Mary SMITH, fille d’un sénateur
suédois fort riche Lars-Othon SMITH, née à Stockholm (Suède) le 12 mars 1868,
fut envoyée en pension à Genève de 1877 à 1884. Dans les années 1882-83, elle
fut la muse du peintre ZORN à Londres. C’est elle qui est représentée sur ses
tableaux: Mary dans le studio
(1882-83) et Mary sur la Tamise
(1883). Elle épousa le 24 avril 1887, selon le rite orthodoxe grec, un prince
turc, ministre à la cour de Stockholm, Copenhague et La Haye Jean Karadja Pacha, né à Neuplie, Athènes
(Grèce) en 1835. Le couple vécut d'abord à Stockholm, puis à La Haye et enfin à
Londres.
La princesse Karadja et ses enfants dans la calèche, devant le château de Bovigny, journal suédois, 1899. |
Le 26 mai 1893, devant le notaire DOUNY à
Vielsalm, le baron Oscar de MESNIL de VOLKRANGE, rentier, rue de la Loi n°117,
à Bruxelles, vendit à son Excellence Mary-Louise SMITH, Princesse KARADJA,
épouse assistée de son Excellence Jean-Constantin-Alexandre-Othon Prince
KARADJA PACHA, envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire de S.M.
l’Empereur des Othomans, demeurant ensemble à La Haye, une propriété dénommée «
château
de Bovigny » se composant d’un château récemment construit, avec toutes
ses dépendances, serres, établissement de pisciculture, maison de garde,
jardins, terres, pâtures et bois, pour 30 000F.
Gravure du château de Bovigny, journal suédois, 1899. |
Le prince KARADJA réaménagea complètement le
château, sur les plans de l’architecte KUPPER à Bastogne. Les travaux se
chiffrèrent à 13 679,24 F. Il fit appel à des entrepreneurs locaux: LEMAIRE à
Vielsalm, MEYER et BRUYÈRE à Beho. Menuiserie : SCHMITZ à Beho ; Briquetiers :
LAURENT à Rochefort et PERRET à Marche ; Tailleurs de pierres : MOUTSCHEN à
Beho, LENOIR à Gouvy ; Plomberie : VREULS à Liège ; Maçonnerie : ESSER ;
Plafonnage : BONTEMPS à Gouvy.
Le prince, malade, fut soigné par les médecins
SCHEURETTE, BERNARD et MASIUS. Il manda le Notaire JACQUES à son chevet le 29
juillet 1894 ; il institua la princesse légataire universelle de ses biens. Il
mourut en son château de Bovigny (commune de Beho !) le 11 août 1894, à l'âge
de 59 ans. Le décès fut déclaré par le Notaire JACQUES et le cocher Philippe
BELHOMME. Pendant la veillée, le défunt se consuma (combustion spontanée ?). La
princesse y vit un signe paranormal. Les funérailles furent célébrées par deux
archimandrites grecs et l’inhumation eut lieu dans une crypte sous la chapelle
orthodoxe érigée près du château et ornée de la devise : « Parce que c’est beau, c’est à aimer »
(Merci B.C. J).
Le 10 décembre 1894, à la requête de
Mary-Louise SMITH, rentière, demeurant au château de Bovigny, veuve du prince
KARADJA, en présence d’Auguste PIETTE, receveur communal à Vielsalm mandataire de Benjamin de
VRIES, consul de Turquie à La Haye, subrogé-tuteur des enfants, et de Frédéric
JACQUES, notaire à Vielsalm, firent l’inventaire des biens meubles du château
de Bovigny.
Cet inventaire nous livre
quelques curiosités : Dans le vestibule attenant à l’entrée du château, on pouvait
admirer une armure. Dans la pièce y attenant servant de grand salon : piano,
bahuts, petites vitrines anciennes, harmonium, petite armoire avec glace,
coffre à charbon, étagère, petites tables turques incrustées, petites tables en
bois noir, tapis de « Sémyrne »,
tapis d’Aubusson, petits lustres en cuivre, petit sofa en étoffe turque, petit
sofa en velours, fauteuils en bois, tables en bois, chaises recouvertes de
velours, fauteuils à dossiers en bois, fauteuils en étoffes, chaises en bois,
glace, petits tabourets en velours, chevalet en bois noir, petites étagères,
grande étagère, grandes lampes, paravents en cuivre doré, petite table avec
vitrine, table bibliothèque. De multiples tableaux, dont certains de l’école
Hollandaise, d’autres signés Van HAANEN, AUKER, WESTERBRUC, CORDIER, REMOLINAR,
WOUVERIAU, Van TOL ; des aquarelles de LACOSTE, PASSINI, ANDERSON, MEYER.
