mercredi 18 février 2015

Coutumes anciennes à Taverneux autour de la dîme sur base du registre paroissial des décès de 1732 à 1797.

Coutumes anciennes à Taverneux autour de la dîme sur base du registre paroissial des décès de 1732 à 1797. S'y ajoutent des évènements météorologiques, quelques décès avec mentions remarquables. Ces mentions sont majoritairement inédites dans un registre paroissial. On y apprend aussi depuis quand on plante les poires [lire "pommes"] de terre à Taverneux. 

(Article inédit de Joseph TOUBON)


 Notes issues du registre paroissial des décès de Taverneux et inscrites par le Frère "Jule Bechou", comme il l'écrit lui-même en 1ère page du registre. L'orthographe de base a été respectée et une ponctuation a été ajoutée pour rendre le texte parfois plus clair. Les ratures ont été ajoutées aussi comme reprises au registre. Pour une lecture aisée du texte, j'ai ajouté les accents manquants et fait précéder les noms et prénom(s) des personnes d'une majuscule souvent absente. Partout, le Frère écrit "nôtre" et beaucoup de termes en "ment" sans le "t" final, comme "sacremen". 

 "Jule Bechou", comme il orthographie lui-même son nom (dit Frère Foulque Bechoux) déclare déjà un décès le 24 juillet 1732; il est donc déjà curé du lieu à ce moment et d'après la page du préambule du registre, depuis juillet 1732. Il restera curé ici jusqu'en juillet 1769, soit 37 ans. 





 Vol 5 Registre mortuaire des Églises paroissiales de Taverneux et de Fontenaile contenant les noms et surnoms de ceux qui sont morts et inhumez dans les susdites paroisses et cimetières depuis le mois de juillet de l'an mille sept cent trent deux commencé par frère Jule Bechou Curé pour lors de Taverneux et Fontenaille. Memorare novissima tua et un aeternum non pesccabis. 

Le vingt-quatrième juillet de l'an mille sept cent et trente deux est décédée à Taverneux Odile Grégoire d'un catare qui lui aiant ravi l'usage de la parole et des autres sens l'a mise hors d'état de recevoir autres sacremens que celui d'extrême onction. 

 Le vingt-neuvième janvier [1734] est décédé à Taverneux administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église Pierre Richard autrefois habitant de Bonerux mais avant sa mort résidant à la cense de Taverneux apartenant aux chanoines de Houffalize lequel a laissé au monastère dudit lieu aux environs de huit à neuf cent escus. 

 Au mois d'avril et au mois de mai [1734] a été bâtie la maison pastorale de Taverneux, de Fontenaille et partie de Dinez, la cave et les fondements aiant été construits l'année précédente au mois d'octobre et tout cela avec beaucoup de paines et d'intérêts de celui qui étoit pour lors curé, c'est pourquoi il mende que ceux qui lui succéderont se souviennent de lui dans leurs prières et sacrifices. 

Le vingt-huitième février [1737] est décédé à Fontenaille Henri Louis dans la huitantième année de son âge muni des sacremens de nôtre mère la sainte, Église aïeul de la précédente [l'acte de décès précédent concerne sa petite-fille Marie Catherine LOUIS]. Il a été longtems mambour de l'Église de Fontenaille et grand défenseur de ses droits et prérogatives. 

Le huitième janvier [1738] est morte à Taverneux Marie Jacquemin dite Remacle née à Retigny femme de Jean Jacquemin de Hardigny et actuellement censier du Monastère de Houffalize au dit Taverneux laquelle a été administrée des sacremens de nôtre mère la te Église. 

L'onzième avril [1738] vers les neuf heures du soir est décédée Jeanne Louis jeune fille de Fontenaille administrée de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église âgée près de quatre vingt et quatre ans laquelle a fondé deux anniversaires de deux messes basses lesquelles se doivent célébrer à Fontenaille tous les deux ans une au mois de février et l'autre au mois de novembre.

