samedi 24 mars 2012

VIELSALM DE MON ENFANCE (1)

L’article décrivant le quartier de la gare de mon enfance et paru en deux parties les 30 décembre et 6 janvier derniers a intéressé pas mal de lecteurs de L’Annonce. Dès lors, comme personne n’a pris la suite, je reprends mon clavier d’ordinateur pour décrire cette fois, mais moins systématiquement, le centre de la localité dans les années cinquante, en gros celles de mon école primaire. Moins systématiquement parce que je ne connaissais pas tous les habitants de chaque maison. Ici encore, ce sont mes propres souvenirs que j’écris et les lecteurs en ont bien sûr d’autres. Il ne leur est pas interdit de prendre la plume eux aussi. L’expérience nous montre que certains souvenirs ne collent pas toujours à la réalité et que d’autres sont entachés d’erreurs commises de bonne foi.

J’habitais donc au quartier de la gare et lorsqu’il s’agissait d’aller au centre, nous allions « à Vielsalm » . Et à Vielsalm je m’y rendais pour aller à l’école (communale), faire certaines courses comme à la poste et aussi pour aller à la messe.


{ Actuelle Avenue de la Salm ; entre ( ) les n°s actuels des maisons }

Quittant donc le quartier de la gare nous trouvions sur notre gauche pour descendre vers l’embranchement de la place de la cabine la grosse propriété du Baron Janssen où étaient hébergés des chevaux de la chasse à courre. Chaque jour, deux employés faisaient faire un tour plus ou moins long aux chevaux. Devant les écuries s’élevait un tas de fumier- beaucoup de paille et peu de crottin, odeur caractéristique- augmenté chaque jour lors du changement de litière. Et régulièrement, peut-être une fois par quinzaine ou une fois par mois, le tout était chargé sur un gros camion avec remorque qui transportait la précieuse matière vers les champignonnières limbourgeoises. Le jour de la saint Hubert, le 3 novembre, la propriété était le théâtre d’une grande animation car le banquet s’y tenait. Dans le parc et devant l’immeuble stationnaient de très nombreuses voitures d’exception dont au moins une dizaine de Roll-Royce de diverses années. Un jour, je me suis attardé pour admirer ces belles mécaniques et je suis arrivé en retard à l’école : je fus tancé d’importance par Mr Olimar !

Juste à côté venait la pharmacie de Maurice Misson (40), petite construction sans étage : la famille habitait ailleurs. Ensuite la demeure du Dr Jean Misson( 38). C’était notre médecin dans ma toute première enfance. Mais à l’âge de deux ans et demi je fus opéré de l’appendicite et le Dr Misson m’arracha le pansement avec une telle brutalité que lorsque je le voyais j’étais pris d’une véritable terreur et hurlais tant que je pouvais. Mes parents furent bien obligés de me faire soigner chez un autre médecin !

Avant le magasin de meubles, poussettes, voitures d’enfant de Clément Rinck
( 34 ) qui s’est déjà agrandi de l’autre côté de la rue, il y avait un vieux bâtiment (36) servant de grange et de bergerie à une vieille dame Andrianne qu’on appelait Tante Alice. Je l’ai vue garder 3 ou 4 moutons, emmitouflée dans une vaste houppelande dans un champ situé au-dessus de la gare et ce bien au-delà de la Toussaint. On aurait dit une pauvresse alors qu’en réalité elle était bien nantie mais plutôt avare. Ce champ, mon père lui achètera plus tard.

Plusieurs maisons plus bas nous voici chez l’horloger- bijoutier André Contor.
(18). A l’occasion de ma communion, mon parrain m’emmena chez lui pour l’achat de la traditionnelle montre. Le fait qu’ils avaient fait leur service militaire ensemble fut une bonne raison de marchander et d’obtenir une petite remise ! Ensuite, chez Juliette Nicolet (16) : tabac, cigares, instruments de musique, disques et chansons. La façade s’ornait d’une magnifique enseigne en fer La Voix de son Maître qui, plusieurs années plus tard, fut la proie de voleurs. A côté, nous voici chez Marcel Chauveheid (14) qui imprime L’Annonce de Vielsalm et tient avec son épouse une librairie-papeterie. A la vitrine était présentée une des premières BD de Jean Graton Ca s’est du sport. Je la regardais chaque fois que je passais et Saint Nicolas s’en aperçut car le 6 décembre suivant, elle était dans mon assiette. J’entrais de temps à autre chez Chauveheid pour porter les pronostics PRIOR (dans une enveloppe avec l’argent) de l’instituteur Joseph Talbot. Plus bas, le magasin de tissus d’Emile Goosse (10) aidé par sa sœur Mathilde puis celui du bourrelier-sellier ( 8 ) Jacoby où mon père acheta une belle et solide canne pour les noces d’or de mon grand-père. La gendarmerie (6) était un gros bâtiment avec porte cochère à droite. Le commandant s’appelait Ludovici et un des gendarmes Gérard qui habitait dans la rue du parc et avait des enfants de mon âge. Désaffecté par suite de la construction de la nouvelle gendarmerie, ce bâtiment deviendra le siège de la menuiserie Vonèche et sera détruit par un violent incendie qui aurait pu tourner à la tragédie si Jean Choffray n’avait pas amené son camion contre le bâtiment en feu pour permettre à toute la famille d’échapper aux flammes. Chez Waty (2) clôturait la rangée de maisons. Mr Waty s’occupait de cuir, je crois qu’il avait un atelier à Malmedy, et avait aussi un élevage de poules. Nous sommes allé y chercher nos œufs tout un temps : ils présentaient la particularité d’avoir presque tous deux jaunes. Il tenait aussi quelques moutons qu’un jour Aimé Collignon laissa s’échapper mais ceci serait un épisode à part entière.
L’arrière de toutes ces maisons donnait sur les Doyards, à l’époque terrain vague et marécageux : n’étant pas pêcheur, je ne m’y aventurais pas.

A SUIVRE / RN

1 commentaire:

  1. Emile Goosse avait deux tantes, Rosalie et Mathilde qui ont géré la "Maison Bechet" jusqu'à la fin des années quarante. Elles ont déménagé dans le magasin de la rue de la station après la fermeture de la Maison Bechet., devenue, pour une moitié, "l'aquarium"

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