(publié dans l’Annonce de Vielsalm le 6 octobre 1946)
En ce mois d’octobre, il y a 26 ans qu’arrivait à Ville-du-Bois, pour y desservir la paroisse, M. le Curé LEFEBVRE.
Un quart de siècle, cela compte.
Les vingt six ans de pastorat de M. le Curé LEFEBVRE prennent une belle place dans la série de prêtres ayant exercé les fonctions sacerdotales dans la paroisse. C’est pourquoi nous croyons l’occasion bonne de donner le relevé des prêtres qui ont présidé spécialement à la vie religieuse de cette localité.
C’est seulement depuis 1842 que le village constitue une paroisse propre.
A cette date, Ville-du-Bois est distrait de la paroisse de Vielsalm dont il faisait partie depuis 1803, et son église était érigée en succursale.
Avant 1803 et pendant des siècles, Ville-du-Bois avait été une des localités de la paroisse de Salm. Celle-ci occupait tout le territoire allant de Cierreux à Poteau et de Commanster à Grand-Halleux ; l’église et le presbytère se trouvaient à Vielsalm.
La plus ancienne citation de la paroisse de Salm date de 1131. toutefois il y a lieu de penser qu’elle remonte à l’époque caloringienne. Son origine serait antérieure à celles du comté de Salm et de Vielsalm. Quoiqu’il en soit, pour l’instant il s’agit seulement de rappeler les prêtres connus qui ont particulièrement reçu en charge les intérêts spirituels des habitants de Ville-du-Bois.
Le premier était Sire Jean-Pierre DECROTIER, originaire de Mont-le-Ban et fixé à Ville-du-Bois dès 1767. Il y restera 34 ans.
Les circonstances de sa venue méritent d’être signalées. Vers le milieu du XVIIIe siècle, les habitants de Ville-du-Bois jugèrent que leur communauté « fort grande et peuplée » méritait bien une chapelle et un prêtre la desservant en permanence. Ils entreprirent à cet effet des démarches auprès de l’autorité civile et de l’autorité religieuse. Et sans même en attendre le résultat, on bâtit. La chapelle érigée, l’autorité dut bien reconnaître le fait. Il y a lieu de penser que le Curé de Salm, Sire Laurent MARTINY, n’était pas hostile à l’entreprise. Bref, l’Abbé DECROTIER, vicaire à Vielsalm, fut chargé des fonctions sacerdotales à Vile-du-Bois. Il tint également école pour les enfants de la localité.
La fin de sa carrière rencontra l’hostilité du Régime français. Les Sans-culottes s’étaient installés dans la région en 1795. dès 1796, surgirent des difficultés religieuses, notamment avec le Curé de Salm, l’Abbé BARTHELEMY, qui est obligé de s’enfuir. Pressé de prêter le fameux serment de haine à la Royauté et à l’anarchie, l’abbé DECROTIER refuse ; en conséquence, le presbytère doit être mis sous séquestre.
L’attitude du prêtre ne manqua pas d’influencer celle de ses ouailles. Ville-du-Bois ayant été érigée en commune, son agent et l’agent-adjoint démissionneront plutôt que de prêter aussi le serment. En guise de protestation, la localité diffère même de tenir les assemblées primaires et de faire le nécessaire en matière d’impôt. La résistance fut vive, comme en d’autres localités voisines d’ailleurs.
Elle cédera, mais devant la menace, celle d’envoyer des garinsaires dans les maisons du village.
Après le fameux coup d’Etat de Napoléon en 1799, le serment exigé fut remplacé par une simple promesse de fidélité à la constitution nouvelle. Le 20 janvier 1800, l’Abbé DECROTIER fit à Vielsalm la promesse demandée.
Il mourut le 13 octobre 1801 à Ville-du-Bois.
Lui succéda le R.P. THIMOTEE prémissaire et écolâtre.
Puis l’Abbé François REUCHENBERG, cité dès 1805. il était natif d’Aix-la-Chapelle. Il est mort à Ville-du-Bois, à 50 ans, le 5 septembre 1816. sa pierre funéraire se trouve encore actuellement au cimetière de Vielsalm.
Vient après lui l’Abbé GUILLAUME, de 1818 à 1823. c’est lui qui notait que parmi les devoirs du vicaire figure celui de « tenir les écoles en hiver ».
Puis l’Abbé Paul COLLIN, de 1824 à 1833. lui aussi s’occupe de l’instruction des enfants. En 1828, lorsque l’Asministration communale de Vielsalm établira une école primaire à Ville-du-Bois, c’est l’Abbé COLLIN qui est nommé instituteur.
En 1833, il est remplacé par l’Abbé KELLEN, précédemment à Burtonville. Celui-ci restera jusqu’en 1843.
En 1842, Ville-du-Bois étant érigé en paroisse, M. KELLEN est nommé premier administrateur.
Vient alors l’Abbé PONDANT, curé pendant 18 mois, de 1843 à 1845.
Ensuite l’Abbé GROGNA, 18 mois également, jusqu’en 1847.
M. l’Abbé WATHELET, originaire de Vielsalm, arrive le 19 octobre 1848. il restera 26 ans, jusqu’au 14 novembre 1874. transféré à Gesves, puis à Lomprez, il garda un souvenir tel de Ville-du-Bois qu’il voulut y être enterré en 1885.
Après lui, M. l’Abbé Félix GROFILS, de Wandre, de 1874 à Pâques 1897. transféré à Lesves, il fut élevé par après au canonicat. Lui aussi voulut être enterré à Ville-du-Bois en 1911. comme l’indique son épitaphe, il dirigea « la paroisse avec un zèle ardent et une exquise bonté ». aimant beaucoup sa paroisse, il se dépensa pour la doter d’une nouvelle église, une des plus belles de la région. Sans cesse préoccupé du bien de la localité, cultivé, il fut également le promoteur de plusieurs autres projets en faveur de ses ouailles.
M. l’Abbé HENNUY, originaire de Rettigny, le remplaça, de 1897 au 1 octobre 1920. la maladie lui imposa la retraite. Longtemps, il s’était dévoué au service des écoles locales de filles, et on lui doit aussi l’existence d’une laiterie prospère durant une dizaine d’années.
C’est M. le Curé LEFEBVRE qui lui a succédé.
De l’œuvre entreprise par ces prêtres, il y aurait beaucoup à dire. Bornons-nous à relever leur effort sans cesse poursuivi en faveur de l’instruction des enfants.
Quand les pouvoirs publics décidèrent d’établir une école primaire à Ville-du-Bois et que l’Abbé COLLIN fut nommé instituteur, il y avait soixante ans que l’Abbé DECROTIER avait commencé son œuvre d’instruction, continuée par ses successeurs, succédant elle même à celle que depuis longtemps les Curés de Salm avaient entreprise pour leurs paroissiens.
Plus tard, dès le début du Xxe siècle et toujours dans le même esprit de développer la vie intellectuelle du village, le prêtre local suscita la création d’une école primaire de filles et d’une école gardienne qui ont duré quarante ans, et une école dominicale de jeunes filles qui exista vingt ans.
Bel effort qui, à lui seul, mérite bien à ses auteurs pour le moins un fervent souvenir.
Gaston REMACLE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire