.
Le socialisme pénètre là où les principes religieux manquent ; l’anarchie déborde ceux que la religion ne soutient plus de sa puissance conservatrice.
Je termine cet article en affirmant mon espoir que les hommes généreux qui nous gouvernent prouveront qu’ils comprennent le grand devoir incombant à tout administrateur d’éclairer et de protéger nos frères : les ouvriers.

NEMO.

L’HIVER APPROCHE !

L’hiver pour le riche, pour celui qui est dans l’aisance, n’a rien qui puisse l’effrayer : c’est plutôt pour lui la saison des fêtes.
Pour le fermier lui-même, c’est l’époque du repos, des joyeuses veillées, et le soir, entouré de sa famille, assis en face de ce grand feu brillant qui l’égaie et l’échauffe, il entend sans souci le vent glacial qui fait rage au dehors.
C’est pour le pauvre que l’hiver réserve ses rigueurs : la chambre est mal close ; le foyer ne donne qu’une faible chaleur, car le combustible est rare, on l’épargne, et cependant les vêtements réchauffent si peu, ils sont minces, ils sont usés ; le garde-manger est vide, et toutefois le menu est bien simple : des pommes de terre et du pain noir ! Que faire, où trouver des ressources ? L’hiver surtout, le travail est rare, les journées sont si courtes ! et puis encore la vieillesse, la maladie, ne viennent que trop souvent encore compléter la misère du pauvre…
Venir en aide à ceux qui souffrent, donner à ceux à qui tout manque. N’est-ce pas là une des plus douces jouissances de celui qui possède ? Et comment user sans remords de tous les bienfaits de la vie, si on ne peut se dire : j’ai secouru mon pauvre voisin ; j’ai empêché cette pauvre veuve de mourir de froid, de faim, elle et ses petits enfants ! J’ai partagé avec tous ceux qui n’ont rien une partie de ce superflu, une partie même de ce qui m’est nécessaire !
Mais parfois la misère de nos voisins nous est inconnue ; nous les visitons rarement nous-mêmes ; nous ne connaissons pas ses besoins. Dans notre paroisse s’est formée une Société charitable qui se donne la mission de visiter chaque semaine le pauvre à domicile, de s’enquérir ainsi de ce qui lui manque, de lui donner, suivant l’occasion, des conseils, des encouragements, des consolations.
Cette société, en suite d’une autorisation de la Députation permanente, a établi une tombola, loterie charitable dont le produit intégral doit servir à nourrir, à chauffer, à vêtir les pauvres et les malheureux de notre village.
Il y a des lots charmants dans cette tombola ; il en est d’utiles ; ils sont nombreux, d’ailleurs, et chacun peut s’attendre à recevoir un souvenir de cette fête de charité. On remarque surtout divers objets modelés en terre plastique, élégants de dessin, de faire, d’invention ; ils dénotent chez l’auteur un véritable sentiment d’artiste.
Les billets de la tombola sont du reste à bas prix : 25 centimes ; il n’est personne qui ne puisse être à même de s’associer à cette bonne œuvre.
Le tirage aura lieu incessamment ; il reste encore quelques centaines de billets à distribuer. Nous faisons appel à la charité de tous ; qu’on ne l’oublie pas, le produit de la tombola aidera plus d’un malheureux à passer l’hiver sans trop souffrir du froid et de la faim.
Les billets se distribuent chez MM. Bucheman, Grès, Culot.


Une ardoisière en Angleterre.
L’industrie ardoisière est pour le canton de Vielsalm une source de richesse, elle fait vivre, depuis des siècles, une bonne partie de notre population ouvrière.
Nous n’avons toutefois, dans notre bassin, que des exploitations de médiocre importance, et peu d’entre nous ont eu l’occasion de se rendre compte par eux-mêmes de l’immense développement que diverses ardoisières ont pris dans des pays voisins.
Une des plus grandes ardoisières est celle de Penrhyn dans le pays de Galles ; elle offre surtout une disposition toute spéciale.
Au milieu d’une large vallée, s’arrête brusquement une chaîne de collines.
Cette extrémité de la montagne a été taillée en gradins successifs, disposés en hémicycle, depuis le fond de la vallée jusqu’au sommet. C’est là l’ardoisière, car la montagne tout entière n’est qu’un immense bloc de schiste ardoisier, légèrement recouvert de terre, où poussent des arbres et de la verdure.
Chaque gradin a environ 40 pieds de hauteur : déjà les gradins supérieurs ont été épuisés, mais on a laissé au centre une sorte de colonne-témoin, dont le faîte indique la hauteur première où les travaux ont commencé. Il y a actuellement 14 gradins ou étages en exploitation. Chaque gradin à sa brigade d’ouvriers, ses chemins de fer, etc., et il faut près d’une heure pour le parcourir d’un bout à l’autre. La montagne entière a 600 pieds d’élévation ; l’exploitation de chaque gradin se poursuit d’ailleurs au fur et à mesure le long des deux flancs de la montagne.
Au fond de la vallée sont installés une scierie mécanique, une fonderie de fer, des ateliers de constructions pour les machines, les outils, les wagons, etc. car tout le matériel se construit sur place.
L’ardoisière est située à deux lieues du port de mer de Bangor, auquel elle est reliée par un chemin de fer.
Il y a là parfois de 50 à 60 navires en chargement.
On reçoit dans le monde entier les produits de cette ardoisière. Leur importance est telle que l’impôt payé au gouvernement est calculé à raison d’un revenu annuel de deux millions de francs.
Il y a là un atelier pour la fabrication des dalles d’ardoises avec un outillage des plus curieux. Les blocs sont fendus d’abord à 30 cent. Environ d’épaisseur ; on les coupe à dimensions à l’aide de scies circulaires : le dressage se fait par de puissantes machines à raboter dont le ciseau a jusque 40 cent. De largeur. En deux ou trois passes, on y dresse une table de 2 à 3 mètres carrés.
On fabrique à Penrhyn d’immenses quantités d’ardoises pour écoliers ; les blocs réduits à 0m30 d’épaisseur sont équarris ensuite à la scie circulaire et ramenés aux dimensions de 0m25 X 0m30.
L’ouvrier fondeur les réduit ensuite en minces lames, avec une telle rapidité que deux servants placés à ses côtés ont peine à le suivre. Chaque coup de maillet détache une ardoise.
Ces schistes jouissent en effet d’une fissilité extrême et en même temps leur élasticité et leur solidité sont sans pareilles.
J’ai vu amener devant moi un bloc de 30 cent. D’épaisseur, la scie circulaire l’eut bientôt équarri ; il avait alors 1m60 sur 1m80 ; il s’agissait de le diviser en plaque de 0m03 d’épaisseur. L’ouvrier armé d’un ciseau de 5 à 6 cent. De largeur attaqua le bloc ; en deux ou trois coups de maillet l’outil avait pénétré de quelques centimètres. Alors l’ouvrier s’en servant comme d’un levier, séparait sans effort la plaque voulue. En quelques minutes il eut devant lui 10 superbes dalles, destinées à former des tables de billard.
Avec nos schistes une telle opération demanderait un soin extrême ; il faudrait enfoncer le ciseau tout doucement et successivement sur tout le pourtour du bloc.
Ici rien de semblable ; deux ou trois coups de maillet font pénétrer le ciseau ; un mouvement de levier et la plaque se détache. Il est facile de comprendre la quantité d’ardoises pour toiture que chaque ouvrier, un peu expert, peut fabriquer dans une pierre semblable. Les ardoises anglaises sont de grandes dimensions ; elles sont surtout employées dans le nord de l’Allemagne et en Amérique.
L’ardoisière de Penrhyn occupe près de 1,500 ouvriers ; elle a livré au commerce en un an près de 25 millions d’ardoises de toute première qualité.
La nature est bien loin de s’être montrée aussi généreuse envers nos ardoisières de Belgique. Ici c’est dans le sous-sol qu’il vous faut travailler ; le plan est enclavé dans des roches dures, qu’il faut enlever à grands frais ; l’eau nous noie, les décombres nous gênent. Là bas rien de semblable, l’ardoise est au-dessus du sol même ; il suffit de la cueillir ; aucune roche étrangère à enlever, aucune inondation à craindre.

CORRESPONDANCE.
Nous recevons la lettre suivante qui s’occupe d’une question qui intéresse surtout les habitants de la section de Vielsalm :

Monsieur l’Editeur de L’ORGANE DE VIELSALM,
Vous annoncez dans votre numéro programme, que vous vous occuperez surtout des affaires communales.
Permettez-moi donc d’attirer votre attention sur le manque presqu’absolu des eaux alimentaires à Vielsalm, même depuis quelques mois, le peu d’eau qui nous est distribué est de mauvaise qualité ; cette eau séjourne trop longtemps, immobile dans les conduites. Outre le désagrément qui en résulte pour les habitants qui se trouvent privés d’eau, il y a là un grave danger pour la santé publique.
Il serait facile de parer au mal en captant l’une ou l’autre des sources voisines de celle dont on se sert.
Dans tous les cas, il est urgent de prendre des mesures pour parer à une telle situation.
Agréez, etc.
UN ABONNÉ.

Faits divers.
Foire de Salmchâteau du 12 novembre 1886.
Bêtes exposées :
Bœufs, 148 ;
Bouvilions, 75 ;
Vaches, 150 ;
Génisses, 107 ;
Cochons adultes, 85 ;
Porcelets, 510.
Prix maintenus pour les bêtes à cornes.
La race porcine est un peu en hausse. Vente facile. Beaucoup de marchands de l’étranger et du pays.

Etat-Civil de Vielsalm
Du 11 au 18 Novembre 1886

NAISSANCE : 1
Marie-Joseph-Elisabeth, fille de Jacob, Léonard-Joseph, cordonnier, et de Pécheux Marie-Joseph, son épouse, à Ville-du-Bois.

DÉCÈS : 1
Wathelet, Eléonore-Clémentine, âgée de 68 ans, sans profession, veve de Ippersiel, François-Nicolas, à Vielsalm.

MARIAGE : 1
Arrasse, Guillaume-Joseph, sans profession, âgé de 33 ans, domicilié à Grand-Halleux, et Barbette, Anne-Thérèse, sans profession, âgée de 29 ans, domiciliée à Salmchâteau.

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François COLSON
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Hôtel du Midi
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Pension : 4 fr. par jour. Service soigné.
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Agent principal : M. MASSON, à Vielsalm.
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