dimanche 9 août 2009

Élevage de chiens courants français en Belgique.

(publié par le Chevalier Edouard LAGASSE DE LOCHT, Membre du Conseil supérieur de la Chasse, dans, VIE A LA CAMPAGNE, CHIENS DE CHASSE, volume XXXII, mai 1935, pp.171-172)

ÉLEVAGE DE CHIENS COURANTS FRANÇAIS EN BELGIQUE

« BON SANG NE MENT » : LA DESCENDANCE D'UNE ÉLITE DE REPRODUCTEURS GASCONS SAINTONGEOIS A, DEPUIS DIX ANS, DONNÉ DE MERVEILLEUX RÉSULTATS, GRACE A UNE SÉLECTION EXTRÊMEMENT SÉVÈRE ET A LA PRATIQUE RATIONNELLE DE LA CONSANGUINITÉ.

ON M'EXCUSERA de revenir à ces bons et beaux Chiens de Vielsalm, mais la faute en est à notre aimable directeur, M. Albert MAUMENÉ. Il veut bien m'affirmer que la monographie d'un Élevage méthodique et sévère de souche française du Midi, en nos pays nordiques, lui a valu pas mal de correspondance. Cette affirmation n'est pas que de courtoisie, si j'en crois des lettres de correspondants exceptionnels du Mexique, du Brésil, du Congo, de Grande-Bretagne, en outre, de France et de Navarre.
De constater que tant de monde s'intéresse encore aux Chiens d'ordre ou, plus généralement, au Chien, est bien pour réjouir tout vrai veneur, tout éleveur.
Les principaux points qui paraissent toucher les interpellateurs, nous leur savons bien gré, sont l'acclimatation et la consanguinité. On demande aussi des détails quant aux origines et la confirmation des résultats obtenus.
Pour tenter de ne point lasser le lecteur, nous avons tâché d'illustrer ce « papier ». Qui sait la difficulté de photographier des Chiens en liberté, notamment les Chiens de meute, appréciera l'œuvre des « artistes » bénévoles qui nous ont prêté leur concours. Mille grâces à M. Conrad VERHAEGHE de NAEYER, échevin de la bonne ville de Bruxelles et à Mme Conrad VERHAEGHE de NAEYER, membres de Rallye-Vielsalm, qui ont eu la patience et la gentillesse de saisir sur le vif les beaux « bleus » de Vielsalm, tout exprès pour la Vie à la Campagne.
Mme VERHAEGHE de NAEYER n'est jamais la dernière à la queue des Chiens ; son hunter favori, est un charmant Cheval français, un bon truité, acheté par elle-même à Vichy et à qui l'on confierait ce qu'on a de plus cher au monde.

PROVENANCE DE LA SOUCHE

Les reproducteurs de base, sélectionnés déjà à leur Chenil d'origine, choisis sévèrement par le piqueux La Rosée, ont encore été triés, « au travail », en Belgique, après importation. On a considéré, non seulement la beauté des formes, présumant d'aptitudes probables mais aussi, et surtout, les aptitudes réelles, à s'acclimater d'abord, à chasser ensuite. Le maître d'équipage, baron de STEENHAULT de WAERDEEK et son fidèle La Rosée ont longuement débattu le pour et le contre, non seulement en d'interminables séances au Chenil, mais surtout en de brefs échanges de vues, en chasse, sur le vif.
Vous pouvez distinguer parmi les géniteurs d'élite, ceux qui accusent plutôt la race Saintongeoise et ceux qui sont plutôt Gascons-Saintongeois : d'un côté les types Rogatien Levesque, plutôt à manteau, très couverts, de l'autre les types Virelade, blancs et noirs ou bleus.
Dans les premiers, le sang anglais n'est pas toujours très loin ; chez l'un d'eux, peut-être, quelques gouttes de sang du Poitou. Dans les seconds, s'il y a du sang anglais, c'est fort loin.
Nous les groupons suivant la note dominante : Colibri : Anglo-gascon saintongeois, de l'équipage PERREAU de LAUNAY, né le 6 Juin 1922 par Limans hors de Rébecca. Chien très bien fait de partout, fort, admirablement équilibré, moucheté aux membres, à l'encolure et en tête ; feux pâles, réguliers, mais assez charbonnés autour de la truffe et même sous le fouet. Tout fin de nez et sûr. Criant très haut, d'une voix de fausset assez exceptionnelle, n'ayant d'avantage que de pouvoir être facilement reconnue et de permettre d'appuyer sans hésitation. Au Chenil, par contre, quand il donnait en Chien de garde, ce bon Colibri était gorgé comme un taureau.
Echanson : Anglo-gascon saintongeois, né le 10 Mars 1922 par Jongleur hors de Pistache équipage DELAUNAY. Chien moins massif que le précédent, très couvert, les feux bien réguliers mais plutôt rouges, un peu de blanc en bavette et aux extrémités des membres et du fouet. Echanson péchait légèrement dans le fouet et a laissé trace de ce léger défaut à pas mal de ses descendants. Mais, comme dit La Rosée, « ce n'est pas avec le fouet que nos Chiens chassent ».
Bondissante : Gascon-saintongeoise avec sang anglais, née le 22 Mars 1921, fille de Héris et Fontaine. Belle Chienne, bien que coiffée un peu haut et court provenant d'un équipage de la Croix, baron de WALDNER ; une des Chiennes les plus remarquables que j'aie connues, non seulement en chasse, mais au Chenil, comme Lice. Belle et bonne s'il en fût. Très requérante, bien gorgée, rapide, s'en allant d'un galop aisé, bien typique ; de caractère assez ombrageux, qu'elle marquait de sa belle tête bien joliment quatroeillée de feu pâle, quelque peu charbonnée, très expressive. Grand manteau noir bien symétrique, les membres très mouchetés.

Alaric : Saintongeois, pur d'Andigné, de l'équipage Montpoupon, né le 12 Mai 1925. Fort beau Chien, très typique, distingué. Son manteau noir parfaitement régulier, mais pas trop grand, de beaux blancs bien réguliers à l'encolure, au fouet, aux membres, à la poitrine et sous lui. Les feux bien pâles sans être éteints, bien symétriques. Chien très sûr, allant, bien gorgé.

Andalouse : Soeur à'Alaric, sa jumelle ; c'est tout dire.

Dragonne : Grande Chienne fort imposante et distinguée, bâtie en force, vraie gascon-saintongeoise, Virelade, Carayon-Latour, du marquis de VILLENEUVE. Belle tête symétriquement marquée, portée haut, fièrement et qu'elle redressait encore en se récriant de sa gorge admirable ; quelques grandes taches noires sur le corps bien éclairé ; traces de mouchetures, bon nez, bon train, à grandes foulées aisées et imposantes.

Bombance : Même provenance mais plus petite que la précédente, un peu « fin de race ». Tête excessivement expressive, parfaitement marquée ; le corps un peu trop fait en mandoline, plus découvert encore que celui de Dragonne. Rapprocheuse extraordinaire, mais manquant de pied, en débucher surtout ; gorge profonde, bien sonore ; nez d'une finesse déconcertante ; d'une grande sûreté. Lice idéale.

