(publié le 8 novembre 1959)
Le hameau de Lansival est bien du type des bourgades ardennaises.
De vieilles bâtisses étagées le plus capricieusement du monde, aux flancs et dans le fond d’une dépression du sol, se terminent dans la vallée. Ces vieilles bâtisses dont les murs sont faits de pierres de ce sol âpre et rude, tentèrent plus d’une fois, par leur rusticité, la palette de l’artiste.
Un poète flânant par là, y découvrit un antique moulin chantant au fil de l’eau.
« Une masure vénérable, écrit-il, qui bavarde toujours, en discussion avec le ruisseau qui tantôt boude lui refusant ses services, tantôt lui en apportant plus que n’en voulait sa roue ».
Un vieux moulin dont l’origine remonte au XVe siècle, plus loin peut-être. Le hameau lui-même est cité dans un document de 1365 sous le nom de « Langierva ».
Un document relatif au moulin date de 1461 ; nous le transcrivons dans son original. Il s’agit d’une demande de prise d’eau : « … accordant à Johan le Clercque de Florez l’autorisation de prendre l’eau pour le fonctionnement de son moulin à Lansival ».
Il est certain que depuis lors et jusqu’à notre époque, un moulin a toujours existé en ce lieu. Naturellement, il est difficile pour nous de suivre son histoire au jour le jour et de conter toutes les péripéties qu’il connut.
A-t-il appartenu à l’abbaye de Stavelot, ainsi que ceux d’Ecdoval (BECHOUX) et de la Fosse (PAQUAY) ? Nous n’avons jusqu’à présent trouvé aucune preuve de la chose.
En 1880, le moulin de Lansival était exploité depuis quelques années déjà, par Mathieu KOOS, grand-père du meunier actuel de Sart Ste-Walburge. Il y eut successivement un WILHEM, un GUEIBEN Jules, de Sart, un NOUPRÉ-DENNE ; Jos. LEJEUNE de La Vaux a été propriétaire sans toutefois l’exploiter.
Par deux actes consécutifs, l’un daté du 10 juin, l’autre du 11 juillet 1910, M. LEJEUNE le vendit au profit de Félicien BOCK DENIS de Salmchâteau.
« Moulin à farine, mû par l’eau, cadastré section F n°306, de 90 centiares. Le bief du dit moulin et canal d’amenée, cadastré section F n°308, de 3 ares 40 ».
Par acte du 27 juillet 1920, M. BOCK qui va reprendre un autre moulin à Houffalize, revend celui de Lansival à M. A. DELVAUX NEUVILLE de Xhout-si-Plout (Malempré).
« Un moulin — spécifie l’acte — avec deux paires de meules et le matériel ». MM. DELVAUX et fils, continuèrent la meunerie traditionnelle jusqu’en 1928, époque où le moulin passa à M. Julien DERENNE LÉONARD. C’est le propriétaire actuel. Dès ce moment, toute activité cessa. « Le moulin est bel et bien tombé à l’eau ». ainsi s’exprima, avec un fin sourire, M. DELVAUX, à qui nous demandions quelques renseignements. Il est donc désaffecté et tout vestige de la prospérité d’antan a disparu. Les meules et les accessoires furent cédés aux d’Ecdoval et de Regné.
« C’est dommage, nous dit M. DERENNE, entre deux prises de tabac, c’est dommage ce fut un excellent moulin, et quel courant d’eau ! »
Tout un temps, il procura en outre l’énergie électrique pour desservir les hameaux de Jevigné et de Lansival.
Abordant un jour, au cours de nos investigations, M. Antoine BISSOT, un nonagénaire toujours lucide, bon œil et bon pied, friand des choses du « vieux temps », ah ! nous dit-il, le moulin de Lansival possédait les meilleures meules du pays.
Aujourd’hui, ces lieux sont calmes dans leur abandon.
Depuis longtemps, l’antique moulin de Lansival a chanté son dernier refrain.
C. PIERARD
Bonjour,
RépondreSupprimerCes photos m'interpellent, mes parents vivent toujours à Lansival.
Savez-vous de quelle année datent ces clichés?
D'avance merci.
Jean-Paul Remacle.
Bonsoir,
RépondreSupprimerJ'imagine qu'ils ont été réalisés dans les années 1930.
Georges BENOIT