mercredi 22 juillet 2009

Le château de Salm.

(publié dans l’Avenir du Luxembourg, du 21 mai 1947)

Par arrêté du Régent, en date du 5 décembre 1946, paru au « Moniteur » du 23 janvier 1947, ont été classés comme site en raison de leur valeur archéologique et historique l’ancienne forteresse des comtes de Salm et ses abords, à Salmchâteau.
Ce fait nous est l’occasion de rappeler quelques détails à propos de cet ancien manoir des comtes de Salm.

Quelle est l’origine de cette bâtisse ?

On a voulu la faire remonter bien au-delà de l’installation dans le pays de la famille des seigneurs qui prirent le nom de SALM, et placer cette origine au temps de la période romaine.
C’est là une erreur. En réalité, le château situé à Salmchâteau a été édifié au début du XIVe siècle, entre 1307 et 1362. Incendié vers 1525, il fut restauré et agrandi en 1645. Un nouvel incendie se déclara dans une partie du bâtiment en 1723. Vers 1734, il bénéficia d’une restauration et d’un agrandissement.

En 1793, quand déferla la Révolution française, le château de Salm était toujours debout. Il fut nationalisé et abandonné. Le 12 novembre 1807, ce qui restait du bâtiment et des propriétés en dépendant fut vendu publiquement à Liège au profit de la caisse d’amortissement de l’Empire français. L’acquéreur fut Dieudonné-Joseph SAUVEUR de Liège.
Tel qu’il avait été construit au XIVe siècle, le château était aussi une forteresse. Les deux tours qui flanquaient la porte d’entrée, aux murs épais, percés de meurtrières, et dont la partie inférieure nous était restée jusqu’à ces dernières années, en constituaient un témoignage.
Il y a lieu de signaler le détail curieux de son alimentation en eau potable. Celle-ci était amenée, par une canalisation en tuyaux de terre cuite, d’une fontaine intarissable située sur le territoire de Provedroux, appartenant à l’abbaye de Stavelot, Guillaume de MANSERSCHEIDT, avait permis vers 1537 au comte Jean de SALM d’utiliser cette source.
Dès la deuxième moitié du XVe siècle, la famille de SALM ne résida plus à Salmchâteau, mais en d’autres de ses propriétés en Allemagne. Ses rapports avec les habitants du comté furent dès lors réglés par ses hauts officiers ou receveurs.

Le château bâti au début du XIVe siècle à Salmchâteau était en réalité le second de la famille de SALM. Car c’est à l’endroit devenu Vielsalm que d’abord les seigneurs de cette famille avaient établi leur demeure, une forteresse également. Celle-ci fut donc abandonnée au XIVe siècle, en faveur du nouveau castel bâti plus en amont. Le château de Vielsalm tomba peu à peu en ruines. Le 9 septembre 1560, un certain Gilles, meunier à Vielsalm, obtint, à titre de fief héréditaire, les ruines du « vieu chasteau gisant au dist Vielle Salm… avec les appendices et circuits à la dicte place ».
Mais pour quel motif les comtes avaient-ils, à un moment donné, quitté leur premier château pour aller en bâtir un nouveau à 2 500 mètres plus au sud ?
Nous croyons, pour notre part, qu’une raison d’ordre stratégique surtout a dû les y déterminer. Depuis trois siècles, la situation politique avait considérablement évolué ; le comté de Salm lui-même avait grandi ; l’art de la guerre s’était modifié. Autre temps, autres nécessités.
Nous ne savons à quelle initiative est dû le classement comme site du vieux manoir de Salmchâteau. En tout cas, elle est fort heureuse ; les amis des choses du passé et de la région de Salm ont appris son résultat avec grande satisfaction.

Gaston REMACLE

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