UNE DESCENDANCE REMARQUABLE

Les cinq premiers nommés de ces reproducteurs d'élite rappelaient plutôt les Chiens de M. Rogatien LEVESQUE ; les deux derniers étaient des représentants remarquables de la belle race de Virelade.
L'union des uns et des autres fut un succès qui se maintient et se confirme depuis bientôt dix ans, sans introduction de sang nouveau, avec pratique de la consanguinité, mais sévère sélection.
Colibri et Dragonne donnèrent des Chiens tout à fait extraordinaires : Labrador et Libertin, les deux grands beaux bleus, solides comme des mâtins, gorgés comme des gascons, fins de nez comme des Saint-Hubert, sûrs comme le Chiens blancs du Roy, rapides comme des Lévriers.
N'est-ce pas là leur triple origine : Chiens blancs du Roy, Saint-Hubert, Lévrier ? Je me le suis laissé dire.
Bon sang ne ment et les autres furent excellents aussi. D'Echanson et Andalouse, on tira notamment Lavallière, tableau de belle Chienne, splendide de lignes, assez couverte sans l'être trop, avec des feux pâles, qui fit une Lice incomparable à l'équipage franco-belge de Rallye-Waereghen (Flandre ) ; à Echanson et Bondissante, on eut notamment Luron, Chien de grand style, à l'allure majestueuse, très fin de nez, s'en allant avec autorité, étalon remarquable.
De son croisement avec des filles Alaric et Bombance (Lizette, Limoges), sont nées des Chiens de tout premier ordre : une portée de six fut un lot de six Chiens de tête : Pirate, Pantin, Panama, Panthère. Palmyre, Persane. Celle-ci est non seulement bonne mais superbe : son portrait ne peut rendre sa distinction, ni surtout l'expression de sa tête admirablement quatroeillée de feu pâle (les perles de feu pâle doublant les yeux font le regard particulièrement expressif, surtout s'il est quelque peu mélancolique). Persane est un peu faite en Lévrier ; elle en a le train formidable. Nous espérons en tirer une portée cette année.
Une autre fille de Lizette est vraiment extraordinaire : Rafale la bien nommée : quand elle s'en va, c'est en trombe ; elle tire toute la meute, elle l'aspire après elle ; et chaque fois qu'elle est en meute, elle s'en va ainsi, bien qu'étant née en 1932 seulement, et tardivement, au mois d'Août.
Le croisement contraire, ou à peu près, à celui de Luron-Lizette ou Limoges, c'est-à-dire Libertin ou Labrador, ou son fils National, avec des filles de Luron a donné d'autres produits remarquables.
Si bien que nous pouvons dire que la classe des Chiens de Vielsalm, est telle qu'il est possible de les accoupler ; le résultat est toujours de premier ordre.
Une preuve en est surabondante : ce qu'il advint d'accouplements de surprise entre des filles de Luron-Limoges (Nivernaise, Marquise, Normandie) avec leurs cousins ou peut-être même leurs frères (Néron, Neptune, National), alors qu'elles n'avaient pas dix mois. Cela donna des Chiens de tête comme Pommard, déclaré à 4 mois, Polignac, Porthos, (56 cm. à 5 mois), Pantoise (de change à vue à deux ans), Pompadour, etc.
Deux ans après, le même événement survint à nouveau : c'était l'année où peu de Lices furent pleines. On se décida à faire appel à deux filles de Labrador ou Libertin et Normandie {Renoncule et Bibaude) qui furent saillies par des fils de Luron et Limoges, des frères puinés de Normandie (Rochefort, Rubens ou Roméo). Les résultats furent notamment Sauvageonne, Sorcière, Sornette, Sagesse, Sultane, Souillard, Soliman.
De Souillard et Sultane, sa cousine, nous avons cette année des Chiots qui promettent beaucoup : Tapageur, Trémolo, Ténébreuse. Nous avons aussi cette année un lot de Labrador et Libertin avec Rhénanie et Renommée (deux filles de Luron et Limoges).
Ce lot est de toute beauté. Les jeunes de Rhénanie surtout sont extraordinaires. Nous n'en avons que 4, mais quel quatuor, quelle musique ils savent faire, avec le formidable Thermidor en tête, accompagné de Tartarin, Tabora (un couple de bien beaux bleus) et Tymbale.

