lundi 2 novembre 2009

Aux origines de Vielsalm.

(publié dans L’Annonce de Vielsalm, le 28 septembre 1947)

« Ignorer l’histoire, c’est rester à jamais enfant », a pu écrire un grand historien.

S’il est une histoire à connaître, n’est-ce pas un peu celle de ce qui nous est proche, notre famille, notre localité, notre région ?

Aussi, dans le cadre d’une tribune touristique de Vielsalm et environs, nous pouvons bien, sans doute, faire un petit voyage dans le passé de chez nous. Et remonter aux origines de Vielsalm. Voulez-vous ?

Si, au sujet du passé de Vielsalm, l’on questionne les personnes d’âge, si l’on interroge avec attention l’aspect des lieux on arrive vite à la conclusion que, il y a un siècle, la localité présentait un groupement de demeures bien différent de celui d’aujourd’hui. Le vieux Vielsalm, d’il y a cent ans et plus, était pour ainsi dire tout entier autour de l’église, du Tienne messe, de la place voisine. De l’hôtel du midi à la gare, à peu près rien.

C’est aspect n’était que la continuation de celui des siècles antérieurs.
Pour entrevoir les origines de Vielsalm il s’agirait donc de découvrir la raison d’un groupement progressif de demeures en cet endroit.

Présence d’eau potable ? Ou disposition favorable du sol à l’établissement d’un centre rural, comme la plupart des autres localités en ces temps reculés ?
Sûrement pas. Car les lieux qui ont servi d’assise au Vielsalm originel ne constituent rien de moins qu’une crête rocheuse se terminant presque en ravin.

Si, par un travail sincère de l’esprit, l’on fait abstraction du remblai de la voie ferrée Vielsalm-St Vith datant de 1915, du remblai aussi sur lequel gisent les ruines de l’hôtel de Belle-Vue et descend la grand’route actuelle, on aperçoit un paysage bien différent de celui d’aujourd’hui tout le contraire du fonds indispensable à un établissement rural. Mais on voit une disposition du sol très apte à servir de base pour une forteresse médiévale un promontoire, dominant plusieurs vallées profondes et facilement endiguées, face, à l’époque féodale, aux abbayes envahissantes de Stavelot-Malmedy.

Une forteresse, en effet. Car c’est bien cela qui, un jour, est venu s’ériger en cet endroit.

C’était vers l’an 1000.
Un document dont la date est à situer entre fin 1034 et début 1036, cite pour la première fois le nom de Salm : « comes Gisilbertus de Salmo ». d’autres données autorisent à admettre que l’établissement chez nous des Seigneurs qui prirent le nom de « Salm » remonterait même un peu plus haut, peut être dans la seconde moitié du Xe siècle. Disons donc, en bref vers l’an 1000. Après 1035, les mentions de Salm comme nom du Comté, des Comtes, ou de leurs châteaux vont se multiplier.

Sur le promontoire de Vielsalm, les Seigneurs établirent leur demeure. Château et forteresse, « avecque les appendices et circuits à la dite place », avec les services domaniaux et judiciaires de l’époque, une chapelle castrale aussi, vraisemblablement, dès le début du comté ; le tout entouré d’une enceinte et d’un fossé dont, paraît-il, on retrouvait encore des traces au siècle dernier.

Le castel s’élevait tout au bout du promontoire rocheux, là où se dresse actuellement la « Vieille maison » de Madame MOUTON. Il est cité pour la première fois dans les documents de 1153 : « castellum meum Salmis ».

Autour de ce château primitif, peu à peu, surgirent des demeures. La présence en 1501 de 6 ménages francs sur les 8 de l’agglomération, n’interdit pas de supposer qu’à l’origine, comme à Salmchâteau plus tard, le château abrita une franchise murée.

Évidemment, la population de la cité naissante ne tarda pas à déborder le cadre des murs qui l’enserraient. Elle occupait 83 maisons entre 1715 et 1733, et 95 en 1793. En 1712, l’historien luxembourgeois PIERRET désignait Vielsalm comme étant « … une manière de bourg ». Et en 1762, le Florentin GUICHARDINI, historiographe, comprenait Vielsalm au nombre des « … vingt villes murées du pays… ».

Une opinion accréditée au siècle dernier a voulu faire de la forteresse de Salmchâteau la résidence primitive des comtes de Salm. C’est là une théorie erronée.

En réalité, c’est au début du XIVe siècle seulement, entre 1307 et 1362, que les comtes décidèrent de changer de résidence, d’abandonner leur château de Vielsalm et d’aller en construire un nouveau à trois kilomètres environ vers le Sud. Plus tard, tombé en ruines, la château de Vielsalm fut donné « héréditablement en fief » à « Gilles le Moulnier de la Vielle Saulme », le 9 septembre 1560.
L’étude des documents aboutit donc à cette conclusion de la priorité de Vielsalm sur Salmchâteau. Le savant archiviste VANNERUS, étudiant la question, écrivait en 1933 : Toutes les mentions de Salm-en-Ardenne antérieures au milieu du XIVe siècle peuvent être attribuées à Vielsalm ».
Ajoutons que cette conclusion à tirer des archives se confirme par l’examen d’autres éléments. Car, comment expliquer que le centre de la paroisse de Salm dont le territoire coïncidait avec celui du comté de Salm primitif, ait toujours été à Vielsalm ? Comment expliquer que, même après le XIVe siècle, le centre domanial et judiciaire du comté ait-été à Vielsalm, ce qui lui a permis de devenir aujourd’hui centre cantonal ? Comment comprendre le tracé et le point de départ Vielsalm, de certains chemins d’importance tels que les voies Salm (Vielsalm)-St-Vith et Salm (Vielsalm) – Stavelot ?

Comment comprendre que le langage courant, confirmant d’ailleurs des documents postérieurs au XVe siècle, de l’appellation Salm donnée à Vielsalm ?
Et comment expliquer le nom même de Vielsalm ?
Résumons Vielsalm doit son origine au groupe de maisons constitué peu à peu autour du premier château des seigneurs qui prirent le nom de Salm, et installés chez nous vers l’an mille.

Mais d’autres questions surgissent à l’esprit. Ainsi, le nom de la localité, que signifie-t-il ? Pourquoi « viel » ? Pourquoi « Salm » ?
Disons déjà que le déterminatif « Viel » signifie tout simplement « vieux ». Après la construction du château de Salm-Château, au XIVe siècle, la nouvelle résidence seigneuriale de Salm était donc une Salm nouvelle par rapport à la première. « Nouvelle Salm », ou « Salma nova », disent certains documents.

Aussi l’ancienne Salm, avec son château désaffecté, fut-elle considérée dans le parler local comme la « vieille Salm ». et le nom est resté. La « vieille Salm », c’est « Vielsalm », mais ce nom, aujourd’hui officiel, a souffert d’une orthographe défectueuse.
Quant au terme Salm ! D’où vient-il ? Que signifie-t-il ? Nous en reparlerons une autre fois.

Gaston REMACLE

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