La même année [1739] les écuries de la maison pastorale de Taverneux ont été construites.  
Le trente et unième janvier [1740] est mort à Fontenaille Poncelet Le Bourguignon administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église, il étoit encore jeune homme et il naquit à Fontenaille. Il a laissé son testament à la Fabrique de l'Église paroissiale dudit lieu à peu près la valeur de quarante écus par charité, il est dans le même testament fondateur des quatre basses messes annuelles qui se doivent célébrer chaque année aux quatre tems de chaques années. Il a laissé pour ce sujet et à cette intention dans son testament les piesses de terre suivantes scav que la fabrique dudit Fontenaille profite parmi paiant annuellement au Révérend Curé de Fontenaille six escalins et au vicaire un. Ces piesses de terre sont les suivantes comme lon peut voir par son testament les prairies dites des forires joignant d'un coté à Jean François Louis de Fontenaille et de l'autre à Jean Gille du même lieu et un autre petit morceau appellé les prés Houlare contrechassant [ contigu et imbriqué dans les terrains de ..] avec Jean Gille de Fontenaille comme aussi deux champs dont l'un est situé à la melée au chêne et l'autre sur Daroumont et puis un petit morceau de jardin à herbes appellé le chesa Buret. 

L'année 1740 mérite d'être marquée d'une pierre noire dans nos annales pour l'irrégularité des saisons. Le froid après avoir été vif et continuel depuis le 19 octobre de l'an 1739 jusqu'an peu avant noël s'est redoublé par une gelée qui commença le 24 décembre. Jusqu'au dixième mars, le froid pendant cette gelée a quelque fois surpassé de quelques degrés celui de 1709. Le septième, le huitième et le neuvième mai, iln il tombat une neige si abondante qu'on a vendu le foi cent de foin à un écu. On a découvert les toits de paille pour servir de pâture aux bêtes, il y en a qui les ont nourris avec de la pure avoine. L'été qui commença fort tard a été pluvieu et a donné très peu de chaleur, il finit avec le commencement de l'autome. Les gelées furent si vifs en septembre et en octobre qu'elles gelèrent les poires et les pommes sur les arbres et les raisins avant leur maturité. Ainsi Dieu ne nous a, ce semble, montré les apparences d'une récolte abondante que pour nous faire voir qu'il pouvoit nous récompenser si nous le méritions; et il ne nous a privé de ses richesses que pour nous apprendre que nous n'étions pas digne de les recueillir. 

Le 25 décembre [1741] est mort à Taverneux administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église Pierre Cara jeune homme. Il a fait un lege [= légué] à l'Église de Taverneux de cent écus pour assister a avoir une remontrance [objet du culte, calice ou ostensoir ?]. 

Le 30 juin de l'année courante [1741] il tombat une grêle si abondante et si extraordinairement grosse à Taverneux et à Fontenaille que j'ai jugé à propos d'en informer la postérité afin qu'elle apprenne combien toutes choses dépend de celui qui les a formés. Elle était communément de la grosseur d'un œuf de pigeon, il y en avoient qui égaloient ceux des poules, le vent les poussoit si violemment qu'elles avoient tellement impré [imprégné] leurs vestiges dans le gason qu'on les voioit bien du tems après, il ne lui falut qu'un demi quart d'heure pour ravager tous les segles et les avoines de Fontenaille et une partie de ceux de Taverneux, elle blessat plusieurs personnes et tuat des bêtes à laine qui en furent surpris en campagne. F. Jule Bechou pour lors Curé de Taverneux et autheur de ce mémoire n'a tiré cette année que neuf mesures et demi de segle pour toute la dixme de Fontenaille. 
Que le bois de Resimont ou tierre George aiant été défriché l'an 1741, j'y ai tiré la dîme de segle et d'avoine les années suivantes en qualité de novalle [novale = terre nouvellement mise en culture] à l'exclusion du monastère de Houffalize. 