UNE JEUNESSE QUI PROMET

Tous ces jeunes de 1934 étaient déclarés à 8 mois et refusaient la voie du renard à 10 mois. Le Samedi 22 Décembre 1934, je m'en allais en lisière d'une pineraie où je vois rembucher un lièvre venant de la bruyère haute ; la jeunesse (les plus vieux sont du 17 Mars 1934) gambadait derrière mon brave Soir de Pâques, ex-gagnant du Grand-Steeple de Spa, et j'allai intentionnellement couper la voie du lièvre en silence et sans rien changer à l'allure : tout le monde se rabattit sur cette voie et se récria mais sans enthousiasme ; bientôt l'on fut moins bruyant et quelques-uns ralliaient au cheval quand, après un brusque silence, j'entendis un récri formidable. Bientôt toute la « meute » débûchait en bruyère et empaumait gaiement une voie qui devait être saignante. Les Chiens qui étaient revenus un instant à moi eurent tôt fait de rallier et ce fut une belle menée. J'escaladai une colline sous le vent, à l'autre versant d'un val verdoyant où cela chassait bellement. Comme j'étais aux écoutes et tâchais de voir nos enfant:., mon cheval frémit ; je tournai la tête : un brocard splendide se dressait à vingt pas. Bientôt, entendant les Chiens venir à flanc de coteau, il emmêla ses voies dans un coupe-feu, bondit au fourré, en ressortit en contre-bas, traça quelques 8 encore dans le layon, puis rembûcha d'autre part et se fit voir bientôt par corps sur une colline voisine, d'où il attendit les événements. Les petits Chiens eurent fort à faire pour débrouiller les ruses de l'animal, mais ils y parvinrent, ma foi, de façon étonnante.
Le brocard, pensant que cela devenait sérieux, prit un parti sur le plateau, qui mit la petite meute en défaut. Comme elle « travaillait », je vis un beau grand renard traverser une allée montant vers le carrefour d'où j'observais. Nos gaillards revenant vers moi, comme pour demander de l'aide, je m'apprêtais à faire les grands devants pour recouper la voie du brocard fuyant: ; l'idée me vint de tâter au passage celle du renard : la moitié des Chiots se rabattit sur cette voie saignante, mais pas un ne dit mot et tous rallièrent ; ils s'égaillèrent au retour, se rabattant tout à coup sur la voie du chevreuil que j'étais allé couper. Et la chasse reprit de plus belle tant qu'on fut dans les jeunes pins ; la menée se ralentit quand on fut en dénudé : l'animal s'était forlongé en débûcher. Après une heure et demie de «chasse » lente sans doute, mais combien passionnante, je saisis l'occasion d'un défaut et j'emmenai mon petit monde sans le brusquer, sans qu'il se rende compte que je l'enlevais pour rentrer au chenil, profitant de ce que celui-ci était proche et de ce que nos petits Chiens avaient mis bas.
Depuis, j'ai fait quelques sorties d'entraînement avec cette jeunesse (dont les aînés eurent un an le 17 Mars). Les plus jeunes seuls sont un peu brigands. Thermidor, tête de promotion, gorgé comme un taureau, ne se récrie pour rien au monde sur une voie autre que celle du chevreuil ; il ne la goûte même pas ; Tabora, sa soeur, a déjà la grande tenue de son père, lançant son coup de gorge bien haut, comme les vieux gascons, mais dans sa foulée ; et quelle foulée. Bref, tout cela est déclaré à moins d'un an et créance dans la voie du chevreuil.
C'est solide, vigoureux, rapide, plein de tempérament.
CONSANGUINITÉ ET SÉLECTION

La consanguinité n'a donc pas eu de conséquences fâcheuses jusqu'à ce jour : les faits sont là ; on peut les constater. Les nombreuses illustrations que nous donnons sont en dessous de la réalité, instantanés sans apprêt ni retouche.
Disons cependant que nous sommes d'une sévérité que d'aucuns trouvent excessive pour sélectionner : par exemple, tout Chiot effilé de l'arrière lors de sa naissance ; tout Chiot ne bousculant pas ses voisins pour têter goulûment, tout traînard avant le sevrage est impitoyablement sacrifié. Après le sevrage, auquel nous tâchons de ne pas procéder trop tôt, soit vers les 8 semaines, nous sommes plus indulgents durant 3 mois : entre 2 et 5 mois, beaucoup de Chiots de cette race sont fort difficilement tirés d'affaire ; mais tout à coup ils reprennent et, vers 8 mois, ils doivent aller, « comme la mauvaise herbe » sinon pas de pitié, encore une fois.
A moins que... A moins que la maladie ne s'abatte sur le Chenil ; ce fut le cas, cette année, pour la première fois chez nous. Je crois pouvoir attribuer cette misère à ce que l'Été fut anormalement sec et chaud : les Chiens n'étaient pas acclimatés à notre climat pluvieux quand vinrent 5 nuits de pluie froide et drue : les Chiens prirent froid ; la maladie trouva un terrain favorable. Elle fut terrible. Nous luttâmes jour et nuit durant 3 semaines avec ce résultat que 3 Chiens seulement moururent mais que 5 furent occis par nous : l'expérience nous a prouvé que de vouloir conserver un Chien de travail (le travail en meute est-il dur !), qui a été touché dans ses oeuvres vives (méningite, épine dorsale), c'est peine perdue ; on le peut guérir : ce ne sera jamais qu'un traînard ou... un Chien d'exposition...
La santé, la valeur de nos Chiens plus ou moins consanguins nous paraît due surtout aux facteurs suivants : préparation des Lices pendant un mois au moins, en régime lacté ; régime lacté aux nourrices puis aux élèves, sans désemparer pendant 1 an ; mais en plus progressivement, carnage de viande fraîche et soupes à la viande et aux légumes ; vermifuges chaque quinzaine ; bains au sulfure de potasse chaque quinzaine intercalaire ; ail cru à tous les repas, haché dans la nourriture, soufre en fleur saupoudrant les mets ; propreté rigoureuse, vie au grand air, l'air des pins ; sol sablonneux, perméable, fréquemment chaulé ; beaucoup d'exercice à l'ébat ; sorties à pied dès le troisième mois, derrière le cheval ensuite, progressivement et à allures soigneusement dosées, à travers des pays pleins de bruyères, d'herbes folles, d'eaux courantes où les Chiots pâturent littéralement là où aucun Chien ne va ; c'est vraiment d'herbes vierges et folles qu'ils font leurs délices.

