dimanche 24 juin 2012

VIELSALM DE MON ENFANCE (6)

(Les numéros précédents ont paru dans L’Annonce de Vielsalm des 9 et 23 mars, 6 et 20 avril, 4 et 18 mai, 1er juin)

{Rues du Général Jacques 2ème partie, des Combattants, des Grands Champs, du Parc et de l’Hôtel de Ville}

Repartons des Quatre coins.
À l’angle de la route de Ville-du-Bois, Louis Bruyère et son épouse Esther ont quitté le quartier de la gare et tiennent un dépôt de pain. A côté, Marcelle Hoffman qui épousera plus tard François Lamy, est la voisine du café « Chez Gaston » . Gaston Heyden et Rose Zinnen ont trois garçons : le second aussi prénommé Gaston sera une des quatre victimes de l’accident au bout de la ligne droite de la Bedinne de la Neckar d’Eric Dupré. Après une maison particulière construite par le professeur Lekeu, nous voici chez Gotal : Louis est électricien et vend aussi des appareils électroménagers, et son épouse est coiffeuse. Ils ont une fille, Arlette, très jolie, qui perdra la vie un dimanche dans le tournant après le passage à niveau de Cierreux.



L’auberge de jeunesse est établie sur l’emplacement de la villa Chez Nous du comte Albert de Jonghe. Sur la carte postale, on reconnaît stationnant devant celle-ci la Borgward Isabella de Robert Chatelain et la Morris Oxford (verte) de Mademoiselle Jeanne Albert, professeur de cuisine à l’École moyenne. Joseph Lebecque, facteur, gère cette auberge avec son épouse. L’immeuble appartient à Adophe Demoulin. Cette vaste propriété de Jonghe a été partagée en quatre ; à côté de l’auberge, nous trouvons les demeures de chez Thiry et de chez Rulmont. Il paraît que les jardins sont inversés : celui de chez Thiry est derrière chez Rulmont, celui de ceux-ci derrière chez Thiry ! Enfin les écuries sont réhabilitées et accueilleront plus tard Gaston Mullenaerts et sa famille.
L’extrémité de la rue est occupée par la forge de Maurice Laloire qui conduit aussi avec maestria le nouveau camion des pompiers, le Big Job, et par la quincaillerie de sa belle-sœur.

De l’autre côté, l’immeuble de l’angle avec la rue de l’Hôtel de Ville est occupé par le coiffeur Archambeau. Le Casino reste , avant la création du Lido, une des deux salles de la localité (avec le Cercle ) mais n’a plus tout à fait la réputation de jadis. Cependant, le Théâtre National, avec Serge Michel notamment, y fait étape une fois l’an pendant plusieurs années. Plusieurs autres grosses animations y ont aussi lieu régulièrement. Viennent ensuite cinq maisons particulières : une maison appartenant à la famille Koos du moulin de Joubiéval occupée un temps comme salles de classes de l’Ecole moyenne, celle d’Albert Gomez, co-propriétaire des Ardoisières du gros Thier et celle, assez semblable, d’un beau-frère, une maison en retrait de la route où l’on a fabriqué du soda dans des bouteilles fermées d’une bille en verre occupée par une famille Libert. Ces billes sont fort recherchées car le jeu de billes est très répandu .Enfin celle de Narcisse Hubermont avant, au coin de la rue du Parc, le garage Biémont où l’on vend des voitures DKW à moteur 2 temps 3 cylindres au bruit si caractéristique et des motos.

L’actuelle rue des Combattants commence avec le magasin d’alimentation générale de Juliette André. L’instituteur Olimar m’y envoie parfois – on a chacun son tour – acheter deux barres de chocolat Côte d’Or fondant : son péché mignon. Puis la maison d’habitation de René Zinnen et de sa famille. Il transporte des bois sur son camion Ford Canada provenant des surplus américains de la guerre. L’ancienne Villa des Roses a été rachetée par l’État pour servir de bureau des Contributions. Bien triste destinée ! Nous irons un moment en classe dans des baraquements sur pilotis installés dans la cour devant cet immeuble. Chez les frères Duchesne, ardoisiers-zingueurs, on trouve aussi un commerce de quincaillerie mais aussi des armes et des munitions.