Le sixieme janvier [1744] est décédée à Taverneux Anne Marguerite Chalon dite Pierre le Marichal administrée de tous les sacremens, elle étoit née à Taverneux et avoit épousé Charles Chalon de Verieumont [Verleumont, nom donné en wallon par le Frère] proche Lierneux. [C'est une de mes ancêtres; les Chalon sont originaires de Lierneux]. 

Le douzième avril [1743] est décédé dans la côpagnie franche du sieur Coster au service de la Reine de Hongrie Henri Le Sage jeune homme de Taverneux. 

Que l'an 1743 j'ai soutenu procès jusqu'à faire droit contre Nicolas Maquet de Somerin au sujet qu'il avoit enlevé les dîmes dans un sien prés situé au pont de Brisy à ce côté ici vers Houffalize, du véritable lit du ruisseau de Somerin à main droite du sentier allant de Houffalize audit Brisy. Le procès est au Rol de la Cour de Taverneux dont il y a copie dans mes papiers aussi bien que de l'accommodement qui est enregistré à Houffalize. 

Que le jour de Pâques de l'année susdite [1743] l'on s'est servi pour la première fois de la Remontrance laquelle a couté les cent écus que Pierre Cara jeune homme de Taverneux avoit légué par son testament et outre cela quinze écus que la fabrique a paié. 

Le treizième mars [1744] est mort à Taverneux Pierre Jean Gilles administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église. Il est fondateur de plusieurs anniversaires de cinq messes basses pour lesquelles il a laissé au Curé un morceau de prairie à Findeville qu'il tenoit en gage des héritiers de feu Jacques Delbouvier, au autre morceau au dessous du village de Taverneux qu'il tenoit aussi en gage de Henri Cordonier dudit Taverneux, et un troisième qu'il possédoit en propriété joignant à celui du doiart de Regimont, il y a quatre de ces messes qui doivent se célébrer au quatre tems de l'année et la cinquième pendant l'octave des âmes. Quant aux autres anniversaires dont il est encore fondateur coe [= comme] son testament ne s'ouvrira point avant le décès de sa femme on diffèrera jusqu'à lors d'en parler. 

Pendant le cours de la susdite année [1744] l'anniversair du sieur Jamois a été fondée, laquelle fondation a terminé bien des persécutions et adversités que la Divine Providence a permi que je souffris à ce sujet; après que mon honneur a été attaqué injustement dans les compagnies, la chose a été plaidée un an entier au synode de Liège, de là à Luxembourg où outre le principal j'ai dû soutenir un second procès qu'on avoit suscité à l'adjonction du procureur général mais grâce à Dieu je suis sorti à la fin victorieux. 

Pendant la même année [1744] il est sorti du conseil de Luxembourg une sentence interlocutoire qui oblige les bourgeois de Houffalize qui ne vouloient pas paier la dîme de foin des battis à prouver qu'ils ne l'avoient pas paié avant et après la transaction, ce procès m'a couté plus de quatre vingt écus. Huit jours après que le susdit règlement est intervenu il en est sortis un autre au sujet de la dîme des grombires ou poires de terre qui portoit que les Résidents auroient à prouver que depuis un tems suffisant à prescrire ils auroient communément planté ledit fruit dans la paroisse de Taverneux sans en donner la dîme. Le commissair est venu le 15e septembre pour entendre les preuves de part et d'autre ce qui a coûte plus de sept vingt écus aux deux parties. 

Le jour de saint Simon et saints Jude [1744 - date de la fête : 28 octobre] on a célébré pour la première fois avec le calice d'argent, il a couté plus de vingt neuf écus et il a été paié en partie avec l'argent de la vieille remontrance laquelle avoit été donnée par le Comté de Mérode. Ce calice doit être d'argent au titre de Paris et il a couté dix escalins l'onze [l'once]. 

Le quatrième janvier [1745] est décédée à Dinez Catherine Ponet veuve de feu Jean Adnet en son vivant maieur de Mont. Elle a été administrée de tous les sacrements de nôtre mère la sainte Église et elle a été née à Wandeboursy et elle s'appeloit avant son mariage Catherine De Fourny. 

J'ai eu [1745] plusieurs difficultés avec frère Augustin Legond Révérend Prieur actuel du monastère de Houffalize au sujet de la dîme, lequel quoique très persuadé et très convaincu que celle de Forêt appartient à un Curé de Taverneux comme novale a tenté bien de fois de me disputer la dîxme des terres sartables de Jean Philippin de Houffalize, de Pierre Deumer maieur de la Cour dudit Taverneux, celle auprès de la sierie du sart chapelet et de la warivenne, sans vouloir faire attention que sur tout celle des terres d'auprès de la sierie et du sart chapelet paroissoient être enclavées et comprises dans les limites de mon dimage, et que de plus il ne pouvoit guères que sordidement agir si scrupuleusement avec un confrère. Mais la Divine Providence y a pourvu admirablement en disposant tellement des choses que Gérard Libart habitant de Fontenaille ou plutôt son fils Frédéric a pris la résolution de me compter cent et septente écus pour l'entière extinction de la rente qu'il avoit créé pour le paiement de l'honoraire des anniversaires ordonnés par feu sire Jean François Jamois et fondées par ledit Gérard Libart par acte passée devant ladite Cour de Taverneux en date du quatorzième juillet 1744. Laquelle susdite somme de cet et septente écus m'a mis en état d'acquérir et d'acheter comme j'ai fais au susdit Monastère de Houffalize comme j'ai fait par acte passé pardevant le notaire Alphonse Nicolas en date du 15 Xbre [ = décembre] 1745 la grosse dîxme de tout minpesse et de la petite tournée d'ortonfontaine et de toutes les terres sartables y adjacentes tant du côté du septentrion que du côté du levant; tellement que le dixmage du Curé de Taverneux qui avant cette acquisition doit être borné du côté dudit minpesse par le sentier qui conduit du preay au bois de Forêt, à l'exception des deux champs situés audit preay scavoir celui de Jean Thi Henri Thiry de Taverneux provenant dudit Jean Philippin et celui de Charles Chalon [mon ancêtre] aussi audit Taverneux dont les Curés de Taverneux ont toujours perçu la dîxme, s'extendra à la suite du Coté de Houffalize jusqu'à la herdavoie qui va du souvent dit Taverneux vers Forêt jusqu'au chemin qui sur le mont sorte de ladite herdavoie jusqu'au sentier qui conduit de Brisy à Houffalize et quant à toutes les terres sartables qui sont au delà du susdit sentier du côté de la rivière d'Ourte, elles feront à l'avenir coe [= comme] elles font déjà actuellement partie du dimage de la cure de Taverneux jusqu'aux champs de la haie du côté du couchant et jusqu'au chemin qui descend de ladite haie en frontaiwé jusqu'à la rivière d'Ourte. Quant aux champs situés sur les grands prés au travers ou vers lesquels le sentier qui conduit à Houffalize passe, coe [= comme] avant la susdite acquisition ils faisoient partie déjà du dimage de Taverneux, il n'y a pas de doute qu'il ne le fasse encore, c'est pourquoi j'y ai toujours tiré la dîxme après mes devanciers jusqu'à la date de cette et n'y ai jamais renoncé ni implicitement ni explicitement. 

Il est à observer que pendant l'année susdite scavoir 1745 j'ai tiré en qualité de novale la dîxme de segle dans un prés situé auprès de la Sedrogne appellé le frainesany appartenant à la veuve Henri Adnet de Dinez. 

Un curé aussi généalogiste [il y a beaucoup d'actes de ce type dans le registre paroissial des décès, au décès du mari]. Le vingt-cinquième avril [1747] est mort à Dinez Nicolas Fairon administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église. Il étoit veuf depuis le vingt deuxième août de l'an 1739 de Jeanne Barbe sa femme avec laquelle il a procréé cinq enfans qui vivent encore actuellement scavoir quatre garçons et une fille dont un s'appelle Jean François marié dans la maison paternelle, le second Henri marié à Wibrin, le troisième Gérard marié à Mont et le quatrième Joseph encore jeune homme. Quant à la fille elle s'appelle Marie Anne et est mariée sur Les Tailles. 

