dimanche 9 août 2009

Paul de SINCAY.

(publié dans: DE VAUX, Le sport en France et à l’étranger, Silhouettes sportives, tome II, Paris, 1900, p.207-210)

Le Rallye-Vielsalm est, je crois, la plus ancienne société de chasse qui existe en Belgique. Fondé en 1853, par le comte de CORNELISSEN, pour chasser le lièvre, le Rallye-Vielsalm ne se mit en société qu'en 1875, après avoir été successivement sous la direction de son fondateur, celle de MM. GRART et le baron Camille du ROSÉE.
La meute, qui jusqu'à cette époque ne comptait que des chiens français, se transforma également et ne tarda pas à se composer entièrement de chiens anglais. Comme on chassait, presque tous les jours de la semaine, le lièvre ou le renard, il fallait des chiens très vite. Le baron du ROSÉE était un veneur de la bonne école ; il resta à la tête de cet équipage jusqu'en 1894, et tous les veneurs qui ont pris part à ses laisser-courre sont unanimes pour vanter ses grandes qualités. C'était un homme fort affable, d'un caractère excessivement gai et d'une bonne humeur constante.
La succession qu'il laissait, lorsqu'il fut forcé par la maladie, de se démettre de ses fonctions de maître d'équipage, était fort difficile à recueillir; et elle serait certainement tombée en déshérence, si M. Gaston SAINT-PAUL de SINÇAY avait refusé cette charge.














M. Paul de SINÇAY, le maître d'équipage actuel de Rallye-Vielsalm, est un parfait gentilhomme d'une grande compétence en vénerie, familiarisé avec tous les sports. Homme de cheval remarquable, il possède une écurie de chasse de premier ordre. C'est en Angleterre qu'il a fait ses premières armes et où il s'est familiarisé avec la chasse au renard. D'une solidité à cheval à toute épreuve, il passe partout, aucun obstacle ne l'arrête, ce qui ne l'empêche pas cependant de ménager son cheval de manière à le conduire à l'hallali sans trop de fatigue.

Le Rallye-Vielsalm possède deux meutes, une pour le renard, composée de quatre-vingts fox-hounds, et une seconde pour le lièvre, composée de quarante-cinq à cinquante harriers. Le personnel compte un premier piqueur, DÉBUCHER, deux valets de chiens à cheval et deux autres valets de chiens qui ne quittent pas le chenil. C'est William PEYLE, au service de M. de SINÇAY depuis trente-cinq ans, qui est chargé de la direction des écuries qui comptent de vingt à vingt-cinq chevaux, choisis parmi les meilleurs types que l'on puisse rencontrer.









Les membres sociétaires du Rallye-Vielsalm sont : MM. Le comte John de MARNIX, le vicomte DESMANET de BIESME, Lambert de ROTHSCHILD, Josse ALLARD, le baron del MARMOL, Emile HAUZEUR, Jules NAGELMACKERS, le vicomte de SPOELBERCH, Georges CHAUDOIR, le vicomte de JONGHE, le baron F. de MACAR, le comte de JONGHE-D'ARDOYE, le capitaine REINTJENS, Mme PELTZER-HAUSEUR, MM. Georges et René PELTZER, le comte de MARNIX de SAINTE-ALDEGONDE et Adolphe MAY.
La saison de chasse ne comporte à Vielsalm, à cause de la rigueur du climat, que trois ou quatre mois de laisser-courre, mais tous les laisser-courre de cet équipage sont des plus attrayants.
La chasse au lièvre, qui est une des chasses les plus difficiles, constitue un sport de tout premier ordre. Si la chasse au lièvre ne présente pas la brillante mise en scène, l'émouvant spectacle du laisser-courre sur les grands animaux, elle passionne cependant les vrais veneurs, car elle est une des plus savantes, et, malgré son rôle modeste, considérée comme l'école et la clef de l'art de la vénerie.
Pour forcer le lièvre, c'est-à-dire prendre à courre l'animal le plus rusé, dont les voies sont si légères qu'elles laissent à peine de sentiment, il faut posséder une excellente meute, et, pour créer cette meute, connaître à fond les qualités et les défauts du chien courant.
La fureur de prendre vite a modifié souvent non seulement l'espèce et la qualité du chien, mais aussi la manière de courre le lièvre : marcher grand train est le but ambitionné par un bon nombre do veneurs ; essouffler l'animal par tous les moyens et le prendre dans quarante ou quarante-cinq minutes., les jours de bon vent et de bonne terre, est un succès fort recherché par quelques-uns, mais fort peu apprécié par M. de Saint-Paul de SINÇAY. A ses yeux, tout l'intérêt de la chasse du lièvre consiste dans cette lutte qui s'établit entre la finesse, la ruse de l'animal et le travail intelligent d'une bonne meute..
A Vielsalm, on n'a. jamais admis qu'on sacrifiât la gorge, la science de l'équipage, à la rapidité de la chasse, et que le désir de prendre en peu de temps fit substituer au travail, si passionnant d'une meute savante, une course furibonde, constamment secondée par l'action immédiate du piqueur.

L'équipage de Vielsalm a compris que, pour forcer un animal, qui tient à peine deux heures devant un train soutenu et régulier, une vitesse excessive n'était pas nécessaire; que, dans des pays cultivés, le chien devait être savant par lui-même, se servir seul clans les défauts, et qu'il fallait surtout rechercher la. meute de l'équipage, avant d'y adjoindre la meute du piqueur.







11 n'en est pas de môme de la chasse du renard, qui demande à être menée rondement, car dans les Ardennes le fox-hunting voit surgir une foule de difficultés, qui arrêtent l'élan des fox-hounds et lui font souvent manquer leur animal. Néanmoins la chasse du renard est suivie avec passion par tous les membres de l'équipage, bien plus à cause des grands espaces parcourus que par la prise presque toujours incertaine du renard.
La tenue de Rallye-Vielsalm, pour la chasse du lièvre, est l'habit bleu, parements et cols rouges, boutons argent ; pour le renard, habit rouge, parements et cols bleus, boutons or.

9 commentaires:

  1. Bonjour,

    M'intéressant à la vénerie belge, je trouve votre article très intéressant.

    Bravo et merci

    Patrick Verro

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  2. Bonjour,

    Merci, mais je ne fais que reproduire l'article de DE VAUX (voir au-dessus).

    Bonne journée,

    G. BENOIT

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  3. Bonjour,
    Bravo pour cet article. Savez-vous où je peux trouver les originaux de ces cartes postales qui m'intéressent ,car il s'agit des meutes de mon ancëtre.
    Merci d'avance
    jean de Sinçay

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  4. Bonjour Monsieur,
    Vous pouvez trouver ces cartes (par moments) sur le site aux enchères Delcampe.
    Bons achats !
    Georges Benoit

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  5. J'ajoute que si vous possédez des archives ou souvenirs pouvant intéresser la région de Vielsalm, je suis preneur ! ;-)

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  6. article tres tres interressant surtout pour notre famille mon mari est le petit fils de Camille de Rosée

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    1. Enchanté, si vous avez des documents pouvant intéresser notre région, je suis preneur ! :-)

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  7. Bonjour, et merci beaucoup pour cet article. Mon arrière-grand-père était veneur anglais James Young (1837-1900) qui a passé une ou deux années en Belgique, environ 1880, employé par “Gaston de Saincy” (selon ma tante qui n’avait jamais vu le nom écrit). Je ne savais jamais plus mais je viens de découvrir que “Saincy” doit etre “Sinçay” et que Gaston de Sinçay était un personnage remarquable. Il était très important dans l’histoire (ou la légende) de ma famille aussi, parce que, monté a cheval, il a sauvé les vies de James Young et ses deux jeune fils qui subissaient une attaque par un homme fou. En reconnaisance, ma grande-tante a appelé son fils “Gaston” (1883) et, aussi, mon grand-père a appelé son fils (mon père) “Gaston” (1906). Et trois Gastons additionels ont suivi dans notre famille, depuis ce temps-là.
    Connaissez-vous une archive ou bibliothèque avec des ressources pour vérifier les rapports entre James Young et Gaston de Sinçay ou le Rallye-Vielsalm?
    Merci d'avoir lire mon message, et bonne nouvelle année,
    Alan Young,
    Toronto, Canada

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    1. Bonjour Monsieur, vos anecdotes son intéressantes. Malheureusement, je ne puis vous répondre. Il faudrait vous mettre en contact avec des descendants que je ne connais pas. Meilleurs vœux également.

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