FIGARO-CI, HISTORIEN-LA
Voilà déjà vingt ans que Georges Benoit exerce le métier de coiffeur dans la Galerie du Vieux marché. Né à Vielsalm il y a 41 ans, il fit, après son école primaire à Rencheux, des études secondaires en coiffure à Liège et suivit durant cinq ans les cours des beaux arts en modelage à l’Académie René Defossez à Spa, n’effectuant pas la sixième parce qu’il n’y apprenait plus rien.
Alors que bien souvent les coiffeurs entretiennent leurs clients des dernières nouvelles du jour, des ragots du village ou racontent les blagues à la mode , Georges a une tout autre conversation : il leur fait part des dernières trouvailles concernant l’ histoire locale qu’il a faites en fouillant les archives, leur détaille la généalogie de sa famille, apparentée semble-t-il à toutes les familles du coin et même d’ailleurs, et celle des Comtes de Salm dont il semble qu’elles se confondent parfois ! Car s’il y a un passionné et un féru d’histoire locale c’est bien notre coiffeur.
Alors qu’il était à l’école de Rencheux, donc, l’instituteur Christian Charlier montra à sa classe un des premiers recueils de cartes postales anciennes de la localité qui venait de paraître. Les petits exercices de généalogie que le maître organisa furent en fait le déclic chez Georges de son intérêt pour l’histoire locale.
La seconde personne qui eut une influence déterminante pour développer cet intérêt fut le député européen-député-bourgmestre Marcel Remacle qui incita Georges à s’investir dans ce domaine. Celui-ci raconte que le bourgmestre, dès 1983, lui permettait, après avoir fait des prouesses physiques pour débrancher l’alarme, d’entrer à la maison communale les jours fériés et les dimanches pour y consulter les archives . Parfois après avoir simplement passé un pardessus sur son pyjama, il conduisait Georges âgé de 15-16 ans un peu partout et notamment aux Archives de l’Etat, lequel de son côté interrogeait inlassablement des vieilles personnes dont sa grand-tante Eugénie de Stavelot.
Enfin, une troisième personne eut une influence prépondérante sur lui : le regretté Philippe Lejeune qui l’initia à la critique historique et qui lui fit comprendre ce qui est le plus sérieux. Philippe venait de plus souvent chez Georges car il excellait déjà – et excelle toujours – dans la lecture des textes en ancien français transcrits d’une manière tout à fait illisible pour les non-initiés. Sa longue pratique de ces textes trouvés dans les archives depuis sa jeunesse lui confère cette facilité.
Depuis, Georges vole de ses propres ailes et fréquente assidûment, régulièrement, inlassablement tous les dépôts d’archives du Royaume – et bien sûr celui de Saint-Hubert où il est photographié avec le conservateur Thierry Scholtes - où il est connu comme le loup blanc. Avec son ordinateur portable qu’il manie de main de maître et avec efficacité, il surfe allègrement sur Internet où, bien introduit et affilié à des forums de généalogie, il fait des découvertes intéressantes qu’il stocke non seulement dans le disque dur de son P.C. mais aussi dans sa prodigieuse mémoire personnelle. Il est bien loin le temps de son modèle Gaston Remacle qui passait des heures à recopier manuellement et textuellement des longs passages d’archives sur des fiches parfois, plus souvent au dos de mortuaires ou même sur des cartons découpés dans des boîtes de sucre de Tirlemont ! Georges peut ainsi approfondir les travaux de celui-ci et explorer des domaines qu’il n’a fait qu’effleurer. Il en est assurément le seul et digne successeur.
Georges a aussi contribué plus d’une fois à faire rentrer dans les dépôts officiels, les sauvant ainsi et les rendant accessibles à tous, des archives publiques détenues par des particuliers, ce qui est interdit par la loi et punissable de lourdes peines. Que ceux qui en détiennent le sachent.
Du résultat de ses recherches il tire des articles pour plusieurs revues d’histoire locale ( Glain et Salm, Haute Ardenne, Segnia, …) et alimente ses sites Internet ( taper sur Google Vielsalm et ses environs, Fondation Morsomme ) et est actuellement, depuis plusieurs mois déjà et sans doute encore pour quelques mois tant sur le métier il remet son ouvrage, occupé à rédiger un ouvrage monumental tant du point de vue du contenu que des illustrations sur La Renaissance en terre de Salm articulé autour de la vie du comte Werner, le comte de Salm le plus important. Pour en avoir aperçu certains extraits, je peux dire qu’il s’agira d’un ouvrage exceptionnel et qui apportera un éclairage nouveau sur cette période de notre histoire. Mais pour en prendre connaissance, encore dormir combien de fois ?
Robert NIZET
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