[1747] Nôtre monastère de Houffalize qui depuis son accès et son union à la congrégation françoise de sainte Geneviève n'avoit jamais voulu entendre parler d'accepter le Rochet [surplis du prêtre] nonobstant les présentes et gratieuses sollicitations de plusieurs pères visiteurs qui depuis la susdite union ont visité nôtre maison s'y est enfin subitement resou [= résolu] de son propre et seul mouvement et s'est revêtu du prédit vêtement la veille de Pâques de l'année courante. 

Le troisième juillet de la présente année [1747] j'ai été condamné par le conseil de Luxembourg au sujet de la prétention de la dîxme des poires de terre contre l'attente cependant et la pensée de plusieurs personnes d'esprit à qui j'ai confié la lecture de mes écrits. Le prédit procès que j'ai commencé sur la promesse verbale de quelques Curés et sur la signature de quelques autres par laquelle ils se sont engagé de m'assister et de participer à tous les frais que je serois obligé de faire à ce sujet m'a fait faire la triste expérience pour moi et honteuse pour eux que l'imposture et la mauvaise foi règnent avec le même empire chez les Ecclésiastiques que chez les séculiers puisque quelques uns d'entre eux détournais les yeux de leur engagement, ont refusé de compter argent et m'ont par là contrain d'exposer plus de deux trente écus du mien. Mais si la fin du susdit procès m'a fait éclore et mettre au jour l'infidélité jusqu'alors cachée et dissimulée de quelques-uns de mes associés : son commencement et son progrès a fait aussi paraître de quel excès de malice les hommes intéressés sont capables lorsque détournant leur vue de la justice et de la raison, ils ne regardent que les moiens de satisfaire leur passion, car avant le commencement de la présente querelle rien n'étoit moins avéré dans le vulgaire, ni rien plus unanimement dans le public que l'aveu sincère que les poires de terre étoient alors un fruit nouveau qu'il n'y avoit pas seulement trente ans avoit planté les premières dans nôtre province et particulièrement dans ma paroisse il n'y avoit pour les personnes qui ne disoit hautement qu'on avoit commencé à les cultiver à Taverneux l'an mille sept cents seize. Outre cette science généralle et étrangère j'étois de surplus physiquement certain qu'il n'y avoit point vingt huit ans que les premières avoient été apporté à Houffalize, ainsi je laisse à juger à la postérité si je ne pouvois pas me flatter d'une issue favorables. Mais les choses ont bien changées de face lorsqu'on a appris que selon les édits de Charles-Quint de 1520 et 1530 un prescription de non payement de quarante ans pouvoit me priver de ma prétention. Car dans ce tems presque tout le monde a commencé à tenir un langage tout à fait différent de celui qu'on avoit tenu auparavant en niant formellement la vérité ou au moins la dissimulant jusques là que quelques témoins se laissant séduire tant par leur propre intérêt que par leur proximité de parenté avec mes adverses se sont tellement oublié qu'ils ont déposé qu'il y avoit plus de quarante à cinquante ans qu'on plante de cette sorte ce fruit dans ma paroisse mais cependant d'une manière qu'il est facile à tout homme non prévenu de s'appercevoir que le pire du mensonge leur a dicté leur déposition. Voila l'histoire en abrégé mais véritable du procès qui m'a coute plus de deu cents écus en mon particulier dont j'espère que si la sentence n'est pas réformée en ce monde, j'ai grand sujet de me confier que elle le sera à la fin des siècles au tribunal redoutable de Jésus-Christ. 

Que l'an 1747 et 1748 j'ai perçu la dîxme du grain et avoine en qualité de novalle dans un prés situé derrier le village de Dinez appelé le frainesany appartanant à Pierre Bricheux de Sommerin et l'an 1748 la celle d'avoine. 

Le 23 novembre [1749] est morte à Taverneux administrée de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église Catherine Chenaux veuve de feu Pierre Jean Gilles de Taverneux. Ils n'ont point eu d'enfans pendant leur mariage et ont laissé pour héritiers de leur bien leurs neveu Henri Cordonier et sa femme Marie Lachenalle et sont fondateurs de plusieurs anniversaires dans l'Église du lieu susdit. 

L'an 1749 j'ai tiré la dîme de grain en qualité de novalle dans un jardin appelé le corty Henon appartenant à Catherine Noiseux de Dinez veuve de feu Henri Adnet remariée à Jean cordonier de Wilogne, c'est Jean françois Louis de Fontenaille qui l'a perçu pour moi et de ma part de même que celles de la frainesany dont j'ai déjà fait mention dans ce registre, ainsi en cas de dispute on pouroit avoir recours à lui et à ses enfans. 

Le deuxième mai 1749 à cinq heures après midi le grand conseil de Malines a réformé en partie la sentence prononcée le troisième juillet 1747 par le conseil de Luxembourg au sujet de la dîme des poires de terre laquelle m'a été adjugée dans les champs mais point dans les jardins à raison, à ce que plusieurs conseillés m'ont dit, qu'il a estimé la possession suffisamment prouvée pour les derniers, ce que je crois avoir provenu de ce que je n'ai pas produit le débat le débat que j'avais fais des témoins de mes adverses dans l'avertissement fourni au conseil de Luxembourg et cela à raison que Monsieur D'ortho mon avocat me l'a déconseillé avant son départ pour La Haie trois jours avant la reddition de la susdite sentence. J'ai reçu mon relief le premier juin de l'an 1748 et l'ai fait signifié à partie [à la partie adverse ?] le cinquième du même mois. La cause a commencé et a été poursuivie à Eternach [= Echternach] où le grand conseil étoit pour lors jusqu'au mois de février de l'année suivante auquel tems il a retourné à Malines à raison de la paix qui a obligé les François d'évacuer les Pays Bas un peu avant ce tems la. 

Que l'an 1748 et 1749 j'ai tiré en qualité de novalle la dîme de segle et d'avoine dans le village de Dinez au corty Henon de Jean le Cordonier dudit lieu marié avec la veuve Henri Adnet. 

L'an 1750 le huitième septembre j'ai perçu la dîme d'avoine en qualité de novalle dans la herdavoie de Taverneux à Forêt, la communauté du lieu y aiant semé pour son profit particulier. 

Le cinquième jour d'octobre [1751] est morte à Fontenaille Anne Draway de Wibrin femme en seconde noce de Louis Sales du dit lieu administrée des sacremens de pénitence et eucharistie et munie comme j'espère de l'indulgence du jubilé universel. 

Que pendant le cours de l'année susdite j'ai tiré la dîxme de segle à l'onzièmes gerbe dans la prarie de Jacques Bastin de Sommerin qu'il possède auprès de celle de Nicolas Macquet dudit lieu au sentier de Houffalize à Brisy assés proche du pont dudit Brisy. 

Le vingt-quatrième jour d'octobre [1752] est mort à Taverneux administré de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église Charles Chalon [mon ancêtre] né à Verieumont paroisse de Lierneux. Il a épousé en première noce Annie Marguerite le Marichal de Taverneux avec laquelle il a procréé trois filles encore vivantes scavoir Jeanne Joseph [mon ancêtre], Marguerite et Agnesse. 

Les ans 1751 et 1752 j'ai perçu comme novale la dîme d'avoine semée par la communauté de Taverneux pour son profit particulier dans la herdavoie entre minpesse et la vaux dudit Taverneux. 

Le neuvième avril 1752 j'ai publié dans ma paroisse le bref de nôtre saint père le pape du 4 novembre 1751 28 7bre [= septembre] 1751 et le mandement de son éminence notre Evêque de Liège du 4 novembre de la même année au sujet de la réduction de plusieurs fêtes. 