Consoles, candélabres, encrier, faïence de Rouen, de « Capadimonte », de Delft , porcelaine de Saxe, potiches italiennes,
anglaises ou en Delft, argenterie et métal anglais, etc. Dans la salle à
manger : trois cornes montées sur argent. Il y avait le petit salon à
écrire, la chambre d’enfants y attenant, la cuisine. La laiterie était située
sous la terrasse, elle comprenait : turbine centrifuge, baratte, malaxeuse,
machine à lessiver, machine à calandrer. Plus de mille bouteilles dans les
caves : bordeaux, mousseux, champagne, cognacs et liqueurs diverses.
Du pallier du premier étage, on accédait à la
chambre à coucher de la tour, où se trouvait le coffre-fort. La chambre à
coucher attenant à la précédente comprenait le prie-Dieu. La salle de bains y
attenant était déjà dotée d’une baignoire. Une autre chambre joignait cette
salle.
Au second étage, une multitude de chambres à
coucher, dont une dans la tour. Les domestiques étaient logés sous le grenier,
ils disposaient de 5 lits en fer, d’autant de tables de toilette et de chaises
en bois blanc. Cela contrastait fort avec le reste.
Dans la remise : voiture « Victoria », coupé, wagonnette, charrette
à âne. L’écurie disposait de 5 juments (anglaises et ardennaises), 1 poulain et
2 ânes. La ferme comportait une dizaine de vaches et veaux, quatorze moutons,
une vingtaine de cochons, des oies, canards, poules et lapins.
La princesse au château de Bovigny, journal suédois, 1899. |
La princesse voyageait entre la Belgique, la
Grande-Bretagne et la France. Elle fut un écrivain polyvalent sous le nom de « Mary princesse Karadja » : poésie,
prose, pièces de théâtre et nombreux écrits spirituels. Elle employait le
suédois, l’anglais, l’allemand. En français, elle publia « Étincelles » à Paris
en 1892, puis en 1902 : « L’Évangile de
l’espoir ». Elle pratiqua l’ésotérisme et fonda « the White Cross Union » (l’Union de la Croix Blanche) et fut
présidente de l’Alliance gnostique universelle, fondée en 1912 pour propager la
gnose (connaissance) des « Grandes lois
spirituelles qui régissent l'Univers, et ainsi favoriser l'évolution
spirituelle de l'humanité. »
Khwaja KAMAL-UD-DIN |
Khwaja Kamal-ud-Din,
auteur de nombreuses publications à propos de l'Islam, rendit compte de sa
rencontre avec la princesse à Bovigny
début juillet 1913. Il narre avec sérieux que, depuis qu’elle était veuve, elle
était impliquée dans des activités savantes. Elle prétendait recevoir la
révélation divine et sa mission était de divulguer ces secrets qu'elle croyait
être cachés dans les Évangiles, la Torah et la religion égyptienne antique. Il
se réjouissait de la teneur de ses propos proche de l’Islam selon lui.
Le « Corpus Christi Caller and Daily Herald », publié au Texas le
10 novembre 1914 consacre un article à la princesse. Il signale que la
princesse comme président et trésorier honoraire de la société de secours belge
avait transformé le château de Bovigny, situé en plein coeur de la zone de
guerre, en hôpital. En reconnaissance de son travail, le gouverneur de Liège
lui adressa une lettre de gratitude.
La princesse Karadja
mourut à Locarno (Suisse) le 7 septembre 1943, âgée de 75 ans.
Georges
BENOIT
je suis une karadja
RépondreSupprimerBonjour, êtes-vous une descendante de Mary Smith?
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