Dans l’angle des rues vers Neuville et vers Cahay a été placé – après un referendum organisé pour départager les partisans de cet endroit et ceux de la place du marché à la place du kiosque ! – le monument aux morts. On ne le regarde pas assez, habitué qu’on est à sa présence, mais je trouve que c’est une magnifique réalisation.

De l’autre côté de la rue, Roscius Catin, notre professeur de mathématiques à l’École moyenne vient de construire une nouvelle maison : il nous montre comment les notions de géométrie ont permis de calculer les angles et les longueurs de la charpente. Un peu plus bas, la forge de Zéphyrin Dizier à l’endroit appelé â pètrolî : il y avait là jadis un dépôt de pétrole à partir duquel des attelages hippomobiles partaient livrer la précieuse denrée dans les villages.



Une grande partie des Grands Champs, sinon la totalité, appartient aux frères Willy et Gérard Paquay qui y exploitent une scierie. Une voirie a été construite qui permet le lotissement de ce vaste espace. Un autre frère Paquay était architecte et les acheteurs d’un emplacement étaient « invités » à recourir à ses services. La plupart de ces maisons ont un toit à quatre pentes, ce qui nécessite plus de bois pour la charpente, bois acheté « obligatoirement » à la scierie Paquay ! Tout le dessus est, semble-t-il, déjà bâti. Au coin la villa des époux Warnotte dont François est le comptable de la scierie, chez Georges Lelarge, ardoisier, Brunson, René André, Iwan Vier, chez Petit qui travaillait à la scierie Grognard et était coiffeur après journée, chez Mullen, Prosper Orban, Paulin Evrard, Roland Lévêque et Georges Scmitz: dans quel ordre chronologique, je ne peux le dire mais les constructions se sont toutes réalisées en un laps de temps assez court. Dans la descente, chez Jules Désert le receveur des Contributions, le receveur régional Eugène Léonard et sa famille forte de dix enfants ( d’où Léonard 10), et le greffier Bozet venu du quartier de la gare. En face, la nouvelle maison d’un autre Léonard, Henri, surveillant de travaux et père de Roland, Maggy, Jacques, Monique et Pierre, (d’où Léonard 5 puisqu’il n’avait « que » cinq enfants !). Sa Studebacker attire les regards. Et cette construction soulève un tollé car elle privatise une partie du sentier des ardoisiers !
L' École moyenne commence à vraiment se développer et donc à se trouver à l’étroit dans l’immeuble de la rue de l’Hôtel de ville. Elle érige donc ici deux pavillons dits R.T.G., un pour les sections menuiserie et mécanique, l’autre pour la section primaire. Le bas de la « Cité Paquay » n’est pratiquement pas construit : pour preuve un des fils Lassine y a installé un dépôt de vieux fers. Son existence sera éphémère car vont y construire leur demeure, de nouveau dans un ordre chronologique incertain : José Remacle, le notaire Proesmans, puis d’autres plus tard. Au coin, il y a cependant un bâtiment plus ancien appelé la maison du Colonel et qui servit un temps de bureau de poste. En face de celui-ci, Monsieur et Madame Nicolas-Gomez avaient été les premiers à s’établir là. René était à ce moment marchand de cochons. Puis d’autres encore vinrent ajouter leur maison : Bonmariage, Palizeul Recken, Olimar…

Robert Nizet avec la collaboration de Marylène Lebecque et de Joseph Léonard/
A suivre

2 commentaires:

  1. La "maison du colonel" était celle du colonel Robert, chef de corps quand la guerre fut déclarée, je crois qu'il n'a pas eu l'occasion de l'habiter.
    Henri Bechet

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  2. Le frère de Willy et Gérard Paquay n'était pas architecte mais il avait un ami architecte. Les Grands Champs n'appartenaient pas à Willy et Gérard Paquay mais à leur mère Victorine Paquay Talbot

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