Que l'an 1753 j'ai perçu comme novale la dîme de l'avoine que la communauté de Taverneux a semé dans les herdavoies de dessus le monsay et entre minpesse et la vaux de Taverneux. 

Le sixième juillet [1754] est morte à Taverneux Anne Marguerite Le Maire fille de Nicolas Le Maire de Limerles et de Jeanne Joseph Chalon dudit lieu Taverneux sa femme dans lequel lieu elle a été enterée âgée seulement de quatre mois et cinq jours. [Les parents de cet enfant sont aussi mes ancêtres]. 

Que pendant le cours de l'année 1754 le foin et la paile ont été fort chères à raison qu'au mois de mars il a tombé de la neige qui a resté sur la terre plus de trois semaines. 

Que pendant la susdite année [1755] on a fait par ordre de la Cour le dénombrement des biens non amortis tant des Églises, chapelles, hôpitaux que des Ecclésiastiques. 

Que pendant le cours de l'année 1756 j'ai paié à Marie Terese Imperatrice et Reine de Hongrie et Bohême, notre auguste souveraine, les droits d'amortissement tant pour mon bien non amortis que pour ceux des Églises de Taverneux et de Fontenaille et pour un champ que Nôtre Dame de Forêt tient en gage des Dehez de Taverneux. 

Que sur la fin de 1755 j'ai tiré de Jean Wileme de Taverneux en nature la dîme des poires de terre de son nouveau jardin dans les closures et que vers le mois d'août 1756 j'ai eut un escalin de Jean François Cara de Taverneux pour la dîme des poires de terre qu'il avait cultivé dans son jardin sur le gros tierre et qu'il m'a donné pour ce sujet un escalin en présence de deu témoins lesquels ont signé sur l'acte que j'ai fait dresser le même jour par le notaire L'hermite de Houffalize. 

Le troizième du mois de juin [1759] est mort et a été enterré à Taverneux Lambert Du Jardin né à Retigny administré du saint sacrement de pénitence et de celui de l'Eucharistie, il a toujours été très simple depuis sa naissance et on l'a admis à la sainte table pendant sa vie principallement à raison qu'il étoit très bien instruit des ministères de nôtre sainte religion. 

Que l'an 1762 j'ai perçu des mains de Henri Ferir de Dinez trois setiers segle passés pour la dîme d'un sart situé dans un endroit appellé le frainesany. 

Le vingtième jour du mois de janvier [1765] est morte à Taverneux et le lendemain a été inhumée dans le cimetier du même lieu Barbe Françoise Farnir épouse à Jean Leonard administrée de tous les sacremens de nôtre mère la sainte Église; elle n'a pas eu d'enfant avec sondit mari. Elle a légué par son testament passé devant le Curé vingt écus sur son héritage après la mort de son mari pour laquelle somme le Curé lui célèbrera tous les ans trois messes basses pour chacune desquelles il tirera un escalin et demi, le vicaire par an un escalin et la fabrique le reste de l'intérêt de l'argent légué. 

Le 5 de janvier [1769] Monsieur Jules Bechoux Curé moderne de Taverneux a été élus prieur d'Houffalize presque omnium vobis quoique âgé de septante ans. Sa grande humilité, sa modestie, son érudition, une expérience fondée dans les affaires l'ont élevé à ce grade. Il a nommé pour son successeur à cette cure Frère Joseph Meurquin natif de Marche qui en prend aujourdhuy possession. 
Le 3 juillet 1769. "Jule Bechou", alias Frère Foulque Bechoux, sera resté 37 ans à Taverneux. Il avait remplacé à la cure de Taverneux Frère Jean-Baptiste Deumer, mort curé à Taverneux en 1732. Il mourra à Houffalize en 1772, à l'âge de 73 ans. Son successeur mourra en 1800. Il était né Jacques François Meurquin, à Marche. 

Le nouveau curé poursuit de manière plus lacunaire le travail anecdotique de son prédécesseur. 

Pendant le cours de cette année [1772] Jacques Lefevre de Taverneux a fait un nouveau jardin entre minpesse et les prés du praai. [Encore une dîme à percevoir, une mention pour ne pas oublier ?]. 

