dimanche 9 août 2009

3. Le nom de Salm.

A la fin du siècle dernier, on a cherché une explication de la présence du terme Salm dans la dénomination de la famille comtale. Plusieurs opinions ont été avancées, rattachant ce terme à certaines hypothèses présence présumée, autrefois, du saumon dans nos ruisseaux ; nom du défilé entre Vielsalm et Salmchâteau, qui serait apparenté à un terme de langue finnoise ; particulièrement, nom de Salm donné à la rivière passant à Salmchâteau et sous Vielsalm. Ces suppositions ne reposent sur aucun fondement.

G. JOTTRAND, dans Notice sur Alt-Salm ( A.I.A.LUX., p. 193), écrit qu'un défilé pareil à celui qui se trouve entre Vielsalm et Salmchâteau, « s'appelle en langue finnoise Salmé », et que « c'est ce vieux nom qui est resté attaché » à la dénomination de Vielsalm.
Toutefois, dans une édition postérieure (Ed. SEVRIN, vers 1930, p. 3), JOTTRAND a modifié son texte sur cette question et ne tire aucune conclusion ; il a donc changé d'avis. Quant au véritable nom de la rivière entre Salmchâteau et Vielsalm, c'est-à-dire Glain, aujourd'hui un peu méconnu, c'est à partir de la moitié du XIXe siècle qu'on a commencé de le confondre avec celui de Salm ; mais nous ne pouvons nous étendre ici sur ce sujet.



Au cours de nos recherches à ce propos, un autre élément nous a frappé. A notre avis, il est convaincant. C'est le nom du ruisseau passant au pied du promontoire rocheux sur lequel a été bâti le premier château de Salm dont on parle ci-après.
Il s'agit du ruisseau, guère inférieur au Glain, et venant par Hermanmont, Beaufays et Petit-Thier. De sa source à son confluent avec le Glain, le terme Salm se retrouve sur son cours dans trois toponymes fort anciens et toujours utilisés par le langage local actuel :

Vîfsâm, à la source ;

Voici trois mentions de ce nom de lieu :
— 1602. « Anthoine le Burneau de la Ville du bois at vendu à Jean filz Leonard gros Henry de Burtonville... la quatriesme part de l'accens gisant à la Vivesaume... » (CS, 1602 -1609 /28).
— 1768. « Mathieu Willem Jacques du petitier » déclare vendre une prairie « en lieu dit à la vive Salm... pour le profit de Henri Englebert de Blanchefontaine » (CS, 1780-1783/138).
— 1825. « un idem (sartage) dans le vif Sâm » (Papiers GEORGES, de Petit-Thier).


Sursâm , à Petit-Thier ;

Entre autres, quatre textes
— 1581. « sa quatriesme part du pré de Sursaulme tenant pardesseur à Leonard Denys et pardessous à l'eau » (CS, 1587-1622/71).
— 1646. « moyse noel de la ville du bois.., cède à Henry Jean du pont (de Petit-Thier) sa parte de prez situe en sursalm » (CS, 1638-1651/180).
— 1733. « un pré au finage du petithier au lieu dit Sursame joindant deseur a barthelemy Jean Mathy et desoub au ruisseau » (CS, 1730-1734/93).
— 1771. « un champ situé proche le petitier dit Sursame traversé par le centier conduisant à Comanster » (CS, 1786-1788/8).


Sâmfa, entre Beaufays et Ville-du-Bois.

Bornons-nous à cette mention, de 1589 : « une pèce de pré que le dit Anthoin avoit acquis a Jehan fils de feu Andriette delle Ville du boy situé a Samfau » (CS, 1565-1594/59).
Les documents notent : Salme faix, Saulme faix, Sam faix, Samfau, Saulmefaix, Sam fax, Salmfatz.



Rien d'étonnant dès lors que ce terme se rencontre une quatrième fois vers l'aval, c'est-à-dire au pied du rocher qui a servi d'assise au castellum Salmis cité en 1153.

J. HALKIN et C.G. ROLAND, Recueil des chartes de l’abbaye de Stavelot-Malmedy, T.I, Bruxelles, 1909, p. 466.
Le 7 octobre 1835, le Conseil communal de Vielsalm, dans sa délibération du jour, mentionne le cours d'eau sous le nom de « la rivière de la Salm ». Voici la mention, établie à l'occasion de la construction projetée de la route Stavelot-Diekirch, et de son passage aux abords de Vielsalm, à la partie septentrionale de la localité : « Le Conseil susdit cède en outre à la Société concessionnaire les moellons du vieux pont construit entre Vielsalm et Rencheux, pour être employés à la construction du pont nécessaire au passage de la route sur la rivière de la Salm, sous le bourg de Vielsalm ». A cette date, le nom de Glain était encore bien vivant pour désigner la rivière entre Vielsalm et Rencheux. Dans le texte qui vient d'être cité du Conseil communal, il n'y a par conséquent aucune équivoque entre Glain et Salm.


Rien d'étonnant que cette demeure seigneuriale ait pris le nom d'une caractéristique de l'endroit, le ruisseau Salm exemple de plus du phénomène humain selon lequel un habitat prend le nom de la rivière au bord de laquelle il s'est établi.
A remarquer que le terme Glain ne pouvait être choisi pour caractériser l'endroit, puisqu'il dénommait déjà, vers l'an mille, un autre domaine, voisin, au sud du ruisseau de Cierreux.
Ainsi le terme Salm s'est lié à la dénomination du château et, forcé- ment, à la famille qui occupait celui-ci.
Nous n'hésitons donc pas à expliquer la dénomination de la famille de SALM en la rattachant au nom du ruisseau prenant sa source à Vif sâm.

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