Que l'adaptation parfaite de ces Chiens d'origine méridionale semble paradoxale en nos pays du Nord (roches et forêts d'Ardennes, sables et landes de Campine). A tout prendre, ne peut-on expliquer ce phénomène par la double ascendance de nos Chiens : la race de Saint-Hubert est de souche ardennaise, conservée intacte jusqu'à la Révolution de 89 ; les Chiens de Gascogne eurent surtout pour habitat les Landes.

On nous fit remarquer que tels de nos Chiens ont du feu rouge, sont même quelque peu bas-rouge ; on attribuait cela à des traces de sang anglais. Sans doute dans l'ascendance d’Echanson et de Bondissante notamment, il dut y avoir quelque bâtard Anglo-saintongeois peut-être même Anglo-poitevin, mais le rouge de quelques-uns de nos Chiens étant plutôt « sang » que « feu », je crois ne pas me méprendre en le considérant comme un retour au vieux sang gascon. D'autant plus qu'on le constate surtout chez Pommard et Polignac produits très consanguins.

On me demande comment, élevant comme nous le faisons, nous n'avons pas plus de Chiens. Pour plusieurs raisons : sélection, destruction, sélection naturelle et sélection voulue (les faibles succombent et nous sacrifions tout ce qui n'est pas irréprochable) ; destruction par maladie, par accident ou... par crime. En Automne 1934, comme la chasse sautait une route, un camionneur brutal tua net des perles ayant nom : Renommée, Sultane, Pommard, les « chiens de tête », naturellement. Souvent un coup de pied de cheval tue un Chien et c'est en général un Chien d'élite ; le coup tue rarement sur place ; souvent le brave Chien, paraissant ne pas souffrir termine la chasse, mais succombe la nuit à une hémorragie interne, à moins qu'un abcès ne se déclare qui le mine.

Le crime : l'autre Hiver, suivant un brocard en une menée splendide, la meute franchit la frontière allemande, au nord du Grand-Duché de Luxembourg ; on rappela, sonna la retraite, mais l'animal avait été vu par corps, hallali courant, par un poste de douaniers belges. La plupart des Chiens rallièrent cependant ; toutefois quatre manquèrent à l'appel : Lizette l'incomparable, Normandie, Porthos, Nénuphar, de la crème. On les attendit en vain : trois jours plus tard, on reçut une photographie représentant les quatre Chiens à l'état de cadavre, rangés sur le cadavre du brocard que flanquaient, l'arme au poing, des douaniers et forestiers, le muffle retroussé d'un large rictus culturel...
Que ne puis-je en dire plus de ces merveilleux Chiens de Vielsalm, de souche gascon-saintongeoise, d'arrière souche ardennaise. Mais il faut chasser avec eux un grand vieux brocard ou mieux encore une vieille bréhaigne, un jour de mauvaise chasse. Ah ! si M. Albert MAUMENÉ me laissait aller, « bien-aller » !

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