Pendant le cours de cette année [1772] Robert Cara a fermé un champ situé au praai qu'il a adjouté à un autre enclos appellé le wimar lequel contient apeu près la moitié cepourquoi une moitié ne doit pas dîme comme ancien verger et l'autre moitié la doit comme champ que j'ai tiré. 

Le 12 juillet [1773] je me suis accomodé avec Robert Cara de Taverneux touchant la dîme de la moitié de son enclos verger au praai appellé wimar dont j'ai déjà parlé l'année passé dans ce registre page 76 et 77. En conséquence, le dit Robert Cara m'est laissé tirer 54 à 55 verges de prés fort mal mefait au praai hors d'une de ses prairies qui joint à la plus grande des miennes pour la dîme que j'aurais tiré de son dit verger. 

Le dix-huitième d'aoust [1781] à dix heures et un quart du matin est morte à Taverneux administrée de tous les sacrements Catherine Rose Lemaire âgée de douze ans moins quelques jours fille de Nicolas Lemaire de Limerlé habitant de Taverneux et de Jeanne Joseph Chalon de Taverneux sa femme, elle a été inhumée le lendemain dans le cimetier de Taverneux. Elle est morte de la dissenterie. [Encore un enfant de mes ancêtres]. 

Mil sept cent quatre vingt huit, le vingt cinquième de décembre à sept heures et demis du matin est morte à Taverneux administrée de tous les sacrements Jeanne Joseph Chalon [mère de la précédente et aussi mon ancêtre] épouse de Nicolas Lemaire laboureur habitant à Taverneux. Elle étoit âgée de cinquante-huit ans quelques mois, elle a été enterrée le lendemain dans le cimetier du dit lieu par le sousigné curé. 

Mille sept cent quatre vingts et quatorze, le vingt septième de novembre à quatre heures un quart de l'après midi est mort à Dinez administré de tous les sacrements de notre mère la Sainte Église Jean Léonard Berthelot natif de Brassaite [lire Brasseitte] en Lorraine, Révérend curé de Boucquemonts diocèse Verdun, émigré depuis environ quatre ans, dont les deux dernières années il a demeuré à Dinez dans le Luxembourg chez le sieur Henri Annet, habitant de Dinez, échevin de la Cour féodale de Houffalize qui le nourrissoit par charité. Il étoit âgé de soixante deux ans et a été enterré le lendemain dans le cimetier de Fontenaille par le sousigné curé. 

Mille sept cent quatre vingt et dix sept, le septième de février est mort à Taverneux à six heures et demie du matin, administré de l'extrême onction, Sire François Bidonnet prêtre natif de Taverneux âgé de septante ans un mois et quelques jours. Il avoit été vicaire dans différents endroits et sur les dernières années de sa vie, il a toujours voiagé en qualité de pèlerin, il a fait deux fois le voiage de France; il a visité quantité de lieux pieux; il a été inhumé le huit février dans le cimetier du dit Taverneux par le sousigné curé. C'est l'acte 312 contenu dans ce registre. 

Le registre des décès s'arrête le 7 mars 1797 par la mort de marie Joseph Libart "femme de Henri Hubert Farnir" à 43 ans, quelques mois et quelques jours. C'était l'acte 314 de ce registre. 

Suit la clôture du registre qui porte cette mention : Je sousigné agent de la commune de Taverneux atteste d'arrêter par ma signature ce présent registre des morts des paroisses de Taverneux et Fontenaille, ce 19 vendémiaire an 7 (10 octobre 1798). [signé] J. H. Daverdisse, agent. 

Selon Tandel, "L'église de Fontenaille paraît dater du XVIe siècle de même que celle de Taverneux; le presbytère de Taverneux a été bâti en 1884". Ceci signifierait que la "maison pastorale" de Taverneux construite en 1734 a dû être démolie et reconstruite 150 ans plus tard. 

Cierreux, le 13 avril 2013
 Joseph TOUBON

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